L’Observatoire de la laïcité a publié mardi son rapport annuel 2016-2017, appelant médias et élus à se détacher du « culte de l’immédiateté » et du « clash » dans un contexte de « sensibilité toujours très forte » autour du fait religieux en période pré-électorale.
Dans une note de synthèse, l’Observatoire souligne « le contexte particulier de la campagne présidentielle » et, surtout, « le contexte des attentats qui persiste », fait « à la fois d’inquiétude, d’émotion mais aussi de confusions » entre ce qui relève de la laïcité « et ce qui relève d’autres champs, dont le radicalisme violent et le terrorisme ».
Aussi le président de l’Observatoire, Jean-Louis Bianco, émet-il le souhait « que, dans le débat sur la laïcité, certains médias, certains élus et certains intellectuels qui aujourd’hui cèdent au « culte de l’immédiateté » ou à celui du « clash », adoptent demain une position plus responsable, prenant le recul nécessaire à l’analyse ».
Soulignant la « sensibilité toujours très forte » sur les situations touchant « à la laïcité et aux faits religieux », Jean-Louis Bianco relève combien « les tensions et les crispations sur ces sujets restent importantes », même si les contestations du principe de laïcité semblent mieux contenues.
« Il est courant, dans le débat public, d’entendre parler de laïcité à tort et à travers », ajoute le président de l’Observatoire mis en place en 2013, qui s’inquiète d’une « instrumentalisation dangereuse et trop courante » de ce concept, « principe fondamental de la République » et qui n’est « ni de droite, ni de gauche ». En effet, la laïcité « ne peut pas répondre à tous les maux de la société », qu’il s’agisse « de la ghettoïsation de certains quartiers » ou « de la perte de repères et de confiance dans l’avenir », martèle le rapport.
Fréquentation en hausse des formations à l’islam
Comme pour ses trois premiers rapports, l’Observatoire a auditionné les responsables des principales religions en France. « Le constat global de ces auditions témoigne de la crainte renouvelée d’une extension du domaine de la neutralité », avec « un risque pour la liberté d’expression des convictions individuelles », ainsi que « d’un recours contreproductif à d’éventuelles nouvelles lois ‘d’émotion' ».
Après audition de différents universitaires, notamment sur les rapports entre islam et laïcité, l’Observatoire constate « une fréquentation en hausse des formations à l’islam, en particulier par des femmes » et souligne l' »impact fort » que continue d’avoir le courant salafiste « parce que structurant et très présent sur Internet ». Soulignant la diversité « très importante » des formes d’expression de l’islam, le rapport fait enfin état d’une « crainte de voir la laïcité se redéfinir par de nouvelles lois pensées uniquement pour l’islam ».
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