Jérusalem : « Mekudeshet » un festival de musique pour réconcilier la ville

À Jérusalem, même la musique est sacrée. Du moins, celle programmée au festival Mekudeshet, qui se déroule du 4 au 23 septembre, en plein cœur de la ville.

Musulmans, chrétiens et juifs se succéderont sur différentes scènes pour jouer les airs de leur foi respective. Mais la force de ce festival réside dans ses propositions iconoclastes.

Ziv Yehezkel
Ziv Yehezkel

Ainsi, un juif religieux chantera de la musique arabe classique, tandis qu’une salle de prière commune aux trois religions sera installée dans l’enceinte du festival, pour inviter à prier ensemble. Un symbole fort dans une ville ravagée par le morcellement du territoire, les deux Intifadas et la série d’agressions au couteau de ces derniers mois.

« Reconstruire les secrets de la ville »

L’une des fondatrices du festival, Naomi Bloch Fortis, explique au Huffington Post:

« Nous avons créé cet événement à un moment terrible, voilà six ans. Les deux Intifadas venaient de prendre fin. Jérusalem était meurtrie. Nous avons vu la ville se recroqueviller sur elle-même, s’appauvrir, se tourner vers l’orthodoxie religieuse. Nous voulions apporter un autre regard sur cette ville, révéler ses secrets, son histoire, et la diversité de sa population. »

Pour « révéler Jérusalem », selon l’expression de l’organisatrice, le festival s’est appelé « Mekudeshet », qui est un mot hébreu signifiant à la fois « sacré » ou « sanctifié ». Ce mot est prononcé lors des mariages juifs, au moment de l’échange des consentements et qui peut être traduit par « toi qui m’est réservé(e) ».

Juif, ancien ultra-orthodoxe, il chante en arabe

Sénégal, Grande-Bretagne, Ethiopie, les « performers » viendront du monde entier. Parmi les plus détonants, on trouve Ziv Yehezkel, Israélien, né de parents juifs d’Irak, et surtout, ancien religieux ultra-orthodoxe qui est devenu une star dans le monde arabe. Il est en effet chanteur, en solo, au sein de l’Orchestre arabe de Nazareth, une ville de Cisjordanie. Son public est avant tout arabophone.

Dans cette vidéo ci-dessous, il est interviewé par la chaîne de l’Autorité palestinienne à Ramallah. En hébreu, avec un traducteur. Quand on lui demande pourquoi chante-t-il en arabe, et non pas en hébreu, il répond qu’il n’en a aucune idée.

Une salle de prière pour tous

C’est sans doute l’un des points d’orgue de ce festival, cette maison réservée à la prière qui sera ouverte aux trois religions monothéistes. Elle sera administrée par 9 religieux, 3 rabbins, 3 imams et 3 prêtres. Ils organiseront des prières communes entre ces quatre murs assortis d’un petit balcon et d’un rideau à l’intérieur qui figurera un paysage de Jérusalem vierge de toute construction.

« Ces trois religions coexisteront en paix au moins quelques instants », s’enorgueillit Naomi Fortis. « Nous lirons ensemble, discuterons, nous disputerons -oui, c’est autorisé-, et prierons ensemble. Nous allons voir si cela est possible de créer une nouvelle réalité ».

Des arbres sur roulettes

Réhabiliter Jérusalem dans sa dimension culturelle, ça se passe aussi sur le terrain. Ainsi, la place Zion Square porte les stigmates de nombreux affrontements pendant les Intifadas. Elle a aussi été pendant longtemps le lieu de rassemblement de la droite dure israélienne. C’est devenu un endroit sale, où il ne fait pas bon s’attarder à la nuit tombée. Pendant les festivités, une forêt sur roulettes s’installera au milieu de la place pour trois semaines. Une petite oasis faite de vrais arbres, de vraie terre et de vraies fleurs.

Comme pour dire que cette place appartient à tout le monde et que chacun doit pouvoir s’y promener en paix. Idéalement, pour retrouver ses racines.

Source huffingtonpost

 

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