L’administration du président américain Donald Trump a mis à exécution vendredi ses menaces de durcissement contre l’Iran en sanctionnant son programme de missiles balistiques, mais elle a épargné pour l’instant l’accord historique sur le nucléaire.
En plein regain de tensions entre les deux adversaires historiques, le Trésor américain a imposé des mesures de rétorsion contre 25 personnes et entités soupçonnées d’avoir apporté un soutien logistique ou matériel au programme de missiles balistiques de Téhéran.
« L’Iran joue avec le feu. Ils ne se rendent pas compte à quel point le président (Barack) Obama avait été ‘gentil’ avec eux. Pas moi! », avait tweeté vendredi matin le nouveau président américain, qui a multiplié les déclarations belliqueuses avant cette annonce de sanctions ciblées.
« Le soutien continu de l’Iran au terrorisme et le développement de son programme de missiles balistiques fait peser une menace sur la région, sur nos partenaires dans le monde et sur les Etats-Unis », a accusé dans un communiqué John Smith, directeur par intérim du bureau du Trésor chargé des sanctions financières (Ofac).
Aux termes de ces sanctions, qui visent notamment un réseau de soutien basé en Chine, les personnes et entités ciblées voient leurs éventuels avoirs aux Etats-Unis gelés et ne peuvent plus faire de transaction avec des structures américaines.
Ce nouvel arsenal a été dévoilé après une série de menaces proférées ces derniers jours par Washington contre Téhéran, les deux gouvernements n’ayant plus de relations diplomatiques depuis 1980, dans la foulée de la Révolution islamique de 1979.
Rien n’est exclu
Interrogé jeudi à la Maison Blanche sur une éventuelle action militaire contre l’Iran, le président Trump avait répondu: « rien n’est exclu ».
Cette poussée de fièvre avait été déclenchée le 29 janvier par le test d’un missile balistique iranien auquel le nouveau conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche Michael Flynn – réputé être un dur contre l’Iran – avait répliqué par une « mise en garde » contre le rôle « déstabilisateur » de la puissance régionale chiite au Moyen-Orient.
Des accusations que lançait déjà l’administration Obama pour dénoncer, par exemple, le soutien iranien au régime syrien, au groupe Hezbollah libanais ou aux rebelles chiites houthis au Yémen.
L’Iran est l’un des trois pays – avec la Syrie et le Soudan – à figurer depuis 1984 sur la liste noire du département d’Etat des « Etats soutenant le terrorisme ».
L’Iran ne veut pas la guerre
L’Iran « ne déclenchera jamais une guerre », a affirmé son ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, tout en se disant « pas impressionné par les menaces ». M. Zarif est l’un des architectes de l’accord international scellé à Vienne en juillet 2015 entre son pays et six grandes puissances (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne).
Et même si Donald Trump a maintes fois menacé de « déchirer » ce règlement « désastreux », il semble pour l’instant vouloir conserver cet accord multilatéral connu sous son acronyme anglais JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action).
Le Trésor a précisé que ses mesures contre le programme balistique iranien ne violaient pas la levée des sanctions prévue par le JCPOA. « Les sanctions prises aujourd’hui visent à réprimer des actions perpétrées en dehors du JCPOA », a insisté un responsable américain.
La fermeté de l’exécutif américain a été saluée par des élus des deux bords au Congrès. Le sénateur républicain Tom Cotton s’est félicité que « le président (Trump) tienne ses promesses », exhortant « l’Iran des Ayatollah (…) à cesser et à s’abstenir immédiatement (…) de toute provocation ». L’élu démocrate Eliot Engel a aussi estimé que les sanctions étaient « méritées » face à « une violation claire du droit international ».
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