Oslo, les pourparlers israélo-palestiniens stars de Broadway

Les pourparlers israélo-palestiniens d’Oslo comme vous ne les avez jamais vus: drôles et remplis de protagonistes qui, une fois la glace brisée avec leur ennemi juré, se dévoilent dans toute leur humanité, déterminés à mettre fin à 70 ans de conflit.

C’est le parti-pris d’ « Oslo », la pièce de J.T. Rogers sacrée dimanche soir à New York « meilleure pièce » de la saison à la cérémonie des Tony, l’équivalent des Oscars pour Broadway.
Jouée à New York depuis un an, la pièce doit partir pour Londres en septembre. Une adaptation au cinéma devrait suivre, Marc Platt, le producteur de « La La Land », ayant décidé de reprendre le projet.
J.T. Rogers, un Américain de 48 ans, n’en est pas à son premier « thriller » géopolitique. Il a écrit en 2010 une pièce sur un agent de la CIA face à la situation en Afghanistan, une autre en 2006 sur le génocide rwandais, mais elles n’étaient jamais arrivées à Broadway. « Oslo » a d’ailleurs débuté off-Broadway en juillet 2016 avant d’être propulsée en avril sur la grande scène (1.200 places) du Lincoln Center, le Vivian Beaumont Theater.
« Aux hommes et aux femmes des accords d’Oslo(…) qui ont cru en la paix, cru que leurs ennemis étaient humains, cette récompense est pour eux! », a lancé Rogers en recevant son prix.
L’idée de théâtraliser ces négociations qui ont duré neuf mois en 1993 lui est venue après qu’il eut été présenté en décembre 2012 au diplomate norvégien Terje Rod-Larsen. Ce dernier, qui fut avec sa femme Mona Juul le principal facilitateur des pourparlers d’Oslo, était venu voir une de ses pièces.
« Nous sommes allés boire un verre » dans un restaurant en face du Lincoln Center, raconte J.T. Rogers dans une préface à la pièce, et « il m’a raconté ce qu’il avait fait pour arriver aux accords d’Oslo ». Une séquence alors « quasi-inconnue », l’histoire ne retenant que l’épilogue avec la cérémonie de signature des accords et la poignée de mains entre le Premier ministre Yitzhak Rabin et le leader palestinien Yasser Arafat dans les jardins de la Maison Blanche.
New York, avec son importante communauté juive progressiste, est l’une des villes au monde où l’on se passionne pour le conflit israélo-palestinien: beaucoup de spectateurs s’esclaffaient devant ces négociateurs tiraillés entre positions de principe et découvertes de leurs points communs – à commencer par leur appréciation unanime des gaufres préparées par la cuisinière norvégienne.
– ‘Il y a une fuite’ –
Des spectateurs prêts à rire aussi des Américains et de leur mise à l’écart de ces pourparlers censés rester secrets. « Il y a une fuite », s’écrie à un moment Mona Juul (interprétée par Jennifer Ehle), « l’Agence France-Presse rapporte qu’il y a des pourparlers à Oslo! »
Le succès d' »Oslo », encensée par la presse américaine et qui avait été nominée dans six autres catégories, tient beaucoup au fait que la pièce ne s’embarrasse pas de la complexité de ces discussions.
La place de Jérusalem ou les prérogatives allouées à l’Autorité palestinienne sont à peine esquissées dans les saynètes qui rythment la pièce, bercée d’images d’archives des violences qui se poursuivaient sur le terrain pendant les pourparlers.
« C’est MA version de l’histoire », « les dialogues sont les miens », « la chronologie a été condensée », reconnaît J.T. Rogers.
La mise en scène, signée Bartlett Sher, fait en revanche la part belle au jeu des 14 acteurs, révélant les émotions, les ambitions et l’empathie grandissante unissant les protagonistes israéliens et palestiniens et leurs parrains norvégiens, joués par Jennifer Ehle et Jefferson Mays, nominés pour les prix de meilleure actrice et meilleur acteur.
Certains sont hauts en couleurs, comme Michael Aronov, qui joue l’excentrique responsable du ministère israélien des Affaires étrangères (sacré meilleur second rôle masculin), Uri Savir dans la vraie vie. Ou Daniel Oreskes, qui joue deux personnages, le professeur israélien qui fut envoyé initialement à titre non officiel par Israël pour ces négociations, puis Shimon Peres dans la dernière ligne droite des pourparlers avec l’OLP.
Côté palestinien, Anthony Azizi campe un « ministre » des Finances de l’OLP particulièrement attachant et créatif pour arriver à la paix.
La cérémonie de la Maison Blanche paraît aujourd’hui bien loin. Mais « Oslo » donne aux spectateurs, trois heures durant, l’impression que la paix est à portée de main.

Source leparisien

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