Du jamais vu en Israël : le gouvernement russe ouvrira prochainement à Jérusalem un hôtel de luxe, dans un style tsariste.
C’est une première dans le secteur touristique en Israël ; un hôtel unique en son genre va bientôt ouvrir. Son originalité : son propriétaire n’est, ni plus ni moins, que le gouvernement russe présidé par Vladimir Poutine. La construction de cet hôtel vient de s’achever : il ne lui reste qu’à obtenir l’agrément définitif des autorités israéliennes pour ouvrir les réservations.
MONUMENT HISTORIQUE
Sis dans le Jardin de Sergueï, l’hôtel de propriété russe disposera de 24 chambres toutes décorées dans le style tsariste. Nul doute que l’hôtel deviendra rapidement le point de chute des visiteurs russes, notamment des personnalités officielles qui ne seront pas dépaysées.
Ce bâtiment historique a abrité successivement les bureaux de la Société de Protection de la Nature, du ministère de l’Agriculture et du Centre de préservation des antiquités. Comment donc ce monument, classé historique par Israël, a-t-il atterri dans l’escarcelle du gouvernement de la Russie ?
Il faut remonter à 1890 pour comprendre ce mystère historique : c’est l’année de la création de ce bâtiment dit la Maison Saint-Serge (en hébreu Beit Sergueï) sur un terrain acheté par la Société impériale orthodoxe de Palestine et grâce aux dons du grand-duc Serge de Russie. L’édifice a été construit dans le style néo-renaissance par l’architecte Franck Gia pour accueillir les pèlerins russes dans des conditions de grand confort pour l’époque. Il s’étend sur 36.000 m2 et représente l’un des bâtiments les plus remarquables de Jérusalem.
“CONTRAT D’ORANGES”
Durant le mandat britannique, le bâtiment fut loué par les Anglais qui l’utilisèrent pour y abriter leur administration locale. À la création d’Israël en 1948, il fut transféré au gouvernement israélien qui y hébergea le ministère de l’Agriculture et d’autres administrations.
En 1964, le gouvernement russe exigea d’Israël le paiement d’indemnités pour l’usage d’un terrain qui restait en sa propriété. Entretemps, Israël logera sur cette parcelle de terre russe une maison d’arrêt, un musée, un Tribunal de première instance, etc.
L’accord d’indemnisation signé entre Israël et la Russie se montait à 3,5 millions de lires. Le jeune État juif n’ayant pas les moyens de verser une telle somme, un compromis fut trouvé : Israël a versé 2 millions en espèces et le reste (1,5 million) fut payé sous la forme d’expédition de cartons d’oranges (d’où le nom de « transaction d’oranges ») vers la Russie.
À la demande des Russes, le Jardin de Sergueï ne fut pas inclus dans cet accord puisqu’à l’origine il était la propriété personnelle du grand-duc Serge. En 2012, la propriété du bâtiment fut officiellement transférée au gouvernement russe qui décida de le transformer en hôtel.
Jacques Bendelac (Jérusalem)
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