La vraie question devrait être de savoir si la nouvelle résolution nous rapproche ou non de la reprise des pourparlers de paix.
Monsieur le Secrétaire d’Etat, Kerry,
J’ai écouté avec vive attention votre discours sur le conflit israélo-palestinien.
Je l’ai fait en tant qu’une personne qui souhaite la fin de ce conflit depuis des décennies, qui comprend que le cœur de la mission juive a toujours été la quête de la paix, et dont l’organisation, AJC, a préconisé une solution à deux états depuis près de 25 ans.
Et je l’ai fait comme quelqu’un qui comprend que la construction des implantations au-delà de la barrière de sécurité est effectivement un obstacle majeur aux perspectives d’un accord de statut final.
D’ailleurs, je crois en votre bonne volonté.
Je l’ai vu de près. Je l’ai entendu de vous en privé, et pas seulement en public. Quand vous dites que vous voulez préserver Israël comme un État juif et démocratique, je sais très bien ce que vous voulez dire.
Lorsque vous exprimez de l’angoisse sur les dangers auxquels sont confrontés les enfants israéliens dans les villes frontalières israéliennes comme Sderot et Kiryat Shmona, cela vient non seulement de votre tête, mais du fond de votre âme.
Et je reconnais le niveau sans précédent de coopération bilatérale entre Washington et Jérusalem au cours des huit dernières années dans les domaines de la défense et du renseignement, à l’ONU et ses institutions spécialisées, et ailleurs. Vous avez cité de nombreux exemples, et chacun sonne si vrai.
Combien de vies israéliennes ont effectivement été sauvées en raison de la coopération israélo-américaine dans les systèmes de défense antimissile ? Combien de situations potentiellement tragiques ont été évitées par le partage de renseignements bilatéraux ? Et combien d’efforts internationaux erronés concernant Israël ont-ils été stoppés par l’intervention américaine ?
Et pourtant, comme je guettais chaque mot, chaque idée, chaque geste de visage, chaque gesticulation dans vos remarques, je ressentais un certain malaise. Je voulais embrasser tout cela – l’espoir, la vision, la détermination – et pourtant, il me manquait quelque chose.
Vous avez dit vous-même qu’une majorité d’Israéliens soutenait l’idée de la séparation et d’un accord avec les Palestiniens. C’est vrai, bien sûr. Mais dans les mêmes sondages, ils expriment également la crainte que le but ultime de leurs voisins soit l’élimination d’Israël. En d’autres termes, les Israéliens sont schizophrènes, ce qui, étant donné la région dans laquelle ils vivent, est entièrement compréhensible.
D’une part, ils peuvent résonner à l’idée de deux Etats pour deux peuples, un Etat palestinien « non militarisé » (et démocratique) avec la fin du conflit et de toutes les revendications des deux côtés ; mais d’autre part, dans leurs kishkes, croient-ils vraiment que cela soit possible dans le turbulent Moyen-Orient d’aujourd’hui, prêtent-ils attention à la vision bien trop romancée d’outsiders bien intentionnés ?
Après tout, ces outsiders n’ont pas très bien géré le Moyen-Orient – allégueraient de nombreux Israéliens – en tout cas pas la Syrie, pas l’Irak, ni la Libye, ni l’Iran… la liste est de plus en plus longue. Alors pourquoi devraient-ils avoir confiance – et jouer leur destin – dans ce «dernier» plan?
Leur grande peur, je l’ai entendu à maintes reprises, demeure qu’un État palestinien puisse être susceptible de devenir un État défaillant, rejoignant trop d’autres dans la région. Si Israël signait miraculeusement un accord avec la direction palestinienne à Ramallah demain, par exemple, qui serait le responsable là-bas dans un an ou cinq ou dix?
David Harris
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