Le quotidien israélien de centre gauche, Ha’Aretz, revient sur la campagne menée par l’ancien ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, et qui l’a mené vers la victoire.
Emmanuel Macron a gagné la présidentielle en suivant cinq règles dont pourraient s’inspirer d’autres hommes politiques dans le monde.
1) Ne pas avoir peur d’édifier les électeurs. Durant toute sa campagne, Macron a eu recours à un argumentaire complexe. Marine Le Pen s’est exprimée en termes populistes et simplistes, sur le mode “moi, je parle la langue du peuple”. Si beaucoup d’électeurs ont été séduits, le jour fatidique, nombre d’entre eux ont préféré s’en remettre à la science du sémillant banquier plutôt qu’à l’“héroïne du peuple”.
2) Cesser de parler du terrorisme. Macron n’a jamais prétendu détenir l’expertise absolue en matière de sécurité. Ses solutions se sont voulues à la fois réalistes sur le plan sécuritaire et positives sur le plan socio-économique (la revitalisation des banlieues et de la France périphérique). Il a rappelé qu’en matière de terrorisme, le risque zéro n’existait pas. Marine Le Pen, elle, a cru pouvoir terroriser l’électorat en délivrant un message hystérique selon lequel une poignée d’assassins islamistes pouvait détruire la France. Or, selon les sondages, le terrorisme ne venait qu’en cinquième position dans les préoccupations des Français.
3) Être déterminé. Macron s’est emparé de l’Élysée en venant de nulle part, en surmontant ses erreurs et en déjouant les pièges des partis classiques. Surtout, il peut se targuer d’avoir battu une candidate du FN adoubée par les deux dirigeants les plus puissants de la planète : Poutine et Trump.
4) Incarner réellement la nouveauté politique. Face à un Macron novice en politique, lors du débat calamiteux de l’entre-deux tours, c’est Le Pen qui est apparue comme une “ancienne”, avec 25 ans de carrière politique.
5) Comme le disait Napoléon, “N’empêchez jamais votre ennemi de commettre une erreur”. Durant le débat de l’entre-deux tours, Macron a attendu vingt minutes avant de répliquer sur le fond aux attaques et aux insultes de Le Pen. Aux États-Unis et en Israël, une telle tactique eût été suicidaire. Pas en France, où la calme détermination de Macron a crûment révélé la vulgarité voire l’infantilisme de Le Pen.
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