Le procès de cinq jeunes hommes, accusés d’avoir profané le cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin) en février 2015, s’est ouvert jeudi à huis clos.
La gravité des faits et l’ampleur des ravages avaient indigné la France. Au premier jour du procès, tous, à l’exception de l’un d’entre eux, ont nié avoir agi par antisémitisme.
Ce jeudi, cinq jeunes hommes, mineurs au moment des faits, comparaissent pendant deux jours devant le tribunal pour enfants de Saverne. Ils sont poursuivis pour « profanation de sépulture en raison de l’appartenance des défunts à une religion » et pour « dégradation de bien affecté à l’utilité publique », en réunion.
Aujourd’hui majeurs, ils étaient âgés de 15 à 17 ans le 12 février 2015, lorsqu’ils ont vandalisé et brisé 250 tombes ainsi que le monument aux victimes de la déportation. Les cinq auteurs ont, à l’exception de l’un d’entre eux, nié avoir agi par antisémitisme.
« C’était de l’humour »
« Ils reconnaissent que ce qu’ils ont fait n’était pas bien mais qu’à l’époque, c’était de l’humour. Ils disent réaliser aujourd’hui que ça pouvait blesser certaines personnes », a déclaré Samuel Thomas, vice-président de Maison des potes, une association antiraciste qui s’est portée partie civile.
Des références à Hitler et au nazisme ainsi que des propos et des blagues racistes ont néanmoins été retrouvés sur les ordinateurs de deux des protagonistes.
Un seul, le plus âgé, également considéré comme le « meneur » dans un saccage qui les a conduits par trois fois en un seul après-midi dans le cimetière, reconnaît son inclinaison de l’époque pour la mouvance skinhead. « Il dit qu’il était vraiment de cette idéologie mais qu’il ne l’est plus », a indiqué Samuel Thomas, qui demandera au tribunal un supplément d’information pour éclaircir le rôle joué par un sixième jeune, amis de certains prévenus avec lesquels il échangeait des propos négationnistes.
Un choc national
La profanation avait provoqué un choc national, un mois après les attentats contre Charlie Hebdo et contre une supérette casher à Paris. François Hollande, s’était rendu sur place pour exprimer sa solidarité avec la communauté juive.
Effrayé par l’ampleur que prenait l’affaire et incité par ses proches, l’un des jeunes s’était dénoncé à la gendarmerie au lendemain de la découverte du saccage. « C’était une sorte de jeu de rôle où certains jouaient les méchants. Il y a eu une forme d’incitation mutuelle », a dit son avocat, Me Olivier Charles.
Pour la mère du présumé « meneur », le procès est nécessaire pour que son fils, qui « assume », puisse s’exprimer devant les parties civiles et tourner la page.
Me Raphaël Nisand, avocat du consistoire israélite du Bas-Rhin, qui n’a pas pu être présent à l’audience, refuse toute relativisation de la gravité des faits. « Si vous faites un jeu de rôle, vous pouvez vandaliser une ou deux tombes mais vous ne saccagez pas tout un cimetière. C’est un travail de sape de la société française. C’est le vivre ensemble qui est attaqué », a-t-il déclaré.
Les cinq jeunes majeurs encourent trois ans et demi de prison si l’excuse de minorité est retenue, le double si elle est écartée. Le consistoire demande 860 000 € pour les travaux de remise en état du cimetière dont une vingtaine de tombes seulement, les plus récentes, ont été restaurées. La réparation des dommages devrait incomber aux assurances des familles.
Quand la haine le dispute à la bêtise, elle perdent leur nom, deviennent du jeu, de l’humour, du spectacle. Du Dieudonnisme, voilà la mission de ce « prophète ».