Il fait quoi, Donald ? Il avait promis de déménager à Jérusalem l’ambassade des Etats-Unis en Israël et certains le crurent in peto. Voilà qu’il étudie aujourd’hui les conséquences de ses proclamations enflammées : c’est qu’il s’inquiète de l’impact que pourrait avoir ce transfert sur les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens.
Eh oui, ses promesses de campagne, le candidat républicain désormais investi, le voilà qui se demande s’il n’a pas parlé trop hâtivement, et c’est ce que déclare Rex Tillerson sur NBC alors que le Président doit rencontrer les dirigeants israéliens et palestiniens : La décision de Trump dépendra en grande partie de la manière dont les gouvernements de la région réagissent à ce changement. Tant il est probable que les voisins d’Israël puissent assurément se réjouir d’une telle décision. Suspense !
Israël souhaite, on le sait, que tous les pays étrangers installent leur ambassade à Jérusalem mais les Palestiniens, ils veulent en faire la capitale de leur futur Etat, de la partie orientale de la ville. Et Bibi a beau répéter au monde entier que c’est Israël qui l’a dit en prems, ben ça suffit pas. D’autant que Donald proclame à présent qu’il veut unir les peuples de toutes les confessions autour d’une vision commune de paix, et ça, il le répète à une semaine de son premier voyage à l’étranger, incluant la visite historique qu’il a programmée dans la région.
Une première visite, ça se soigne, et lorsqu’elle a lieu au Moyen Orient, ça rigole plus. Le porte-parole de la Maison Blanche, Mike Spencer, et le conseiller à la sécurité nationale, le général McMaster, nous expliquent le dit voyage a trois objectifs : réaffirmer le leadership mondial des États-Unis, continuer à construire des relations clés avec les leaders du monde entier, diffuser un message d’unité aux amis des États-Unis et aux fidèles des trois plus grandes religions du monde, Donald leur faisant dire qu’il avait compris que l’Amérique d’abord ne signifiait pas l’Amérique seule, mais bien le contraire. Alors ce voyage qu’il qualifie de hautement historique, vu qu’aucun président avant lui n’a encore jamais visité les pays d’origine et les lieux saints des fois juive, chrétienne et musulmane en un seul voyage, eh ben Donald, il veut le réussir.
Pour info, sachez qu’il ira d’abord en Arabie saoudite où il entend, par un message ferme et respectueux, encourager ses partenaires arabes et musulmans à prendre des mesures nouvelles et audacieuses pour promouvoir la paix et pour faire face à ceux qui, de Daech à al-Qaïda, en passant par l’Iran et le régime d’Assad, perpétuent le chaos et la violence qui ont causé tant de souffrance dans le monde musulman et au-delà.
Israël sera la deuxième étape : Donald y rencontrera Bibi et le président Rivlin, et logiquement, là, il devra bien la clarifier, sa position quant au transfert de l’ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem. Y a quelqu’un qui m’a dit qu’il n’aura jamais lieu, le dit transfert, et voilà Bibi qui s’énerve déjà parce que pour lui, loin de nuire au processus de paix, ce transfert permettra au contraire de corriger une injustice historique et brisera le fantasme palestinien que Jérusalem n’est pas la capitale d’Israël.
Moi je n’y ai jamais cru, à cette histoire, et Donald, qui ira ensuite rencontrer à Bethléem Mahmoud, et qui veut inviter les frères ennemis à Washington pour un sommet tripartite susceptible de relancer le processus de paix, ben il peut pas.
L’arrivée de Donald en Israël, elle aura lieu lundi 22 mai, presque jour pour jour la Journée de Jérusalem, c’est-à-dire le 50ème anniversaire de la réunification de la ville de Jérusalem après la Guerre des Six jours de 1967.
» Le Kotel c’est en west bank «
Ça se prépare, un tel voyage, et comme il sera accompagné d’une délégation d’environ mille personnes, une première délégation américaine a déjà visité début mai les sites où le Président se rendra. Et évidemment ça commence à chauffer, autour de sujets chargés de symboles, comme le mur des Lamentations à propos duquel, selon tous les media israéliens, un officiel américain aurait dit qu’il se trouverait non pas en Israël, mais en territoire palestinien occupé.
Bibi, il paraît qu’il veut carrément publier les minutes des conversations privées qu’il a eues avec Donald en février à Washington : c’est qu’il est très colère, puisque, selon Channel Two, il ne pourra même pas se joindre à Donald devant le mur des Lamentations : la délégation américaine a expliqué qu’il s’agirait d’un moment privé et lorsque les Israéliens ont demandé à ce que cette visite soit au moins filmée, un membre de la délégation aurait répondu : Mêlez-vous de vos affaires, de toute façon le mur des Lamentations n’est pas sur votre territoire, c’est en West Bank, mot anglais désignant la Cisjordanie.
Ben oui. La politique historique des Etats-Unis n’est-elle pas de ne pas se prononcer sur la souveraineté de Jérusalem, censée s’inscrire dans un règlement final du conflit…
Et même David Friedman, le tout fraîchement nommé ambassadeur des Etats-Unis en Israël, avocat de confession juive et partisan déclaré de la colonisation israélienne, il préfère se tenir à l’écart des querelles.
Même si Donald n’entend consacrer qu’une quinzaine de minutes à la visite du mémorial de Yad Vashem, et alors que l’on sait désormais que son discours, il le prononcera dans l’enceinte du musée d’Israël, à Jérusalem, Israël a d’ores et déjà installé les drapeaux américains pour recevoir ce Président qui ne va pas très bien, critiqué qu’il est pour avoir limogé le patron du FBI, dévoilé des informations confidentielles au chef de la diplomatie russe, et accusé d’obstruction à la justice.
Coût pour le contribuable américain de cette visite en Israël : 100 millions de dollars. Donad ira ensuite au Vatican, à Bruxelles pour un sommet de l’OTAN et en Sicile pour une réunion du G7 qui clôturera son premier voyage officiel à l’étranger.
Sarah Cattan
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