Le gouvernement allemand a qualifié mardi en fin de matinée « d’attentat » le carnage provoqué par un camion sur un marché de Noël à Berlin, qui a fait au moins douze morts la veille, sans apporter de précisions sur le suspect et ses motivations.
Alors que le bilan macabre s’est alourdi dans la nuit à douze morts et 48 blessés, dont plusieurs sont dans un état grave, la police allemande a annoncé ce mardi matin que les enquêteurs considéraient que le conducteur du camion qui a foncé lundi soir sur un marché de Noël à Berlin avait délibérément visé la foule.
L’auteur présumé est armé et toujours en fuite, selon la police
La police avait initialement suspecté et arrêté un jeune homme de 23 ans, demandeur d’asile pakistanais, pour finalement considérer qu’il n’était probablement pas l’auteur du carnage. L’auteur présumé, selon elle, est armé et toujours en fuite.
La chancelière allemande, Angela Merkel, a parlé, dans une allocution en fin de matinée, d’une « attaque terroriste« . Elle se rendra sur les lieux dans la journée et a promis de punir ce crime « aussi durement que le permet la loi« . Angela Merkel n’a pas exclu qu’il puisse s’agir d’un « un acte terroriste » peut-être « commis par un demandeur d’asile ». « Je sais que cela serait pour nous particulièrement difficile à supporter s’il se confirme que cet acte a été commis par une personne qui a demandé à l’Allemagne protection et asile« , a-t-elle déclaré à la télévision dans sa première réaction depuis le carnage.
Les marchés de Noël sont maintenus
« Peu importe ce que nous allons apprendre sur les motivations et le mobile de l’assaillant, nous ne devons pas nous laisser prendre notre mode de vie fondé sur la liberté », a déclaré le ministre de l’Intérieur allemand Thomas de Maizière dans un communiqué, ajoutant « que les marchés de Noël et les rassemblements devaient continuer (…) avec la mise en place de mesures de sécurité adéquates ».
Un homme, sans doute le conducteur, a été interpellé dans la soirée. Il est entendu par la police. Selon des sources au sein des services de sécurité citées par l’agence de presse allemande DPA, l’homme pourrait être pakistanais ou afghan. Il serait arrivé en Allemagne comme demandeur d’asile en février 2016. La police s’est refusée à commenter ces informations.
Le deuxième homme à bord, retrouvé mort, n’était pas au volant
Le deuxième homme, retrouvé mort, lui, dans la cabine du camion, n’était pas au volant du véhicule. Le camion a foncé sur la foule qui se pressait vers 20h sur le marché de Noël installé au pied de la Gedächtniskirche, l’église du Souvenir située au coeur de l’ex-Berlin Ouest, près du Kurfürstendamm.
L’enquête confiée au parquet fédéral, compétent pour les affaires de terrorisme
Dans la nuit, le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, avait déjà déclaré que « beaucoup de raisons » laissaient penser qu’il s’agissait d’un attentat. L’enquête a été confiée au parquet fédéral, compétent pour les affaires de terrorisme.
Le camion vraisemblablement dérobé sur un chantier
D’après les éléments réunis dès lundi soir par la police, le camion, immatriculé en Pologne, avait vraisemblablement été dérobé sur un chantier. La police a indiqué par ailleurs que l’homme retrouvé mort dans la cabine du véhicule était un citoyen polonais qui n’était pas au volant du camion au moment du drame. Le propriétaire du camion, Ariel Zurawski, a déclaré à la chaîne TVN24 qu’il n’avait plus de nouvelles de son chauffeur depuis lundi 16h.
Un camion a foncé dans un marché de Noël à Berlin: tous les blessés évacués, selon notre correspondante. « Certains sont dans un état grave » pic.twitter.com/4VKtlLVqEF
— franceinfo (@franceinfo) 19 décembre 2016
Le scénario rappelle l’attentat du 14 juillet à Nice
Le scénario rappelle l’attentat du 14 juillet à Nice où 86 personnes ont trouvé la mort lorsqu’un poids lourd conduit par Mohamed Lahouaiej Bouhlel avait foncé dans la foule venue assister au feu d’artifice de la fête nationale. L’organisation terroriste Etat islamique s’était attribuée la responsabilité du carnage.
J’exprime ma solidarité et ma compassion à la Chancelière Merkel, au peuple allemand et aux familles des victimes de Berlin.
— François Hollande (@fhollande) 19 décembre 2016
Les réactions de solidarité se sont multipliées, alors que l’Europe est régulièrement la cible d’attentats revendiqués par des groupes djihadistes. « Les Français partagent le deuil des Allemands face à cette tragédie qui frappe toute l’Europe », a déclaré dans un communiqué le chef de l’Etat, exprimant « sa solidarité et sa compassion à la chancelière (allemande Angela) Merkel, au peuple allemand et aux familles ». La Maison Blanche a condamné avec force « ce qui semble être une attaque terroriste ».
La France connaît « un haut niveau de menace » terroriste
La France connaît « un haut niveau de menace » terroriste, mais a un plan de vigilance « particulièrement élevé aussi », a déclaré dans la matinée François Hollande, faisant part de sa « solidarité » et sa « compassion » avec l’Allemagne. « Nous avons un haut niveau de menace et nous avons un niveau et un plan de mobilisation et de vigilance particulièrement élevés aussi », a ainsi déclaré le chef de l’Etat à l’Elysée à l’issue d’un entretien avec le président du Sénégal Macky Sall.
Angela est bien la seule à sembler surprise de ce qui arrive. Déni, quand tu nous tiens … !