Lundi 19 mars 2012, David, un médecin parisien, est bouleversé et choqué par l’assassinat des enfants juifs à Toulouse. Ses repères humanistes chancellent. Pourquoi tant de haine ? Il n’imaginait pas qu’il serait suivi de près par la tuerie de l’hyper cacher de Vincennes et au cœur de la rédaction de Charlie Hebdo, celle du musée juif de Bruxelles et du Bataclan…
Pourtant, la France est son pays, sa culture et il fait le pari de l’intégration et de la lutte contre la fatalité de l’histoire. A-t-on le droit d’être heureux quand on est né juif ?
Telle est la question que cet homme de bonne volonté se pose. Que faire pour rétablir le dialogue entre les religions, pour amener les communautés à se connaître et à se respecter ?
Une seule réponse, l’éducation et l’ouverture aux autres. Et, à travers l’apprentissage de l’autre, le devoir d’être heureux, le bonheur à contre vents. Un roman moderne, émouvant, qui fait réfléchir, à travers une batterie de personnages hauts en couleur, forts de principes attachés aux valeurs de la famille et de l’amitié.
L’univers de David Benguigui est à la fois universel par son sujet et vraiment personnel par le regard porté sur une société en mouvement.
Nous avons rencontré Jean Luc Scemama pour une interview exclusive
Entretien
Tribune Juive : Ancien Président du B’nai B’rith France, ancien vice-président de l’Ordre des Experts comptables, Président des Experts et Conseils Amis d’Israël, on vous découvre aujourd’hui écrivain.
Comment est née cette envie d’écrire ?
Jean Luc Scemama : Ecrire, c’est partager, c’est s’exprimer en laissant une trace. J’aime le livre, l’échange et le partage.
Dans ma vie professionnelle et associative, je m’exprime souvent oralement dans des tribunes, à la radio, dans des conférences, colloques, congrès, mais l’écrit nécessite, je crois, une profonde réflexion, car les mots restent. Ils peuvent s’apprécier à leur juste valeur.
J’ai déjà écrit des ouvrages professionnels, mais écrire un essai, c’est nouveau et j’y ai pris du plaisir. D’ailleurs, je suis en train d’écrire le second qui s’appellera « le bonheur habite à ton adresse ». Cela m’a permis de participer à plusieurs salons du livre, à des séances de dédicace.
J’ai adoré les échanges avec d’autres auteurs et avec les lecteurs de mon livre venus en discuter. Des moments de partage et de bonheur.
Tribune Juive : Pourquoi avoir choisi le thème du terrorisme vu par l’œil de David un médecin parisien ?
Jean Luc Scemama : Le terrorisme n’est, malheureusement, pas nouveau, mais ses formes et ses motivations « officielles » le sont. Je suis frappé par la violence croissante des comportements, la haine de l’autre et la diminution de l’intelligence qui permet une telle manipulation des esprits faibles… Nous avons à repenser l’école et redorer le rôle clé des parents et des enseignants dans l’éducation et la connaissance afin de l’adapter aux défis de demain.
Mon personnage central est bien intégré en France et il est marié à une non juive ; il n’est pas le stéréotype du juif qui a fait fortune, qui ne fréquente que des juifs et qui passent toutes ses vacances en Israël ; loin de là justement, et pourtant il vit avec une douleur extrême ce choc abject de l’assassinat à bout portant d’enfants et d’enseignants à l’école Ozar Hatorah de Toulouse.
Trois symboles clés : l’école, des enfants et des Juifs. Soudain, son enfance en Algérie resurgit, 50 ans après, avec la violence de la question de la capacité de vivre ensemble.
Tribune Juive : Le judaïsme est présent tout au long du récit, et vous évoquez le conflit israélo palestinien et cet été 2014 où dans les rues, les slogans « mort aux juifs », ont choqué et traumatisé les juifs de France. C’était important de le rappeler ?
Jean Luc Scemama : Je crois que la perte de la mémoire est la ruine des peuples. Le présent est au croisement du passé et de l’avenir. Scander la haine des Juifs, à Paris, en 2014, comme les barbares nazis et leurs complices collabos l’ont fait, il y a plus de 70 ans, au temps des ténèbres de la Shoah où le génocide a été industrialisé, est une nouvelle tâche sur notre République.
Les Présidents Chirac et Macron l’ont rappelé avec force et dignité lors de commémorations de la rafle du Vel d’Hiv, à Paris.
Certains oublient que, comme vous et moi, personne n’a choisi de vivre à telle époque, dans tel pays, dans telle famille ou dans telle tradition.
Les islamistes radicaux et leurs complices prêcheurs de la haine du Juif qui, quelquefois s’abritent derrière le paravent transparent de l’antisionisme, auraient pu naître juifs, tutsi, en Israël, à Calcutta ou à Buenos Aires, il y a un siècle ou plus tard.
Leur haine dépasse maintenant le Juif puisqu’ils semblent considérer que ceux qui ne leur ressemblent pas sont des mécréants à faire disparaître pour que leur monde règne. Leur monde n’est pas le nôtre ; la régression sociale et le culte de la mort n’est pas, heureusement, notre modèle.
Nous devons nous protéger par une législation mondiale, et européenne au moins, sur l’utilisation des réseaux sociaux et poursuivre sans relâche les extrémistes haineux, de préférence avant qu’ils ne passent à l’acte.
Tribune Juive : Le sujet est multiple, magistralement traité, vous parlez d’ouverture et de tolérance, de nos valeurs laïques qui sont utilisées contre nos lois républicaines… ?
Jean Luc Scemama : Bien entendu, tous les sujets sérieux sont complexes. Nous avons la chance de vivre en France, un pays laïc, développé aux plans de la culture, de l’intelligence, des sciences, de l’économie et de la gouvernance démocratique.
Nous sommes un Etat de droit et les différents pouvoirs sont encadrés par notre législation, à la différence de certains pays où la laïcité n’est pas la règle et le pouvoir centralisateur fort (cf. les Présidents Mugabé du Zimbabwe et El-Assad de Syrie, par exemple).
Les ennemis de notre culture et de notre liberté, utilisent contre nous notre liberté d’expression qui permet à des Dieudonné, Soral, Filoche et Le Pen, par exemple, de l’utiliser avec cette puanteur nauséabonde de la haine.
Tout comme ceux qui se cachent derrière leurs smartphones ou leurs ordinateurs sur les réseaux sociaux en jetant leur haine, leurs excès, leur mal-être sur la toile.
Antoine de Saint-Exupéry écrivait « si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis ».
Tribune Juive : Vous abordez un thème récurrent celui de l’amour entre un juif et une musulmane. Pensez- vous que c’est l’une des solutions pour aborder le vivre ensemble ?
Jean Luc Scemama : Le vivre ensemble est un sujet sérieux ; l’amour aussi. Nous avons une vie : quel sens lui donnons-nous ? quand on a le bonheur de pouvoir construire une famille, l’avenir nous concerne et nous devons contribuer à sa construction pour les générations suivantes.
L’amour est-il rationnel ?
Toutes les minorités cherchent à se protéger, c’est normal. Et la vie entre homme et femme d’une même culture peut diminuer les aléas de la vie à deux, c’est une évidence.
Ceci étant, dans la vraie vie, il peut y avoir des mariages parfaits sur le papier qui dégénèrent en conflits terribles, bouleversant durablement adultes et enfants.
J’observe la réalité et, effectivement, cette rencontre entre ces deux jeunes, lui Juif et elle, musulmane, paraît « hors norme »; pourtant, l’amour qu’ils se portent est si fort qu’il pourrait contredire certains a priori.
Mon livre transcende la vie, l’amour de la vie et ce n’est pas un hasard si sa couverture est illustrée par l’Arbre de Vie, dessiné par Sacha, 11 ans, l’aîné de mes petits-fils.
Bio Express : Homme de convictions, chroniqueur sur BFM, Jean-Luc Scemama est un expert-comptable engagé pour le développement des entreprises en privilégiant le dialogue social et la place de l’humain au service de projets. Convaincu que le chemin de la construction d’un monde plus fraternel est une noble tâche qu’il faut inlassablement poursuivre, il est impliqué aux côtés d’associations caritatives et philosophiques. Il aime la vie, il lui donne du sens et de l’ambition. Passionné de lecture et d’écriture, il nous livre son premier roman
Un très joli moment de lecture, une plume légère et efficace
A lire et partager
Chez Vérone éditions
20 euros
Propos recueillis par Sylvie Bensaid
Joli moment de lecture une écriture vive un roman qui traite des problèmes sociétaux de notre temps
Joli moment d elle tire, une écriture vive, un roman en phase avec l’actualité, qui traitre des problèmes societaux de notre temps
Un livre à lire absolument
Pour un coup d’essai, un coup de maître