Terrorisme : la France s’intéresse au système hospitalier israélien

Une délégation de médecins français est venue en Israël observer comment les hôpitaux se mobilisent en moins d’une demi-heure pour répondre à des crises majeures.
Hôpital Ichilov
Hôpital Ichilov

C’est au 9e sous-sol, dans un vaste espace blindé et confiné, que l’hôpital Ichilov de Tel-Aviv évacuera ses malades en cas de crise. Il faudra moins d’une heure, ont prévu les responsables du deuxième plus grand centre hospitalier israélien, pour descendre quelque 800 lits et leur équipement médical par la rampe d’accès. Inaugurée en 2011, la salle d’urgences occupe 56.000 m² sur quatre étages. Elle a été conçue pour résister à des attaques conventionnelles (roquette ou mortier) et chimiques. Des branchements en eau, en oxygène, en électricité et une ventilation en circuit fermé lui assurent une autonomie complète. Des réserves de carburant permettent de tenir une semaine.

En cas d’alerte, le service des urgences installé dans un bâtiment proche aura aussi été bouclé, son personnel réquisitionné et sa capacité d’accueil augmentée en quelques minutes à peine. «Le plan est prêt ; nous le testons au moins deux fois par an», a récemment expliqué le Pr Pinchas Halpern, chef du service des Urgences, à une délégation de médecins français venus s’enquérir des procédures israéliennes de gestion de crise. «Seule une réaction très rapide et parfaitement coordonnée permettra de sauver un maximum de vies.»

Encore sous le choc des attentats de masse qui ont endeuillé Paris puis Nice, la France tourne son regard vers Israël. En mars dernier, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a traversé la Méditerranée pour lancer une «coopération renforcée» entre les deux pays. Accoutumé aux poussées de violence terroriste et impliqué dans plusieurs guerres ces vingt dernières années, l’État hébreu a bâti une solide culture du risque. «Nous nous préparons en permanence à faire face à tous types d’attaques: conventionnelles, biologiques et nucléaires», confirme Boaz Leev, spécialiste de la préparation à l’urgence au ministère de la Santé.

Formation permanente

Tous les hôpitaux du pays sont équipés d’un abri blindé comme celui d’Ichilov. L’accent est mis sur la formation permanente des médecins, infirmiers et secouristes. Des exercices grandeur nature sont organisés plusieurs fois par an, avec de multiples scénarios à tester. Des étudiants simulant un accès de fièvre et se plaignant de maux de tête qui se présentent aux urgences d’un hôpital. Une explosion et des corps mutilés dans une rue de Tel-Aviv. Des dizaines de morts dans un crash à l’aéroport. L’armée, les hôpitaux et les services de secours s’entraînent à collaborer sur ces scènes fictives. «Chaque situation obéit à un protocole écrit, précise Boaz Leev. L’exercice s’achève toujours par un long débriefing qui permet d’évaluer notre efficacité, et de nous corriger.»

Les autorités sanitaires françaises partagent régulièrement expériences et conseils avec des pays aux traditions médicales différentes pour parfaire un dispositif qui a dans l’ensemble fait ses preuves lors des attentats parisiens du 13 novembre 2015. «Le principal point fort des Israéliens réside dans leur capacité à mobiliser presque instantanément leur dispositif hospitalier, constate le Pr Pierre-Yves Gueugniaud, directeur du Samu de Lyon. Ils sont préparés à libérer des blocs, des brancards et rappeler leur personnel en congé en moins d’une demi-heure. La loi leur impose d’être en alerte permanente pour pouvoir accueillir d’une minute à l’autre jusqu’à 20 % de la capacité totale de l’établissement.»

Culture du risque

L’utilisation des nouvelles technologies par les urgentistes israéliens a aussi impressionné leurs homologues français. Les mille ambulances de la Magen David Adom, l’organisation privée responsable des secours dans le pays, sont équipées d’un système de géolocalisation qui permet de coordonner au mieux leur intervention en cas d’accident grave ou d’attentat. Chaque véhicule a une caméra embarquée dont les images sont retransmises au siège, facilitant la prise de décision. «La manière dont le premier secouriste arrivé sur place va décrire la situation au standard est cruciale pour la suite des opérations», souligne Eli Bin, son directeur général. «Il peut déclencher un plan de secours sur la base de ces premières constatations sans avoir à solliciter l’accord de toute la chaîne administrative – comme en France», observe le Pr Pierre-Yves Gueugniaud.

Affiliée à la Croix-Rouge internationale, la Magen David Adom est en partie financée par des donateurs. Elle peut aussi compter sur un fort engagement citoyen, incarné par un cercle de bénévoles pistés par GPS. Ils peuvent être mobilisés à tout instant pour prodiguer les premiers soins. Douze mille volontaires issus du monde médical, que l’association appelle les «fidèles à la vie», se déplacent toujours avec leur trousse de secours. Comme la plupart des Israéliens, ils vivent dans la culture du risque et se tiennent prêts à intervenir.

Source lefigaro

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

1 Comment

  1. « Qui sauve une personne, sauve l’humanité ».Le peuple juif est très attaché à cette phrase qui résonne en lui avec une émotion indescriptible.
    Mon mari a fait une chute dans l’appartement.J’ai fait appel au Magen David Adom.J’ai à peine raccroché le téléphone que l’on sonnait déjà à la porte!
    À l’oulpan centres d’apprentissage de notre nouvelle langue,la plupart des enseignants prenaient plaisir à nous faire répéter cette phrase, en hébreu bien entendu: « c’est comme çà en Israël »!
    Viviane Scemama-Lesselbaum

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*