Depuis 2012, des centaines de Français sont partis rejoindre les rangs du groupe terroriste état islamique. Plus de 600 sont toujours sur place, plus de 150 ont été tués, mais au moins 250 ont choisi de rentrer.
Dans le plus grand secret, David Thomson journaliste et auteur de « Les revenants » leur donne la parole pour comprendre ce qui les a motivés à partir faire le djihad et pourquoi ils sont rentrés.
Travail de documentation, pas sans risques
Un travail laborieux, parfois dangereux. « Quand on travaille sur la longueur, on est forcément dans un moment donné dans l’insécurité car vous mettez en lumière des réalités sociologiques qu’ils souhaitent cacher. Cela fait cinq ans que je travaille sur eux. C’est un travail de documentation, mais pour eux, il s’agit d’un travail de renseignements. Ils refusent aux journalistes un simple rôle d’observateurs extérieur, pour eux le journaliste est forcément un acteur« , explique David Thomson. Et d’ajouter « Ils nous détestent car nous, nous ne sommes pas musulmans, parce que nous sommes journalistes et que nous représentons la démocratie. »
Une foi sans limite
Pour de nombreux experts, il n’y a pas de profil type du djihadiste. David Thomson, lui, est plus nuancé. « Dans mon livre, il y a des réalités sociologiques qui sont parfois communes. La plupart des djihadistes français sont issus des quartiers populaires et des minorités. 70% des gens que j’ai interrogés sont de culture et d’origine musulmane issue de l’immigration subsaharienne, maghrébine et les 30% qui restent sont des convertis. » Pour lui, la clé de compréhension économique n’est pas toujours vérifiée. Les djihadistes ne vont pas en Syrie car ils sont pauvres. Leur motivation reste leur foi religieuse. « Si on nie la dimension religieuse de cet engagement-là. On passe à côté de quelque chose. La Religiosité, elle est centrale dans leur engagement. Ce sont des gens qui ont une foi, qui applique des textes qui existent et qu’ils n’inventent pas. Mais si 99.9% des Musulmans estiment que ces textes sont à replacer dans un contexte des premiers temps de l’islam, des guerres médiévales, qu’ils ne sont pas applicables aujourd’hui. Les Djihadistes eux insistent sur ces textes pour disqualifier les autres musulmans. C’est ce qui fait la force de leurs discours. », analyse-t-il.
Les femmes djihadistes
Dans son livre, David Thomson rencontre de nombreuses femmes djihadistes, des combattantes à ne pas sous-estimer. « Il n’y a pas de différences entre les femmes djihadistes et les hommes. Elles ont un niveau de détermination djihadiste identique à celui des hommes, parfois même supérieur à celui des hommes. J’ai rencontré des couples dont le moteur était la femme. » Des femmes qui passent aussi pour des victimes. « En France, il y a eu ce que j’ai appelé une sorte de présupposé sexiste sur les femmes revenues de Syrie. On partait du principe qu’elles forcément dans une soumission à la domination masculine. Qu’elles suivaient le mouvement et qu’elles étaient finalement des victimes. La conséquence c’est qu’elles n’étaient pas forcément poursuivies et laissées en liberté. « . Une réalité toujours d’actualité, mais les autorités françaises y sont plus attentives depuis l’attentat déjoué cet été en plein Paris. Une attaque à la bombonne de gaz entièrement pensé et préparé par des femmes.
Inciter les sympathisants à attaquer
Le journaliste analyse la stratégie du groupe terroriste état islamique. Un groupe qui ne dit jamais qu’il perd du terrain. Toutes les défaites sont toujours relayées comme des demi-victoires. Mais la donne change et leur stratégie aussi. » Depuis l’été dernier, l’état islamique a perdu un de ces avantages stratégiques majeurs : le contrôle de la frontière turque. Ca a tout changé c’est-à-dire qu’il est aujourd’hui plus difficile de rejoindre l’état islamique, mais aussi plus difficile pour le quitter. Et pour l’état islamique c’est surtout beaucoup difficile de projeter des combattants formés militairement en Europe. Même si c’est toujours possible, c’est plus difficile. « et d’ajouter « Ce qu’ils cherchent désormais à faire c’est d’activer de là-bas, des sympathisants pour qu’ils passent à l’acte. L’idée c’est de développer un terrorisme de proximité. D’inciter des sympathisants de passer à l’acte sur le sol français sans pour autant avoir été formés militairement en zone syro-irakienne. »
Qui est David Thomson?
Depuis près de cinq ans, David Thomson enquête sur le djihadisme. Journaliste de formation, il travaille pour RFI (Radio France International). David Thomson est l’un des tous premiers à avoir évoqué le retour de jeunes français djihadistes prêts à frapper la France. En 2014 sur le plateau de » Ce soir ou jamais » de Frédéric Taddeï, le journaliste prédit des attaques telles que la France a connu en 2015 au Bataclan. Ce soir-là, il passe aux yeux de la France pour un illuminé. » Je me suis fait humilier. Même ma famille m’a trouvé trop sûr de moi « , raconte le reporter à la sortie de cette émission.
De l’illuminé à l’expert
Deux ans plus tard et après les centaines de morts suite aux attentats en France, David Thomson est aujourd’hui reconnu comme une référence sur le sujet. “Je savais que ça allait arriver, qu’il y allait avoir du sang dans les rues de Paris, confie-t-il aujourd’hui avec tristesse. Non seulement je le savais mais, en plus de cela, j’avais mené des entretiens avec ceux-là mêmes qui allaient deux ans plus tard constituer la cellule souche du commando du 13 novembre 2015.”
Quel scoop!!! Il faut un D.T pour révéler aux français gavés à l’eurovision ce que nous savons depuis des lustres!!!!