Lettre ouverte d’Evelyne Gougenheim

Comme chaque Chabbat, dans de nombreuses synagogues, est lue la Prière pour la République Française, pour que règne « l’ordre, la paix et la justice ». Certains rajoutent la sécurité.

Pierre angulaire de la relation de confiance entre les juifs et la France, malgré les années noires, malgré les képis venus chercher les familles à l’aube du 16 juillet avec zèle et empressement, le goût de la douce France et la reconnaissance éternelle à la République qui a conféré les Droits de l’homme et du Citoyen aux Juifs. Même avec deux ans de retard, en 1791, voilà quelque chose qui ne s’oublie pas. D’où cette éternelle reconnaissance ainsi que celle inscrite dans nos Textes à l’égard de tout Roi et Royaume où nous séjournerions.

Le craquèlement

Pourtant depuis, plusieurs semaines un doute s’installe et grignote les esprits. Sommes-nous encore la prunelle des yeux de la France ou sommes-nous déjà des citoyens de seconde zone, encore supportés mais déjà en désamour ?
D’où vient ce doute, ce craquèlement de l’adhésion totale à la francitude ? Sans vouloir faire un recensement exhaustif, il y a eu quelques faits qui ont dérangé, qui ont égratigné la couche de vernis épais, durable de l’habit juif et français ;
De la difficulté et du temps mis à considérer le meurtre d’Ilan Halimi (Z’l) comme un possible crime antisémite.  La solitude de la Communauté après Toulouse et l’assassinat d’enfants juifs, parce que juifs, la tétine dans la bouche. Le déni trop longtemps entretenu, de la haine juive dans une grande partie de la population musulmane, dont le procès Bensoussan le 25 janvier 2017 avec l’appel en cours du Parquet sur le non-lieu prononcé en est le paroxysme. Comme une sorte de première autorisation officielle à considérer « l’islamophobie » comme bien plus grave et menaçant que l’antisémitisme.  Il y eut aussi les plaques commémoratives des tueries du Bataclan ou de l’Hyper Cacher, qui ne mentionnent même pas le mot « terrorisme islamiste ». Tués par un tsunami ?

Enfin, il y a le meurtre sauvage de Sarah Halimi (Z’l) en présence de vingt-six hommes équipés et armés restés au milieu des hurlements de souffrance et de terreur, les témoins passifs de la mise à mort et de la défenestration. Comment expliquer une telle inaction ? Comment accepter la version officielle du « ils se sont trompés d’immeuble » durant 30 minutes, 50 minutes ? Inacceptable, insupportable. Et nouvel accès de fièvre, il y a quelques jours, la tribune médiatique offerte à la mère du tueur de Toulouse a fait résonner la haine anti juive depuis la salle de le Cour d’Assises spéciale jusque dans tous les médias de l’hexagone.

Sans parler des cris de haine d’Israël par les boycotteurs qui hurlent toutes leurs ignominies sur les belles places parisiennes et toujours avec autorisation préfectorale et protection policière.  L’annonce de deux nouvelles manifestations dont l’une contre la venue de Benjamin Netanyahou, Premier Ministre de l’Etat Juif, le seul Etat juif au monde, annonce une recrudescence de poussées de haine. Le gouvernement si prompt à désigner les « déséquilibrés » ne devrait-il pas prendre plus de mesures pour protéger des esprits faibles de ces appels à la haine?

Fâcheuse décision

Enfin, comme une catastrophe annoncée, le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction, considère dans sa décision concernant le spectacle à Marseille qui finalement a réuni 8000 personnes, le Conseil d’Etat
« …relève qu’il ne résulte ni des pièces du dossier ni des échanges tenus au cours de l’audience publique que le spectacle « Dieudonné dans la guerre », qui a déjà été donné dans plusieurs villes en France, y aurait suscité des troubles à l’ordre public, ni qu’il ait donné lieu à des plaintes ou des condamnations pénales. Sans même se prononcer sur leur bien fondé, il souligne que les critiques formulées par la commune qui fait valoir que l’affiche du spectacle revêt un caractère antisémite ne sont pas de nature à justifier à elles seules une mesure d’interdiction de celui-ci. Le Conseil d’État estime qu’aucun des autres éléments avancés par la ville n’est de nature à établir le risque de troubles à l’ordre public. »
Ainsi le « caractère antisémite » n’est-il plus de nature à justifier une interdiction, il est donc « autorisé » par la plus haute instance judiciaire du pays. Nous en sommes là dans le silence consternant de nos institutions juives serviles et muettes.
Antisémitisme autorisé, antisionisme, n’en parlons pas : chers coreligionnaires, les temps changent, les temps ont changé, à chacun d’en tirer les conséquences. Il n’est simplement pas possible d’ignorer des faits qui s’accumulent: vigilance et plus.

Je me joins à toutes les associations qui appellent à manifester le 9 décembre à 14h place de la République. C’est chabbat ? Oui. Mais nous pouvons marcher et chanter ! Et je vous invite à relayer l’information dans vos synagogues et autour de vous, le plus largement possible. Am Israël ‘Hay

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3 Comments

  1.  » Sans même se prononcer sur leur bien fondé, il [le Conseil d’État] souligne que les critiques formulées par la commune qui fait valoir que l’affiche du spectacle revêt un caractère antisémite ne sont pas de nature à justifier à elles seules une mesure d’interdiction de celui-ci.  »

    Il faudrait lire directement le rendu du Conseil d’État car ce qui est rapporté ci-dessus est surprenant. A moins que le Conseil d’État estime que cela doit passer par une plainte et un jugement de tribunal et qu’il ne peut interdire lui-même un spectacle simplement parce que quelqu’un trouve une affiche antisémite.

    Bref ce n’est pas clair et je ne suis pas pour s’emballer aussi vite. D’autant que j’ai vu cette affiche et j’avoue ne pas avoir remarqué son « caractère antisémite »…

    Ceci dit j’ai vu l’affiche et j’avoue avoir du mal à y trouver un « caractère antisémite ».

  2. J’ai étudié scrupuleusement l’affiche pour Marseille, à part le jaune du sac de voyage, rien de probant en sachant que pour chaque ville, il y a une affiche différente…par contre, il y a une totale démission de l’état par rapport à la haine, le négationnisme, l’antisémitisme, les contrefaçons historiques que véhicule ce fou furieux…la loi n’est pas respectée, l’éducation civique dispensée dans l’éducation nationale est bafouée, l’Histoire est foulée aux pieds…1938 , 1938, 1938 et encore…

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