Il l’a tuée parce que juive mais le mobile antisémite n’est pas retenu

Kolibi Traoré a finalement été mis en examen le 10 juillet pour homicide volontaire et séquestration sans libération avant le 7e jour. C’est tout ? Oui, c’est tout.

Comme il va étrangement, le monde 2017. Alors que sur les réseaux sociaux dès 17 heures ce jour on commence à lire des bribes de news – sans source aucune – comme quoi dans l’affaire Sarah Halimi, la circonstance aggravante d’antisémitisme n’aurait pas été retenue, vous faites quoi, vous, si vous suivez l’affaire ? Vous vous adressez au bon Dieu. Pardon, à l’avocat. Et l’avocat, il est top. Top en ce sens qu’il est d’une sincérité confondante. Qu’il vous la joue franco. Qu’il n’essaie pas de vous dire bah oui je savais.

Non, l’avocat, il vous dit lui aussi : comme il va étrangement le monde 2017. Et il vous raconte. Il vous raconte d’abord que Joël Mergui, vendredi 5, lui avait bien répété : ma communauté me presse, moi-même je n’en peux plus, je retourne voir le Procureur. Joël Mergui, il fait en somme ce que le 22 mai, le jour de la Conférence, il avait dit qu’il ferait : l’affaire, il l’a pas lâchée, le siège du Procureur, il l’a fait au quotidien. Et vendredi donc, il y va et ressort de ce bureau avec la promesse-annonce que Traoré serait entendu de façon imminente.

Même que L’avocat, en l’écoutant, il doute un peu. Puisque l’autre, entendez l’assassin, s’il a changé de lieu, il est toujours hospitalisé en psychiatrie, puisque que Zaguri, l’expert psychiatre, il l’a toujours pas rendu, son rapport, donc l’avocat, il est lui aussi dans l’expectative, tous d’accord qu’ils sont pour ne pas la trouver empressée, la juge d’instruction, à en finir avec tout ça.

Alors quoi ? Le bruit que nous n’avons cessé de faire, les uns et les autres, a-t-il fini par porter ses fruits ? S’est-elle dit, la Juge, qu’il fallait y aller ?

Comme il va le monde en 2017 puisque aujourd’hui, à 17h 40, c’est d’abord I24News qui appelle l’avocat, suivie de peu par Bernard Abouaf de Radio Shalom: les deux veulent l’entendre, l’un à 18h, l’autre à 19h.

Il fait quoi, là, un avocat qui n’est même pas étonné de ne pas avoir reçu de fax mais qui prête l’oreille à la rumeur ? Il va voir au Tribunal si par hasard une pièce n’aurait pas été ajoutée au dossier Sarah Halimi : il est 17h40. Elle y est, la pièce. Non, la Juge d’instruction elle n’a pas faxé, comme il se fait, l’info aux principaux intéressés. Elle a fait le job : elle est bien allée l’entendre, Bébé, sur son nouveau lieu d’hospitalisation, mue sans doute par les premières conclusions de Zaguri qu’elle connaît de près. Et celui-là, s’il serait, lui, sur le point de conclure à la responsabilité pénale atténuée de l’assassin, il semblerait qu’il conclura que le barbare n’était pas dément au moment des faits. Pas fou du tout : rappelez vous : je vous avais expliqué ce que les psychiatres appellent la sur simulation. Validée chez lui lorsqu’il tenta de faire passer son homicide pour un suicide de Sarah Halimi. Il dit bien avoir fumé 15 joints, lesquels auraient atténué son discernement ? Il n’a pas de chance, Traoré : les analyses n’en ont pas retrouvé trace. Un joint may be.

7 pages manuscrites résument l’audition. Traoré, il va jusqu’à dire que Sarah Halimi aurait elle-même appelé la police. Ben oui. Entre deux salves de coups. Et pourquoi pas sur les conseils de celui qui la lynchait en même temps. Mais ça, ça sera facile à valider : l’enquête dira ce qu’il en est de ce que Traoré ne manquera pas de sortir de son chapeau.

La Juge, celle qui reste maître du dossier, sans doute dès demain elle présentera Traoré à un Juge des Libertés et de la Détention, un JLD quoi. Lequel sans doute incarcèrera le barbare à Fleury.

Alors ? La circonstance aggravante d’antisémitisme me dites-vous ? Ben non, on n’en parle pas. Pas encore. Pas ce soir. Ce soir, actons seulement, dès avant l’entrée en scène de Francis Szpiner, que Traoré a enfin été entendu.

Actons encore la colère grandissante de la communauté juive, des représentants du CRIF et du Consistoire, et de tous ceux que cet assassinat antisémite perpétré par un islamiste et étouffé par la France avait écoeurés. Stupéfaction, incompréhension, colère, sont les mots qui reviennent en apprenant que ce mobile n’a pas été retenu. Pas encore, disent la cartésienne et l’optimiste en moi. Parce que je m’en balance, Joann Sfar, qu’on me dise demain que les Juifs décidément ça pleurniche. Parce que, comme toi, je commence à me demander ce que ça serait, un crime antisémite. Parce que, comme toi, j’ai honte que ça soit toujours des juifs qui s’y collent, aux affaires de ce type : Yvan Attal, Boujenah, Toi, moi, lui, elle. Non Joann, creusons-nous encore la tête à nous demander ce que l’assassin aurait pu faire de plus pour que le tribunal décèle dans son geste un soupçon de haine contre les juifs. Tu sais pourquoi ? Parce qu’on n’a pas le choix. Parce que une fois encore, t’es Juif, ben tu vois on vient te le rappeler.

Ne désespérons pas : dès demain, les avocats présenteront au Procureur de la République un réquisitoire supplétif pour l’exiger, cette circonstance aggravante qui ne fait aucun doute et qui sera forcément reconnue. Je ne peux pas douter que cette qualification aggravante soit actée. Dans l’assassinat de Sarah Halimi, tuée par un terroriste musulman, parce qu’elle était juive.

Sarah Cattan

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4 Comments

  1. N’ayant qu’un bac+8 et quelques formations complémentaires, je n’ai rien compris à l’inculpation.Ou on fait du droit, ou de la chronique journalistique ou de l’humour mais là c’est trop sérieux pour écrire ce fatras.

  2. Tes cris résonnent encore et nous nous sommes tus….

    Dans le matin blafard, un corps est étendu,
    Gisant là dans son sang, et sur le carreau froid.
    Jetée de sa fenêtre, par un monstre absolu,
    Parce que juive, Sarah, est morte… quel effroi!

    Tu as cherché en vain dans les yeux du bourreau,
    Trace d’humanité, ce fut peine perdue.
    Tu as crié… « pitié », il redoublait ses coups.
    Tes cris résonnent encore, et nous nous sommes tus.

    Témoins de ton calvaire, qu’il a mené à bout,
    Tes voisins n’ont osé, n’ont voulu ou n’ont pu,
    Te tendre cette main, pour te porter secours,
    Te laissant donc mourir, dans cette sinistre cour.

    La police présente, attendant des renforts,
    Assista impuissante à l’Abomination.
    Que Justice soit faite et redresse les torts.
    J’ai mal à mon Pays, j’ai mal à ma Nation.

    De grâce, D… d’Amour, Accueille l’âme pure
    De Sarah, ton enfant qui jamais n’oublia,
    Tes préceptes, Tes lois, notre sainte Thora,
    Et qu’en Kidouch Ha.Chem, Tu Rappelas vers Toi.
    Gilles Plumat

    Donnez et faites donner à l’association
    Netsah Sarah/Famille Halimi
    5 Villa des Buttes Chaumont
    75019 Paris

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