« Certains affirment qu’on ne peut pas avoir un processus de paix sans Gaza, et vous ne pouvez pas avoir Gaza sans le Hamas, ce qui signifie qu’il n’y aura pas de processus de paix », selon un ancien conseiller de Netanyahu.
Rétablir une perspective de paix constitue l’un des enjeux de la passation de pouvoirs prévue à Gaza d’ici à vendredi, et la réconciliation palestinienne est observée minutieusement par Israël et la communauté internationale.
Le gouvernement israélien a déjà exprimé son hostilité vis-à-vis d’un processus qui associerait son ennemi le Hamas. Ce principal mouvement islamiste palestinien dirige la bande de Gaza depuis une décennie et ne reconnaît pas Israël, auquel l’ont opposé trois guerres depuis 2008. Le Hamas, considéré comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne et infréquentable par différents pays, doit rétrocéder d’ici au 1er décembre le pouvoir à Gaza à l’Autorité palestinienne internationalement reconnue.
Alors que l’ONU voit dans la réconciliation palestinienne l’espoir de recréer un horizon pour régler le vieux conflit avec Israël, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a estimé qu’elle ne faisait « que compliquer encore davantage la recherche de la paix ». « Se réconcilier avec des meurtriers en série fait partie du problème, pas de la solution », a-t-il dit. Il a prévenu qu’il refuserait tout contact avec un gouvernement d’union palestinien qui inclurait le Hamas, à moins que ce mouvement reconnaisse l’Etat d’Israël, renonce à la violence et restitue les dépouilles de deux soldats israéliens tués dans la bande de Gaza.
« Certains affirment qu’on ne peut pas avoir un processus de paix sans Gaza, et vous ne pouvez pas avoir Gaza sans le Hamas, ce qui signifie qu’il n’y aura pas de processus de paix », a affirmé Yaakov Nagel, ancien conseiller à la sécurité nationale de M. Netanyahu. « Personne n’aura de processus de paix avec le Hamas », a-t-il dit.
Les Etats-Unis, allié d’Israël et acteur historique du conflit, ont réaffirmé les principes du Quartette pour le Proche-Orient, qui les associe à l’ONU, l’Union Européenne et la Russie. « Tout gouvernement palestinien doit sans ambiguïté et de manière explicite prendre l’engagement de la non-violence, reconnaître l’Etat d’Israël, accepter les accords et les obligations passés entre les partis – y compris de désarmer les terroristes – et s’engager à des négociations pacifiques », a déclaré récemment Jason Greenblatt, l’émissaire pour le Proche-Orient du président américain Donald Trump.
Les leçons de 2006
Il existe toutefois des voies possibles pour contourner l’écueil. L’une d’elles consisterait à former un gouvernement palestinien d’union incluant des ministres non-membres du Hamas, mais qui obtiendraient son aval.
Après la victoire choc du Hamas aux législatives de 2006, une grande partie de la communauté internationale avait affirmé qu’elle ne pourrait pas traiter avec le Hamas s’il n’adoptait pas les principes du Quartette. L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, qui a été ensuite représentant du Quartette, a admis depuis qu’écarter le Hamas avait été une erreur.
Hugh Lovatt, un analyste auprès du Conseil européen des relations internationales, estime que ce constat a eu un impact, « au moins dans certaines capitales européennes et au niveau européen ». « Il y a un sentiment que l’Union Européenne ne doit pas répéter l’erreur de 2006, boycotter et sanctionner un gouvernement du Hamas », déclare-il à l’AFP. « L’Union Européenne pourrait accepter un gouvernement de consensus national acceptant les conditions du Quartette même si le Hamas en tant que mouvement ne le fait pas », estime-t-il.
« On n’a pas le droit de laisser ce processus échouer. Si tel est le cas, cela aura très probablement pour résultat un autre conflit dévastateur », a prévenu l’envoyé spécial de l’ONU Nickolay Mladenov devant le Conseil de sécurité.
Mais Yaakov Nagel ne croit pas en des changements de fond à Gaza. « Aucune des véritables questions n’a été mise sur la table de négociation entre le Hamas et l’Autorité palestinienne. Il n’a été question que de problèmes logistiques insignifiants, simplement parce que le Hamas comprend qu’il doit faire quelque chose », a-t-il déclaré.
Je fais miens les propos de Yaacov Nagel, ancien conseiller à la sécurité de M. Netanyahou, affirmant qu’on ne peut pas avoir un processus de paix sans Gaza, et qu’on ne peut pas avoir Gaza sans le Hamas. Et Netanyahou de préciser : on ne peut pas négocier avec l’Autorité Palestinienne tant que le Hamas n’aura pas désarmé ses troupes militaires.