Les Pays-Bas devraient arrêter de taper sur Israël et se confronter à leurs propres problèmes passés et futurs[1]
Un rapport qui vient juste d’être publié met en lumière les menaces qui planent contre l’Europe et le monde, avec le retour des djihadistes étrangers vers leurs pays d’origine, à la suite de la chute du soit-disant Califat en Irak et en Syrie[2]. Les communautés juives d’Europe et leurs institutions, encore chancelantes depuis d’autres attentats terroristes précédents, – certains d’entre eux impliquant des djihadistes de retour ou se faisant passer pour des migrants- se retrouvent à présent devant une nouvelle source de violence potentielle dont elles doivent s’inquiéter.
On pouvait croire que les pays d’Europe Occidentale auraient focalisé toute leur attention contre les menaces des musulmans terroristes, ainsi que sur l’objectif illusoire d’inculquer aux vastes nombres de migrants et de réfugiés venus d’Afrique et du Moyen-Orient – dont une part importante sont des antisémites extrémistes – les valeurs de démocratie et de tolérance.
Réfléchissez-y à deux fois. Comme beaucoup d’autres pays d’Europe occidentale, les Hollandais sont scotchés sur le conflit palestino-israélien. Cette obsession revient encore sur le devant de la scène, avec son nouveau gouvernement, qui a pris plus de 200 jours pour se former après les élections parlementaires de 2017.
Le nouveau gouvernement sera constitué de quatre partis : le parti le plus important du pays, le VVD (Libéral) conduit par le Premier Ministre Mark Rutte, qui dirigera le Gouvernement pour la troisième fois. Les partenaires de la coalition sont le CDA (Démocrates Chrétiens), le D66 (Libéraux de gauche) et le parti bien plus petit de l’Union Chrétienne Protestante. Ce nouveau gouvernement n’obtient le soutien que de seulement 76 Députés sur 150.
Alors que l’accord de gouvernement contient 70 pages[3], les affaires étrangères tiennent en une page[4]. Les questions cruciales pour l’Union Européenne, comme le Brexit et l’Indépendance hypothétique de la Catalogne, sources de conflits internes, sont complètement absentes. Aucune mention non plus de la nucléarisation menaçante de la Corée du Nord, ni rien sur les problèmes suscités par l’accord nucléaire avec l’Iran. En effet, une délégation parlementaire s’est déjà rendue à Téhéran pour légitimer la dictature extrémiste islamiste qui cherche ouvertement la destruction d’Israël[5].
Rien non plus sur l’implication militaire hollandaise en Afghanistan ni sa présence au Mali[6]. Dans cette contrée, les pertes humaines de l’armée néerlandaise, provoquée par négligence a récemment débouché sur la démission du Ministère hollandais de la Défense[7].
L’unique question qui vaille hors de l’Europe, pour le nouveau gouvernement néerlandais et qui fasse de l’ombre à toutes les autres? Le conflit palestino-israélien, Pardi!, mérite plus de 60 mots dans le nouvel accord de gouvernement. Il y est déclaré : « Au Moyen-Orient, les Pays-Bas contribuent à la paix et à la sécurité. Les Pays-Bas emploient leurs bonnes relations avec Israël et l’Autorité Palestinienne pour maintenir et réaliser la solution à deux Etats : un Etat Palestinien viable, indépendant et démocratique, aux côtés d’un Etat d’Israël reconnu internationalement et en sécurité. Les Pays-Bas travaillent aussi à l’amélioration des relations entre Israéliens et Palestiniens ».
En réalité, les Pays-Bas sont un pays d’un intérêt minuscule pour la totalité du Moyen-Orient. Cette allégation selon laquelle, ils joueraient un rôle aussi important qu’équilibré dans la résolution du conflit palestino-israélien reflète autant l’absurdité de cette proposition que son arrogance. La Hollande a agi, sur bien des questions, à l’encontre même des intérêts israéliens. Elle offre des versements à l’Autorité Palestinienne sachant pertinemment que celle-ci encourage et soutient matériellement les terroristes et leurs familles[8]. Le gouvernement néerlandais subventionne également des partisans d’institutions qui soutiennent la campagne antisémite BDS[9].
Le Ministre des Affaires étrangères sortant, Bert Koenders, appartient au Parti Travailliste, qui fait de l’incitation contre Israël[10]. Il a fermement appuyé la stigmatisation, par l’Union Européenne, des produits venant des territoires disputés de l’Ouest du Jourdain (Judée-Samarie) et du Golan « occupé » [théâtre d’affrontements constants]. Pourtant, Koenders n’a jamais exigé de telles mesures contre d’autres pays, où la situation juridique est bien plus claire. Par exemple, le Nord de Chypre occupé par la Turquie[11]. C’est une mutation typiquement anti-israélienne de l’antisémitisme classique, employant des normes à deux vitesses[12].
En 2013, l’Organisme de Conseil du Gouvernement hollandais( AIV), a publié un avis consultant de 47 pages à propos du processus de paix au Moyen-Orient[13]. L’ancien député du Parti de la Liberté [de Wilders] l’a qualifié de : « Rien d’autre qu’une inculpation vicieuse de l’Etat Juif, ignorant les racines islamiques du conflit, omettant des données historiques cruciales, déniant ou omettant les droits juridiques fondamentaux du peuple juif en Palestine (mandataire) ; manipulant les faits, les personnalités et les résolutions de l’ONU ».
« Il est totalement silencieux sur les terribles dilemmes, contraintes territoriales et difficultés posés à Israël, et il ignore même des facteurs essentiels comme la menace islamiste et l’incitation palestinienne contre Israël et la paix dans la région. Dans sa conclusion, l’AIV appelle à l’imposition de sanctions contre Israël et à l’instauration de relations (de la Hollande et de l’Union Européenne) avec le Hamas, une organisation terroriste qui prône le génocide de tous les Juifs[14]« . Des protestations du Centre Simon Wiesenthal, appelant à la dissolution de ces conseillers en incitation antisioniste, sont tombées dans l’oreille d’un sourd[15].
Les 4 partis formant le gouvernement hollandais auraient dû inscrire dans leur accord un engagement à enquêter sur la raison pour laquelle un sondage d’opinion de 2011 montrait que 38% de la population néerlandaise s’accordent sur la fausse allégation à caractère antisémite extrême, supputant qu’Israël mènerait une « guerre d’extermination » contre les Palestiniens[16]. Alors que très peu de gens font la promotion de tels boniments, ils contribuent grandement à l’atmosphère générale envahissante, aux Pays-Bas, et alimentée par des partis anti-israéliens cherchant à fomenter des troubles. L’un d’entre eux est le parti de coalition D66[17]. La haine contre Israël se propage également, à partir des médias, sur les réseaux sociaux et parmi les pseudo-organisations de défense des droits de l’homme, exclusivement axées contre Israël, et subventionnées par le gouvernement.
Il est grand temps d’arrêter de taper seulement sur Israël. Les autorités néerlandaises ont déjà accumulé bien du retard pour commencer à mener certaines recherches introspectives sérieuses sur les questions contemporaines signalées ci-dessus et autres controverses historiques restées sans réponses. Les Pays-Bas sont le seul pays d’Europe occidentale qui n’a jamais reconnu la mauvaise conduite scandaleuse de son gouvernement du temps de guerre – en exil à Londres – envers sa population juive[18]. Au lieu de s’acharner de manière obsessionnelle sur les prétendus « méfaits » de l’Etat Juif, le gouvernement hollandais servirait bien mieux son peuple, en acceptant finalement d’examiner les accusations de crimes de guerre massifs commis par les Néerlandais, en Indonésie, entre 1948 et 1949[19].
Le Rabbin Abraham Cooper est doyen associé du Centre Simon Wiesenthal, comportant plus de 400.000 membres et Directeur de l’Action Sociale mondiale du Centre.
Le Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.
Adaptation : Marc Brzustowski.
[1] Published in Huffington Post 24 October 2017
[2] http://thesoufancenter.org/wp-content/uploads/2017/10/Beyond-the-Caliphate-Foreign-Fighters-and-the-Threat-of-Returnees-TSC-Report-October-2017.pdf;
www.janes.com/images/assets/032/69032/Islamic_State_returnees_pose_threat_to_Europe.pdf
[3] www.kabinetsformatie2017.nl/documenten/publicaties/2017/10/10/regeerakkoord-vertrouwen-in-de-toekomst
[4] Ibid, 47.
[5] www.dagelijksestandaard.nl/2017/10/terwijl-kamerleden-door-iran-reizen-belooft-teheran-krachtiger-dan-ooit-oorlog-tegen-israel-te-voeren/
[6] www.defensie.nl/actueel/nieuws/2017/09/11/missies-in-mali-irak-en-afghanistan-verlengd
[7] www.reuters.com/article/us-netherlands-mali/dutch-defense-minister-resigns-over-peacekeepers-deaths-in-mali-idUSKCN1C82GW
[8] www.cidi.nl/kabinet-is-in-principe-niet-tegen-betalingen-aan-palestijnse-gevangenen/
[9] www.israelnationalnews.com/Articles/Article.aspx/19105
[10] www.pvda.nl/wp-content/uploads/bestanden/6591-afsluitende-speech-diederik-samsom-v28feb.pdf
[11] www.rijksoverheid.nl/documenten/kamerstukken/2016/06/20/beantwoording-kamervragen-over-de-etikettering-van-israelische-producten
[12] See IHRA definition of antisemitism.
[13] http://aiv-advies.nl/692/publicaties/adviezen/tussen-woord-en-daad-perspectieven-op-duurzame-vrede-in-het-midden-oosten
[14] http://blogs.timesofisrael.com/in-the-breach-dutch-foreign-policy-on-israel/
[15] www.israelnationalnews.com/News/News.aspx/173502
[16] library.fes.de/pdf-files/do/07908-20110311.pdf.
[17] http://politiek.tpo.nl/2016/04/18/d66-motie-israel/
[18] www.wsj.com/articles/its-time-for-the-netherlands-to-apologize-1438196083
[19] Rémy Limpach, De brandende kampongs van Generaal Spoor, (Amsterdam: Boom, 2016).
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