Si l’Irlande ne constitue pas le premier choix du voyageur amateur de culture juive, l’île recèle néanmoins de quelques surprises.
La population juive d’Irlande n’a jamais excédé 8 000 personnes, et ce vers la fin des années 1940. Elle est aujourd’hui réduite à moins de 2 000 membres, dont 1 500 en République d’Irlande. La dernière boucherie casher a d’ailleurs fermé ses portes en mai 2001.
Il semblerait que la toute première trace d’une présence juive se trouve dans les Annales d’Innisfallen qui rapportent l’arrivée de cinq juifs, probablement des marchands de Rouen, débarquant à Limerick. Mais il faut attendre 1290, et l’expulsion des juifs d’Angleterre, pour qu’une véritable communauté prenne corps. L’expulsion des juifs de la péninsule Ibérique, au XVe siècle, apportera son lot d’émigrants sur le sol irlandais, principalement sur la côte sud.
Un siècle plus tard, en 1656 ou en 1660 selon les sources, un groupe de marranes ouvre le premier lieu de prière, face au château de Dublin. Le cimetière de Ballybough (comté de Dublin) accueille quant à lui des tombes juives depuis le début du XVIIIe siècle.
Entre la fin des guerres napoléoniennes et le début du XXe siècle, affluent les immigrants juifs, chassés par les pogroms d’Europe centrale, de Lituanie en particulier.
Ceux qui ne poursuivaient pas leur route vers les Amériques, s’installaient parfois dans les villes irlandaises, y construisaient des synagogues, y ouvraient des boucheries casher, et constituaient des communautés soudées. La plus importante était celle de South Circular Road, à Dublin.
Les juifs deviennent aussi visibles dans la vie publique. Des juifs originaires de la Russie tsariste exercent un rôle de leader dans le Syndicat international des Tailleurs fondé en 1909.
Les juifs participent au mouvement indépendantiste, victorieux en 1921, et dans lequel on se souvient surtout de Robert Briscoe.
L’augmentation moyenne annuelle du nombre de Juifs en Irlande entre 1881 et 1911, grande période d’immigration juive en Irlande, était de 8%.
La communauté a poursuivi sa croissance jusqu’en 1946, bien que seulement 60 demandeurs d’asile juifs aient été acceptés sur le territoire irlandais entre 1933 et 1946. Ensuite, le déclin a été constant puisque depuis 1946, la communauté juive irlandaise a diminué de plus de 70%, allant de 3900 membres en 1946 à environ 1200 maintenant.
Alors que l’Irlande voit de nos jours une augmentation manifeste de l’immigration, l’émigration de jeunes juifs irlandais se poursuit malgré la vague de prospérité économique actuelle. 1999 marqua un moment crucial pour les Juifs d’Irlande car la synagogue orthodoxe d’Adelaide road à Dublin, construite 107 ans auparavant et fermée par manque d’un nombre suffisant de fidèles, fut démolie par les propriétaires d’alors pour laisser place à un immeuble de résidence chic, « symphony house », la façade de la synagogue ayant été préservée grâce aux lois municipales en vigueur.
Haut en couleurs, seul membre juif de l’IRA, selon ses dires, il fut aussi maire de Dublin à deux reprises dans les années 1950-1960. Son fils, Benjamin Briscoe, occupa lui aussi cette fonction de 1988 à 1989.
Gerald Yael Goldberg (né à Cork en Irlande en 1912 et mort à Cork le 31 décembre 2003) était un avocat et un homme politique qui devint le premier Lord-maire de Cork juif. Goldberg était le fils d’un réfugié juif lithuanien qui fut débarqué à Cork avec d’autres Juifs auxquels on avait indiqué que « Cork était la passerelle vers l’Amérique ». À la suite de l’intervention militaire israélienne au Liban de 1982 il reçut des menaces de mort et la synagogue de Cork fut incendiée. Il attribua ces faits à la partialité des médias dans leur description des événements et envisagea de quitter l’Irlande, ce qu’il ne fit finalement pas.
L’autre nom que l’on retient est celui de la famille Herzog. Après avoir occupé les plus hautes fonctions religieuses en Irlande, le rabbin Isaac Herzog devint le premier Grand Rabbin du tout jeune État d’Israël. Son fils Chaïm, né à Belfast et élevé à Dublin, devient le sixième président de l’État juif. Aujourd’hui encore, les bureaux du rabbinat sont situés dans Herzog House, sur Zion Road à Dublin.
Dublin compte trois synagogues : deux orthodoxes et une progressive. Dublin dispose également d’une école primaire, d’une maison de retraite, et d’un club de golf juifs. Cependant, il n’y a plus de centre communautaire ni de restaurant casher en Irlande, les produits casher sont donc importés d’Angleterre.
« Entre la fin des guerres napoléoniennes et le début du XXe siècle, affluent les immigrants juifs, chassés par les pogroms d’Europe centrale, de Lituanie en particulier.
Ceux qui ne poursuivaient pas leur route vers les Amériques, s’installaient parfois dans les villes irlandaises, y construisaient des synagogues, y ouvraient des boucheries casher, et constituaient des communautés soudées. La plus importante était celle de South Circular Road, à Dublin. »
Ceci me ramène à un beau souvenir remontant à l’été 1978, lors d’un voyage en Irlande avec mon épouse et mon jeune beau-frère.
C’était un vendredi soir; comme je venais de perdre mon père, je voulais dire le Kaddish. Nous nous mimes donc à la recherche d’une synagogue. Nos recherches nous conduisirent à une petite synagogue dans le quartier de South Circular Road, quartier à environnement presque exclusivement juif.
Très bien accueillis à la synagogue, un de nos gentils interlocuteurs nous proposa de faire chez eux le repas shabbatique, ce que nous acceptâmes volontiers.
Pendant le repas sympathique nous échangeâmes nos itinéraires de vie respectifs, ce qui nous amena à des surprises :
Nos hôtes étaient originaires de Lituanie, pays dont était aussi originaire le grand-père de mon épouse !! Elle ne s’y trompa d’ailleurs pas quand elle goûta au pot-au-feu.
Le monde est petit…