La campagne des primaires à droite a déjà démontré que les électeurs qui se réclament de l’opposition actuelle peuvent faire un choix clair entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, car les deux candidats se sont bien différenciés l’un de l’autre. Au cours du week-end, François Fillon a jugé utile d’attaquer l’ancien président sur ses démêlés avec la justice. À droite comme à gauche, la bataille va être de plus en plus intense.
« IMAGINE-T-ON un seul instant le général de Gaulle mis en examen? », a demandé M. Fillon lors de son discours de rentrée. La phrase est venimeuse, mais Nicolas Sarkozy a décidé de ne pas répondre. Car le sujet est très embarrassant et il préfère ne pas en parler. M. Fillon est peut-être celui des candidats qui a le plus travaillé son programme, mais il est distancé à la fois par MM. Sarkozy et Juppé. On devine que, s’il a décidé de mentionner le contentieux de M. Sarkozy avec la justice, c’est parce qu’il tente (un peu désespérément) de ravir la deuxième place à son ancien patron. Mais il aura bien du mal, ce faisant, à expliquer non seulement pourquoi il n’a pas fait, quand il était Premier ministre, ce qu’il propose de faire aujourd’hui, mais comment il peut dénoncer le comportement d’un homme avec lequel il a travaillé pendant cinq ans.
Juppé joue le rassemblement.
Le maire de Bordeaux, qui était en meeting samedi à Chatou, dans les Yvelines, entend bien rester à l’écart des trahisons et des coups de Jarnac. Il a réfuté tous les arguments de Nicolas Sarkozy sur l’identité, la sécurité, l’immigration. Il a bel et bien l’intention de conduire une campagne axée sur le rassemblement, par opposition à un Sarkozy qui, lui, clive et divise. Omniprésent dans les médias, Nicolas Sarkozy a confirmé ce matin que, s’il était battu à la primaire, il coopèrerait avec le vainqueur, quel qu’il soit. C’est un engagement assez important pour que l’on surveille attentivement ce qui va se produire au mois de novembre, mois de la primaire de la droite : il faudra que M. Sarkozy tienne parole, même si une nouvelle défaite met un terme à toutes ses ambitions.
À gauche, des rumeurs.
À gauche, c’est le délire. La multiplication des candidatures avérées ou chuchotées a conduit le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, à mettre en garde les personnalités tentées par l’aventure. On dit en effet que, si Manuel Valls remplaçait le président Hollande après un renoncement de celui-ci, Marisol Touraine et Najet Vallaud-Belkacem seraient candidates. Ce sont les mêmes qui, dans l’affaire du burkini, se sont dressées contre le Premier ministre. Le conseil d’État a donné raison aux deux dames contre le chef du gouvernement et l’affaire va être enterrée parce qu’il n’est pas question de voter une nouvelle loi pour interdire le port de certains vêtements. Mais la rumeur relative aux intentions des deux ministres donne la mesure des divisions internes du gouvernement : la ligne de M. Valls n’est pratiquement partagée par personne et quand Emmanuel Macron tente d’apporter de l’eau au moulin idéologique du Premier ministre, celui-ci se cabre parce qu’il voit dans le ministre de l’Économie un rival potentiel à une élection présidentielle d’où, par hypothèse, François Hollande serait absent.
Sinon, Jean-Luc Mélenchon a lui aussi fait sa rentrée en déambulant sur un podium tandis qu’il parlait pour mieux dénoncer la droite, le gouvernement et la gauche social-démocrate. Il y a un élément d’appréciation que certains candidats, sous l’emprise de l’ambition, ont fini par oublier. C’est que la gauche, cette année, est fortement minoritaire, que toutes ses forces rassemblées représentent aujourd’hui entre 35 et 40 % de l’électorat et que, dans ces conditions, elle ne peut être représentée au second tour que si se produit un événement qui bouleverserait le cours des choses. Avec les candidatures écologistes, avec celles de l’extrême gauche, tout est est organisé pour éliminer la gauche dès le premier tour. Il y en a qui croient que l’affaiblissement de M. Hollande est une occasion unique pour prendre le leadership de la gauche. Ils ne voient pas à quel point leur logique est suicidaire.
RICHARD LISCIA
Poster un Commentaire