Selon un sondage IFOP-Fiducial Sud Radio et Lyon Capitale, l’effet Macron demeure en vue du premier tour de l’élection présidentielle. Et il ne faut pas se fier aux apparences, si la gauche est éliminée du second tour, c’est parce que les électeurs de gauche et de progrès se partagent entre Hollande et Macron. Question: quel est le candidat de trop?
Ecoutez vos défaites, électeurs de gauche. Ecoutez vos défaites annoncées, proclamées, inévitables. Ecoutez vos défaites causées par la rivalité entre Hollande et Macron. Ecoutez vos défaites à travers ces sondages qui vous disent et vous diront, chaque semaine, et bientôt chaque jour, que la gauche ne passera pas le premier tour de l’élection présidentielle. Ecoutez vos défaites, déjà narrées par les éditorialistes et commentateurs sur les chaines d’information continue. Ecoutez vos défaites, vous qui ne comptez déjà plus, condamnés que vous êtes à devenir les figurants de l’histoire en marche. Ecoutez vos défaites, et résignez-vous à la présence de Marine Le Pen au second tour. Ecoutez vos défaites et admettez, déjà, que Nicolas Sarkozy ou Alain Juppé seront l’un ou l’autre le prochain président de la République. Ecoutez vos défaites… Encore et toujours.
Ecoutez vos défaites avec ce que l’on dit du dernier sondage de la semaine, Ifop-Fiducial pour Sud-Radio et « Lyon-Capitale ». Dans cette dernière enquête, aucun des candidats de la gauche ou des forces du progrès n’est en situation d’accéder au premier tour de l’élection présidentielle, quelle que puisse être la diversité des hypothèses proposés au panel de sondés. Ni Hollande, président sortant qui ne parvient jamais à dépasser les 16% d’intentions de vote. Ni Mélenchon, entre 11 et 13%. Ni Macron, à 15%.
Que la droite aligne, en ordre dispersé, tantôt Juppé, Sarkozy ou Le Maire, éventuellement Bayrou suivant les cas de figure, rien ne bouge cet invariant: la gauche ou les forces de progrès sont incapables d’envoyer un candidat au second tour de l’élection pour y affronter Marine Le Pen, Alain Juppé ou Nicolas Sarkozy. Ecoutez vos défaites, etc.
Zéro effet pour le discours de Wagram
Une semaine après le sondage TNS-Sofres, voilà le IFOP-Fiducial qui confirme. Et entre les deux, le discours de Wagram qui, visiblement, n’a pas provoqué dans l’opinion, surtout à gauche, l’effet escompté. Si ce discours a réglé le cas Montebourg et autres frondeurs de gauche en les contraignant à accepter le principe d’une participation à la Primaire de la gauche de gouvernement (qui les emprisonnent, les coupant des gauches de la gauche, d’où les dénonciations du comportement isolationniste de Mélenchon par Gérard Filoche) il n’a pas réglé ce qui est de fait, aujourd’hui, le pire problème de François Hollande: Emmanuel Macron.
Il est deux façons de lire le sondage IFOP-Fiducial (comme le TNS-Sofres de la semaine passée). La première, basique et figée, qui consiste à décréter la gauche dans un tel état de dispersion et d’affaiblissement qu’il lui est interdit d’espérer. Ecoutez vos défaites, etc.
Et la seconde, plus dynamique, observant les dynamiques à l’œuvre, les potentialités vivantes, les perspectives ouvertes, les opportunités à saisir, les momentum possibles. Si l’on veut bien, un instant, entrer dans cette voie tracée, la situation peut apparaitre sous un jour bien différent: l’électorat socialiste n’est pas cette force politique inerte vouée à l’inutilité électorale en 2017, condamnée à écouter une défaite nouvelle. Bien au contraire, il est la clé de cette élection.
Fixons notre regard là où certains ne souhaitent pas qu’il porte. Avec Macron candidat, l’ensemble des forces des progrès dépasse les 40% d’intentions de vote dans le sondage IFOP-Fiducial. Oui, 40%, voire 42% dans certaines hypothèses. C’est énorme. Macron apporte au bloc des gauches les électeurs perdus du centre, confrontés à l’absence de Bayrou en cas de candidature Juppé, ou ne trouvant de réponse au centre en cas de candidature Sarkozy.
Le symptôme Macron
Oui, répétons-le, 42%, après quatre ans d’exercice du pouvoir, c’est inespéré. Et même miraculeux. Et si l’on exerce encore son droit de regard avec plus d’acuité encore, que l’on agrège les candidatures Hollande et Macron, on constate que près de 30% de Français sont encore capables de voter pour un candidat que l’on qualifiera de « gauche de gouvernement » ou « de progrès » ou social-démocrate ou social libéral. Les électeurs de ce bord-là vont-ils plus vite que le vieux Parti socialiste dans son désir de voir se reconstruire au plus vite une force politique de progrès, de gauche, susceptible d’être perçue comme crédible dans sa demande d’exercice du pouvoir? C’est possible. En tout cas, le symptôme Macron est le signe qu’il se passe quelque chose au sein de cet électorat-là, qui dépasse les simples jeux et enjeux autour de l’installation d’une Primaire socialiste destinée à sacrer François Hollande, candidat de la gauche et des forces de progrès.
On ajoutera un autre élément crucial: de l’enquête IFOP, il ressort que la droite « Les Républicains » est bien plus faible qu’il n’y paraît, surtout avec Sarkozy comme porte-drapeau. Isolée. Encerclée. Mangée par Le Pen. Grignotée par Dupont-Aignan. Quand Macron n’est pas candidat, Juppé, le plus fort d’entre eux, pointe à 33%. Quand Macron est candidat, Juppé échoue à 26%. A ce niveau-là, on entre dans la zone où les deux places de finalistes de l’élection présidentielle peuvent se jouer entre trois candidats finissant entre 20 et 25% des voix. C’était le calcul de François Hollande, ce sera désormais, aussi, celui d’Emmanuel Macron, l’un comme l’autre devant convaincre qu’il est le candidat capable de s’insérer entre un candidat LR et Marine Le Pen.
De la constatation ci-dessus, il ressort que l’électorat socialiste, gauche de gouvernement, forces de progrès, tient entre ses mains le sort de l’élection présidentielle. Que Macron parvienne à rassembler les 500 parrainages nécessaires, et le candidat vainqueur de la Primaire socialiste, surtout François Hollande (mais cela vaut aussi pour Manuel Valls, qui ne pèse rien dans le sondage IFOP-Fiducial), se retrouvera confronté à la question terrifiante du vote utile (et avant cela, pour François Hollande, à la stratégie d’empêchement par sondages interposés d’Emmanuel Macron).
Le candidat qui élargit l’électorat de gauche
Quel serait le vote utile en 2017? Celui qui serait exprimé en faveur d’un président sortant dont tout indique qu’il ne peut pas espérer figurer au second tour? Ecoutez vos défaites, etc. Ou d’un Premier ministre lui aussi sortant, qui s’est coupé de toutes les forces de la gauche à force de transgressions droitières? Ecoutez vos défaites, etc. Ou celui en faveur d’un candidat qui élargit l’électorat de la gauche socialiste de gouvernement en apportant l’appoint, toujours indispensable, d’électeurs centristes et/ou modérés.
Dès lors l’alternative est simple.
Que les forces demeurent éclatées, malgré un énorme potentiel de voix au premier tour, et l’électorat de la gauche socialiste et/ou de gouvernement se résoudra à devoir subir un duel candidat LR-Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Ecoutez vos défaites, etc.
Que l’inévitable débat autour du vote utile finisse par décider, en masse, les mêmes électeurs à se reporter sur un candidat de leur camp plutôt qu’un autre, et alors la perspective de victoire sera possible.
Conclusion: contrairement à l’idée répandue, la clé de l’élection présidentielle ne se situe pas à droite, dans une France droitisée, mais à gauche, au sein de l’électorat socialiste et de centre gauche. Si parmi les candidats possibles, si ce n’est probable, aucun n’est capable d’imposer un momentum en sa faveur, parvenant à convaincre que voter pour lui, et lui seul, offre une perspective de victoire, alors l’affaire se terminera entre LR et FN.
Bref, entre Hollande et Macron, il faudra bien choisir. Tôt ou tard. L’un des deux candidats est nécessairement de trop. D’où l’ultime question aux électeurs de gauche et de progrès: avez-vous envie, encore et toujours, d’écouter vos défaites ?
Bruno Roger-Petit
On y trouve de bizarreries à repétition comme « les électeurs de gauche et de progrès » ou « candidats de la gauche ou des forces du progrès ». Reitéré de dizaines de fois ; ad nauseam.
Le reste n’est pas d’un meilleur niveau. Pacotilles et balivernes.
« Quel est le candidat de trop? »
Question hors de propos. Qui Hollande risque de déranger?
Des articles ridicules qui veulent remettre un vieux canasson qui a raté son départ en 2012, dans la course. Ces chevaux, on sait ce qu’on en fait!