Israël désormais courtisé ! Regardez : Chypre, la Grèce, l’Italie et l’Union européenne, et la Turquie herself, dont on nous dit que le vice-ministre de l’énergie est arrivé en catastrophe hier mardi 4 avril, pour s’entretenir avec Youval Steinitz, le ministre israélien des Infrastructures nationales, de l’Energie et de l’Eau, et s’assurer qu’Ankara ne sera pas oubliée.
Eh oui ! C’est que ce lundi, le 3 avril, il avait été signé, le protocole d’accord avec Israël pour la construction d’un gazoduc. Et il ne faisait pas que des heureux, cet accord historique, la Turquie se demendant s’il n’allait pas compromettre les accords de normalisation entre Jérusalem et Ankara, prévoyant la fourniture de gaz naturel israélien à la Turquie mais aussi la construction d’un gazoduc qui, parti d’Israël, acheminerait via la Turquie le dit gaz israélien vers l’Europe.
Ankara, ressaisis-toi : Israël n’a pas joué double jeu et la signature de l’accord Israël-Chypre-Grèce-Italie-UE ne compromettra pas les accords de normalisation avec toi : ça fait bizarre mais certains Etats la respectent, la parole donnée, et en l’occurrence les deux projets seront mis en oeuvre parallèlement.
Israël courtisé. Eh oui ! C’est qu’entretemps, ils ont été découverts, les gisements de gaz israéliens, et qu’en conséquence elle change du tout au tout, la position géopolitique d’Israël, jeune mariée qu’ils se disputent tous à présent. David Amsellem, Docteur en géopolitique et spécialiste des problématiques énergétiques au Proche et au Moyen-Orient, avait rapporté qu’Israël, réfléchissant aux stratégies à mettre en œuvre pour intégrer les découvertes d’importants gisements de gaz au large des côtes du pays, avait officiellement lancé le 15 novembre 2016 des appels d’offres pour l’exploration de 24 champs gaziers en Méditerranée. Pour info, le pays avait dès 1953 entrepris des activités de forages sur son territoire. Voilà qu’aidé de compagnies étrangères expérimentées[1], Israël mit à jour des gisements d’hydrocarbures offshore, le gisement Mari-B, découvert en 2000 et offrant 30 milliards de m3 de réserves, ceux de Tamar ( 250 milliards de m3 de réserves) et de Léviathan (450 milliards de m3), dans les années 2010, faisant passer le pays du statut d’importateur à celui de producteur d’énergie, le potentiel gazier d’Israël étant désormais supérieur à 1 500 milliards de m3.
Israël courtisé. Israël jadis contraint d’importer faute d’énergie dans un contexte de boycott des pays arabes producteurs de pétrole et de gaz, et ayant intelligemment à cette époque misé sur la diversité des sources d’approvisionnement, a aujourd’hui les moyens de ses ambitions : cibler les marchés asiatiques, mais aussi les pays voisins, Égypte, Jordanie, Autorité palestinienne notamment.
Eitan Naeh, premier ambassadeur d’Israël en Turquie depuis 2010, nous glisse qu’un accord de paix à Chypre accélérerait la mise en place du projet d’acheminement de gaz d’Israël à la Turquie. L’exportation de gaz du gisement de Léviathan ? Son démarrage est prévu pour 2019.
Les recettes ? Selon les contrôles de la commission gouvernementale israélienne mise en place pour gérer un fonds d’exploitation des ventes, les recettes prévues des gisements Léviathan, Tamar et Dalit sont estimées à 100, voire 130 milliards de dollars jusqu’en 2040, chiffre confirmé par David Stover, haut dirigeant de Noble Energy, société basé à Houston, Texas.
Et voilà. Israël aujourd’hui courtisé parce que devenu exportateur de gaz vers l’Europe, l’acheminant, ce gaz, par les eaux territoriales chypriotes. La Russie ? Non rien.
[1] British Gas, Noble Energy.
Sarah Cattan
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