Dopée par une croissance des investissements et des créations de start-up, Israël a engrangé des succès retentissants comme l’exit de Mobileye pour 15,3 milliards de dollars. Revers de la médaille, la Start-up Nation a un point faible : elle manque de main-d’oeuvre qualifiée. Une carence qui inquiète les autorités et les acteurs du secteur.
Courant 2016, un rapport du ministère israélien de l’Economie avertissait qu’Israël ne pourrait faire face à la demande d’ingénieurs d’ici 10 ans puisque selon son estimation, 10 000 postes, faute de personnel qualifié, devraient être non pourvues par des Israéliens. Afin d’éviter le recrutement de travailleurs étrangers, l’Etat a adopté, pour plus de 220 millions de dollars, un « plan national d’augmentation de la main d’œuvre qualifiée dans l’industrie high tech ». L’objectif général est de susciter les vocations en enseignant davantage les mathématiques et l’ingénierie aux adolescents. Un plan qui va dans le bon sens mais insuffisant pour Nir Zohar, le président de Wix, pour qui « les logiciels doivent être enseignés dès le jardin d’enfant et l’école primaire ». Nous devons faire de la « Start-up Nation », la ‘high-tech Nation’« , préconise-t-il.
Israël en manque de 5000 ingénieurs
Si l’Etat fait des projections, les acteurs de la high-tech israélienne tirent déjà la sonnette d’alarme. Pour Yehuda Zisapel, président de l’Association de la high-tech et de l’électronique en Israël, les carences sont déjà là : « 5000 postes d’ingénieurs sont vacants. Les sociétés de high-tech ne parviennent pas à couvrir leur besoins et sont prêtes à recruter à l’étranger« . Il existe une tension de plus en plus grande sur le marché du travail israélien où « la concurrence est de plus en plus agressive et les salaires augmentent très vite« , déplore Nir Zohar. « Les grandes compagnies comme Google ou Facebook développent leurs centres RandD avec des budgets illimités”.
Une critique qui revient souvent dans l’écosystème israélien. Si les géants américains ont un rôle majeur dans le développement de la high-tech israélienne, ils sont accusés de piller les meilleures ressources humaines. A contrario, des anciens d’Intel ou de Google créent de nombreuses start-up très en pointe sur les nouvelles technologies. Un bénéfice pour tout l’écosystème.
Une demande trop forte
Il devient très difficile d’embaucher massivement en Israël. Une difficulté rencontrée par Roundforest, une start-up qui facilite les achats des consommateurs en ligne. Créée en 2014, l’entreprise compte 100 employés fin 2016 et souhaite embaucher le double cette année. Problème, trouver un développeur en Israël met entre quatre et cinq mois. « Si nous attendons aussi longtemps pour chaque développeur, nous n’irons nulle part« , regrette Alon Gamzu, PDG de la start-up basée à Jérusalem.
Alors, comme beaucoup d’entreprises high-tech israéliennes, Roundforest se tourne vers l’étranger et en particulier l’Ukraine et l’Inde pour sous-traiter ses activités. Les salaires sont respectivement de 40 à 60% moins élevés qu’en Israël. Un autre réservoir est situé juste à côté de l’Etat hébreu. Si toute collaboration reste très difficile, de plus en plus d’ingénieurs palestiniens sont employés par des firmes israéliennes. C’est le cas de Mellanox, une entreprise qui développe la rapidité des serveurs Internet et qui emploie déjà 100 ingénieurs en Cisjordanie et 10 à Gaza. 3000 ingénieurs palestiniens sortent chaque année du cursus universitaire et 30% seulement trouvent un travail.
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