Quand on prétend présider aux destinées d’un pays, on n’est pas là pour s’enfermer dans des querelles de clans, a dit mon Manu préféré, le leader de En marche, au JDD ce week-end, ajoutant : Cette primaire, c’est OK Corral ! Alors, sur son blog, l’essayiste Jean-Paul Brighelli raconte avoir interrogé Bertrand Tavernier, fin connaisseur du cinéma américain, sur la question. Réponse du cinéaste : les primaires, c’est le contraire de OK CORRAL où deux clans s’affrontaient, les Clanton et les Earp — selon Burnett, les Démocrates et les Républicains —, sans qu’à l’intérieur des clans on se tire les uns sur les autres. C’étaient deux familles qui ne se faisaient pas de traîtrises.
CQFD. Dans la Primaire de la Belle Alliance Populaire, ce ne serait même plus la logique du clan qui prévaudrait, mais celle du chacun pour soi, et tout pour ma gueule, conclut l’essayiste dans Causeur.
Ils seront 7, retenus pour la Primaire de la gauche, le sprint de la gauche, devrais-je dire. Dans quelques jours, ces sept candidats confronteront leurs projets au cours de trois débats. Comme l’ont fait Les Républicains, me direz-vous ? Oui, sauf que pour le Parti socialiste, il va nous falloir nous accrocher car le tout sera ramassé sur à peine quinze jours.
Programme : le premier round se jouera jeudi 12 janvier à 21 heures, au cours d’un débat co-organisé par TF1, RTL et L’Obs, en partenariat avec LCI et Public Sénat, et présenté par Gilles Bouleau, Elizabeth Martichoux et Matthieu Croissandeau. Un deuxième débat se tiendra dès le dimanche 15, à 18 heures cette fois, sur les chaînes d’info en continu, comprenez BFMTV et iTélé, puis la fête s’achèvera le jeudi 19 janvier sur France 2 et Europe 1, le premier tour du scrutin ayant lieu le 22 janvier, et un dernier débat devant départager les deux finalistes le mercredi 25 janvier, en simultané sur TF1 et France 2. Un sprint vous dis-je.
LA GAUCHE BOBO CAVIAR
Nous aurons donc, réunis pour la première fois sur le même plateau, Jean-Luc Bennahmias de l’Union des démocrates et des écologistes, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Sylvia Pinel du Parti radical de gauche, François de Rugy du Parti écologiste et Manuel Valls, bref la Gauche bobo caviar disent beaucoup, qui continuent à penser qu’il convient d’être un sans dent pour militer à gauche. On sait tous que Jean-Christophe Cambadélis a fait des pieds et des mains pour attirer Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon dans la Primaire de la Belle Alliance Populaire, leur offrant même un délai supplémentaire pour s’y inscrire, et que Bernard Cazeneuve a jugé sévèrement ces initiatives personnelles qui contribuent à la division de la gauche, la mettent en danger et altèrent sa capacité à l’emporter.
Leurs programmes ? Certains nous les promettent pour ce matin. Ils ont une obligation, les participants à la Primaire de la Belle Alliance – oh comme le mot sonne faux – : mobiliser les foules et faire au moins aussi bien que firent Les Primaires LR, avec leurs 5,6 millions de téléspectateurs.
Des commentateurs disent déjà qu’elle est surveillée comme du lait sur le feu, la Primaire de la gauche, tant il est vrai que tous les regards sont tournés vers la préparation des débats télévisés : ce sont eux, on le sait, qui départageront les candidats en lice.
Trois débats donc en sept jours. J’ai peur que les gens fassent un rejet, qu’ils soient saoulés de voir des socialistes dans tous les sens, glisse le conseiller d’un état-major, alors qu’un autre craint de fatiguer les gens. Voilà Vincent Peillon qui s’y met, trouvant, lui aussi, les débats trop rapprochés.
Bien sûr l’ordre de passage des candidats a été tiré au sort sous contrôle d’huissier, mais le choix des thèmes abordés aura fait l’objet d’âpres négociations, Manuel Valls ayant souhaité commencer par la thématique sécurité et terrorisme. Eh bien imaginez-vous qu’il lui fut opposé par le conseiller d’une autre écurie que parler des mêmes sujets que la droite était risqué. On croit rêver !
Résultat des courses : pour le premier de ces rendez-vous, les candidats s’affronteront sur les questions économiques et sociales, le thème République et laïcité, la politique internationale et l’Europe. C’est le député Christophe Borgel qui pilotera tout ça. Tout ça, c’est-à-dire la survie du PS, qui se jouera ce mois-ci comme à la loterie.
N’A PU DORMIR PENDANT 3 JOURS
Car ils ne semblent pas tous dans les starting blocks, Vincent, Manu, Arnaud, Benoit et les autres. Vincent ? Lui on croirait qu’il a pris sa décision entre la bûche et le réveillon, puisque, au lieu de bosser, il raconte à qui veut l’entendre qu’il n’a pu dormir pendant 3 jours après le renoncement de Hollande, car lui, comprenez-vous, lui, il est extrêmement inquiet de ce que signifie ce départ, ajoutant : C’est un dormeur qui ne trouve pas le sommeil, la France. Et qui se tourne un coup à gauche, un coup à droite, mais elle est toujours dans l’insomnie. Il faut que nous nous réveillions. Quand il est réapparu, ce grand penseur, moi je me suis demandé ce qu’il avait fait de son temps libre, car apparemment il n’était pas en train d’écrire son programme. Bingo : celui qui se serait décidé le 1er décembre, d’après Le Point, donc en une semaine, redevenu depuis son départ du gouvernement en avril 2014 député européen, s’est montré discret au Parlement, France Info notant un taux de présence en commission de 50 % et Rue89 le qualifiant d’eurodéputé plutôt touriste et de champion de l’absentéisme. C’est qu’il écrivait des polars[1], Vincent, entre deux cours en Suisse. Mais là, il s’est réfugié et il va nous le sortir, son programme forcément bâclé.
GUY BEDOS RÉTICENT
Tel autre, et pas des moindres puisqu’il s’agit d’Arnaud Montebourg, croit encore qu’il faut des VIP pour l’emporter. Alors, dévoilant son équipe, il y intègre, à l’insu de l’intéressé, Guy Bedos himself, le promouvant même Président du Comité de Soutien. Quelqu’un m’a dit que l’humoriste aurait accepté le poste, sans enthousiasme. C’est que les deux hommes s’étaient vus en décembre à Alger, ville natale du comédien. A quoi ça tient tout de même. Je vais le soutenir, mais je veux rester indépendant. Je voterai pour lui, mais je ne veux pas avoir de rôle officiel dans la campagne, J’accepte pour ne pas gêner Arnaud, car je l’aime beaucoup, a confirmé Bedos sur RTL.
Bon ! Au moins le défenseur du made in France, Arnaud, dit être, lui, dans la dernière ligne droite de sa campagne et ironise sur le Blitzkrieg promis par Valls, cette tactique qui consiste à attaquer violemment son adversaire, en un point précis et sur un front réduit. Lui promet de retourner sur le terrain au lendemain de chaque débat pour recueillir les réactions des Français et avec un seul meeting à l’agenda avant le premier tour, il sera, dit-il, la candidature de transformation. Transformation du système économique, pour le rendre plus humain, du système politique pour le rendre moins oligarchique plus démocratique, du système financier pour le mettre au service de l’économie réelle, du système européen pour qu’il soit au service des peuples. Il dit aussi, s’autoproclamant candidat de la gauche unie, vouloir œuvrer à unir la gauche par le bas, à travers les idées. Il tacle au passage Benoît Hamon, son adversaire de l’aile gauche, et son projet de revenu universel, doutant de la faisabilité de la chose. Bon, reste que ces deux-là admettent avoir des convergences. On s’en doutait un peu, allez savoir pourquoi.
Il reste étonnant que des candidats croient encore dans l’intérêt ou l’efficacité des comités de soutien composés d’artistes, d’intellectuels et de sportifs, alors que l’on a tous pu mesurer l’impact limité de ces dispositifs et le vérifier avec Hillary ou notre Président : old fashion peut-être, et la méthode de Trump n’a-t-elle pas été plus efficace et cette campagne en mode commando ne doit-elle pas reposer sur une équipe centrale déjà rodée, s’appuyer sur les relais locaux que sont les élus et jouer la communication directe du candidat, la vidéo en ligne notamment.
CESSERA-T-IL DE RETOURNER SA VESTE ?
Ma gauche. Sauras-tu sortir de l’idéologie du laisser aller, de l’abandon, du reniement, sauras-tu acter l’effondrement de notre école, pointé par PISA[2]. Sauras-tu l’avoir, cette réflexion économique réaliste, cessant de ne te focaliser que sur la taxation des riches et innovant sur les moyens nécessaires à la création de richesses. Et je ne parle pas de tes choix en politique étrangère et européenne. Ma gauche. Redeviendras-tu le parti qui fait primer l’attention portée à l’humain, redeviendras-tu celle qui fera passer l’intérêt général avant l’intérêt particulier, symboliseras-tu l’humanisme traduit en politique et incarneras-tu le titre précisément choisi par Jaurès pour le journal qu’il fonda, bref renoueras-tu avec tes principes, ce marqueur essentiel de la capacité de critique et de recul face aux événements et aux nécessités.
Le casting me laisse dubitative. Benoît ? Cessera-t-il de retourner sa veste, lui qui fut ardent militant de la libération de Jacqueline Sauvage et qui déclara, 48 heures après la grâce présidentielle, une frontière plus étanche entre justice et politique. Répètera-t-il qu’il se réjouit de la Résolution 2334.
Jack Lang ? A qui offrira-t-il son soutien empoisonné, lui qui déclara à Libération que nous étions dans un pays où la langue arabe devrait être reine, car c’était la quatrième langue la plus parlée au monde, la sixième officielle des Nations Unies, la cinquième en France, que le monde musulman faisait partie de nous-mêmes et que c’était une chance d’avoir été ensemencé par ces cultures. Jack Lang qui s’est battu pour l’enseignement des langues vivantes dès le CP, et en particulier l’arabe, rejoint dans son projet funeste par Najat Vallaud-Belkacem, travaillant à la création d’un système d’évaluation, une sorte de toefl anglais, histoire de normaliser cette langue en France, de multiplier ses locuteurs et la sortir du prisme communautaire.
On se pince, on croit rêver, mais Benoît Hamon n’a-t-il pas aussi relativisé l’interdiction des femmes dans certains cafés et l’ami Vincent n’a-t-il pas, lui, lié laïcité et islamophobie, en expliquant à Ruth Elkrief que la laïcité est utilisée pour attaquer un certain nombre d’identités historiques et culturelles, notamment les musulmans, faisant le job de propagande pour Marwan Muhammad lorsqu’ils sacrifient ainsi l’intérêt général à leurs calculs électoraux, persistant, en plein déni, à nous faire accroire que les questions religieuses n’existaient pas, et que seule existait la question sociale : ah si nous étions en période de plein-emploi, la violence islamiste n’existerait pas.
UNE GAUCHE SOCIALE-DEMOCRATE
Je suis à gauche, mais tout candidat de gauche qui ne placera pas la lutte effective contre le terrorisme islamiste parmi ses 3 plus grandes priorités, n’aura pas ma voix à la primaire.
Admiratrice de Clémenceau, Jaurès, Mandel, Blum, Mendès France, ces hommes au patriotisme chevillé au corps, c’est Valls pour qui, moi aussi, je porterai la voix, en espérant qu’il se sera défait de l’embarrassant Philippe Doucet, dans le viseur de la justice pour avoir passé des marchés publics sans mise en concurrence. En relativisant ce qu’il a dit de l’Islam à Jean-Jacques Bourdin, sur RMC, à savoir que l’islam était une part de notre identité, une part indissociable de notre culture et désormais de nos racines. En me rappelant, comme l’a souligné François Heilbronn[3], que nous avions là affaire au représentant d’une gauche républicaine, sociale-démocrate, courageuse face aux dangers de l’islamisme radical mais aussi de l’extrême-droite et de l’extrême-gauche toutes deux souverainistes et rétrogrades, un homme pétri de culture, de compréhension historique, de volonté. Un homme capable de défendre ses idées contre les majorités de circonstance, un des très rares à avoir exprimé avec force et constance son soutien au peuple juif, au mouvement sioniste et à Israël, François Heilbronn m’apprenant que pour Valls, la déclaration de l’indépendance de l’Etat d’Israël était une des plus belles déclarations politiques qu’il connaissait.
Valls qui vient, dans son Projet pour la France[4], de promettre le refus de la Turquie dans l’UE, qui a nommé et mis en garde Les Frères musulmans.
Alors au Figaro qui titre 2017, l’année qui fait peur aux socialistes, je réponds que 2017 sera peut-être le temps d’une recomposition inédite du paysage politique Français.
Sarah Cattan
[1] Aurora, Editions Stock, Avril 2016.
[2] Programme for International Student Assessment of the OECD.
[3] Professeur à Sciences Po Paris.
[4] Site officiel de Manuel Valls.
Ici « radio l’ombre »
pom pom pom pom
je répète ici « radio l’ombre »
pom pom pom pom
message important
« aux lecteurs de TJ,
le silence et dort »
je répète
« aux lecteurs de TJ,
le silence et dort »
ici radio l’ombre
« radio Paris ment,
radio Paris est vassalement »
« radio Paris ment,
radio Paris est Vallsement »
pom pom pom pom
Merci Josaphat pour l’éclat de rire bienvenu! Reconnaissez que parfois il convient d’en rire. Pom pom pom pom
Jack Lang « nous sommes un pays où la langue arabe devrait être reine…. » » c’est une chance d’avoir été ensemencé par cette culture… »
Il s’est peut-être fait plusieurs fois ensemencé par cette culture, mais merci pour l’offre nous nous en passerons.
Me Valls « l’Islam est une part de notre identité, une part indissociable de notre culture et désormais de nos racines… »
Il parle des 800 ans de domination arabe dans son Espagne natale qui ont l’air de lui avoir laissé de sérieux traumatismes?
Heureusement qu’en 39/40 tous les gens n’ont pas pensé que notre culture était indissociablement germanique.
Et si au lieu de retourner leur veste ils en achetaient une autre ?
Merci pour cette analyse sans concession mais tellement caractéristique de la décrépitude illimitée des cerveaux de certaines « élites ».
Ah Julius. Et Peillon n’avait pas encore brillé par ses comparaisons foireuses. Que ne feraient-ils pas, tous, pour ne se mettre personne à dos. Quel manque ce courage.
Une belle brochette d’incompétents et de laxistes dangereux. Si j’étais le président sortant cela me donnerait envie de me représenter en candidat libre, d’autant que depuis que je suis hors-jeu, ma cote remonte.
si Peilon s’est « décidé » en une semaine, on peut légitimement se demander « quand » il a décidé de son programme. Il a dit hier, sur Canal, qu’il s’y collait depuis 28 ans. Que dire sinon s’inquiéter de ce que cet homme, tout philosophe qu’il se prétend, donne des cours, fut ministre de l’Education nationale.
Hé, hé!!
Marron et Melangeon dans le même sac!
La gauche a besoin de l’est de peur de monter trop haut…
Enfin, comprenne qui peut!
La seule réussite du pouvoir socialiste est d’avoir mis fin à la déflation des budgets militaires, également d’avoir soutenu l’effort d’exportation de notre industrie d’armement.M. Valls en parlera-t-il?
Je ne peux demander qu’à Guy Mollet et Monsieur X de souffler dans mes voiles abattues de gauche, non à des vents prestigieux comme ceux qui soufflent sur Madame Cattan. Sans quitter mon niveau inférieur de réflexion, je proposerai comme inspiration ancienne d’une gauche moderne: Léo Hamon et Daniel Mayer. Et, pour retrouver nos traditions républicaines: Jules Isaac qui a si bien servi la République et l’Histoire qui rassemble les républicains.
Sur PISA: T.J. ne s’est pas jeté sur les mauvaises notes que ce système incertain d’évaluation nous attribuait. Suivant ces « résultats », nous dépassons Israël, membre de l’OCDE, donnons à cette organisation son nom français, merci.
Sur M. Lang: Il me semble un peu vieux pour des ambitions politiques. Il est bien installé dans son fromage de présidence de
l’Institut du Monde Arabe. C’est son rôle de défendre l’arabisme et les grandes civilisations, arabes, perse et ottomane, il n’y pas là d’action contre la France.
Pour notre dynamique ministre de l’éducation, de la pédagogie et du nivellement pour tous par le bas, je ne connais pas ses complots d’arabisation et de destruction de la France. Envoyez une lettre à la DGSE.
Sur les insultes habituelles contre tout ce qui n’est pas convenable: la gauche bobo caviar n’accorderait la parole qu’aux « sans dent »? Je n’avais pas lu Léon Daudet depuis longtemps et je le retrouve. Si vous méprisez le peuple, c’est votre affaire, mais ne le montrez pas.
Sur l’extrême gauche qui vous hante, méprisée comme souverainiste et rétrograde. J’avais l’impression que l’extrême gauche était internationaliste, non nationaliste. Je ne connais pas votre livre de citations. Le courant rétrograde qui nous menace est celui de M. Fillon dont le programme puéril ne peut réussir et ramènera, dans 5 ans, le PS au pouvoir. La femme de gauche ne connaît que les ennemis de l’extrême gauche et de l’extrême droite, termes péjoratifs. La droite, la plus réactionnaire, n’est plus une menace? Etrange. De nombreux juifs français voteront pour le FN qui n’a pas besoin de textes d’exception ou de postures guerrières
pour être crédible dans la lutte contre l’islamisme. Essayez de pratiquer le raisonnement, de préférence à l’imprécation.
Je ne suis pas profond et vous devriez avoir pied. Suis-je assez clair? Vous méprisez la contradiction, attitude traditionnelle du PS, et j’ai renoncé depuis longtemps à discuter avec les individus « de gauche » qui ne comprennent pas l’idée de Nation. J’espère toucher une ou deux personnes de droite, moins prisonnières de leurs certitudes.