Depuis sa création, l’Etat hébreu a su s’adapter en permanence à la menace terroriste. Grâce à un modèle dynamique dont les clefs de voûte sont le renseignement, et l’implication de la société civile.
Au lendemain du carnage de Nice comme dans la foulée des attentats du 13 novembre, le scénario se répète : « l’exemple israélien », où la menace terroriste fait partie de la vie quotidienne, est mis en avant. Les experts militaires sollicités sur les plateaux de télévision à Tel-Aviv ont beau se montrer modestes, voire éviter toute référence à un « modèle israélien de lutte antiterroriste », il n’empêche. L’Etat hébreu, dont la population a connu sept guerres et deux Intifada depuis sa création, est bel est bien devenu un cas d’école, dans sa façon de gérer une situation d’insécurité permanente. Une expertise dans la mire des décideurs européens.
Signe qui ne trompe pas : dans la foulée des attentats du 13 novembre, le maire de Cannes, David Lisnard, a fait appel aux services d’un ancien brigadier général de l’armée israélienne, Nitzan Nuriel, pour aider les autorités locales et les équipes d’intervention d’urgence à se préparer à une éventuelle attaque lors du Festival phare de la Croisette.
En avril dernier, cet ancien chef du bureau de lutte contre le terrorisme en Israël (entre 2007 et 2012) avait notamment dirigé une attaque terroriste simulée au Palais des festivals pour tester les mesures de sécurité renforcées dans la ville. Auparavant, il avait mené un audit, en s’inspirant des leçons tirées des attentats menés contre des palaces à Bombay et dans les gares de Madrid, les deux scénarios catastrophes les plus retenus par les professionnels.
L’une de ses préconisations : « la sécurisation du front de mer » ainsi qu’un contrôle renforcé de tous les accès de la ville de Cannes, y compris maritimes. Interrogé sur l’attentat de Nice, il confiait ce week-end aux « Echos » : « J’ai le sentiment que la France n’était pas vraiment prête à envisager ce scénario catastrophe. »
Ben Gourion, l’aéroport le plus sûr du monde
En fait, cela fait dix-huit mois maintenant que les délégations de dirigeants de pays frappés par la menace djihadiste débarquent en nombre à l’aéroport international de Ben Gourion, considéré comme le plus sûr du monde, pour prendre la mesure du système de lutte antiterroriste en vigueur sur le sol israélien. Un pays où la sécurité intérieure relève non pas de l’armée, mais des services de renseignement et de la police.
En février, l’ancien maire de Nice, Christian Estrosi, s’est par exemple rendu en Israël, où il a rencontré notamment le PDG de la société Eagle Security and Defense, Giora Eiland, par ailleurs ex-directeur du Conseil de sécurité nationale israélien. Lors de cette visite, Christian Estrosi avait insisté sur la nécessité « d’être à la pointe de la lutte par le renseignement contre la cybercriminalité lorsqu’on sait que la radicalisation se fait par le biais des réseaux sociaux ». Un domaine dans lequel l’Etat hébreu excelle puisqu’il se classe dans le Top 5 des cyber puissances, aux côtés des Etats-Unis, de la Chine, de la Russie et du Royaume-Uni.
Intensification des attentats à la voiture-bélier ou des attaques au couteau
A quoi tient l’efficacité de l’approche israélienne ? « Israël est confronté depuis des décennies à une menace multiforme et diffuse. Le pays a connu une série d’attaques terroristes, dont le mode opératoire n’a cessé d’évoluer. L’antiterrorisme israélien a dû s’adapter en permanence en adoptant une approche fondée sur l’anticipation et la rapidité d’intervention. Le bilan est contrasté mais l’expérience accumulée est observée à la loupe par les pays confrontés à un risque terroriste élevé », décrypte David Khalfa, chercheur associé du think tank IPSE, (Institut prospective et sécurité en Europe).
A l’en croire, cette menace a connu d’importantes transformations au cours de quatre grandes périodes. Avec d’une part, les années 1970 caractérisées par des attaques de fedayin palestiniens ; l’époque des Accords israélo-palestiniens d’Oslo (1993) ponctuée d’attentats suicide ; les années post-Oslo durant lesquelles Israël, confronté à la seconde Intifada, s’est retrouvé sous le feu des tirs de roquettes ou de missiles du Hamas et du Hezbollah, avant de connaître plus récemment une intensification des attentats à la voiture-bélier ou des attaques au couteau.
« L’antiterrorisme israélien est fondé sur des modes d’action défensifs (« barrière de sécurité », barrages militaires filtrants…) et offensifs (infiltrations, arrestations préventives, assassinats ciblés…). Cette double approche couplée à la coopération sécuritaire avec l’Autorité palestinienne a permis à l’Etat hébreu de faire baisser de manière substantielle le nombre d’attentats de grande ampleur, poursuit David Khalfa, même si les attaques palestiniennes de basse intensité menées à l’aide de moyens rudimentaires ont pris le relais ces derniers mois. »
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« assassinats ciblés »… Le jour où les bisounours auront intégré cette notion nous aurons fait un grand pas dans la résistance…