Emmanuel Macron s’est livré, mardi soir, à la Mutualité, à un one man show tout à fait réussi grâce aux trois mille (et plus) spectateurs et une ambiance surchauffée qui témoignent d’une popularité encore vivace, bien que les ambiguïtés jalonnent son étrange campagne, électorale sans l’être tout en l’étant.
EN DÉPIT de la longueur de son discours (une heure et demie), les Français ne savent toujours pas si le ministre de l’Économie est candidat à la présidence, s’il a l’aval du président de la République, s’il entend se ranger à droite ou à gauche (il se dit de gauche, mais agit comme s’il ne renonçait à aucun des deux camps), pas plus qu’ils n’auront compris par quels moyens il entend faire progresser ses idées, conquérir le pouvoir ou seulement apporter un renfort à la candidature de M. Hollande. Le chef de l’État, pour le moment, apparaît comme son prestigieux complice. M. Hollande n’exprime aucun agacement, en tout cas pas en public, n’exige pas sa démission, ce qui laisse supposer que M. Macron travaille pour lui, mais on a du mal à s’en convaincre, et continue à l’observer comme un enfant regarde au zoo un lion dans sa cage avec des sentiments partagés entre la terreur et l’étonnement admiratif qu’inspire une si belle bête.
Rupture avec Valls.
Ce dont l’on peut être sûr en revanche, c’est que les liens sont rompus entre Manuel Valls et Emmanuel Macron. Excédé par une question qui lui a été posée peu de temps avant le spectacle de la Mutualité, M. Valls a déclaré : “Il est temps que tout cela s’arrête”. Autrement dit, s’il n’en tenait qu’au Premier ministre, M. Macron serait déjà limogé et poursuivrait ses chimères en dehors de toute fonction ministérielle, comme nombre des candidats à la primaire. Ce qu’il y a entre le président et son ministre de l’Économie est encore indéfinissable. On ne peut exclure l’idée que M. Hollande semble quelque peu fasciné par l’audace de M. Macron et que, conformément à sa manière de réfléchir, il se demande si c’est du lard ou du cochon, si le jeune homme est récupérable ou s’il est lancé dans une course irrésistible au terme de laquelle il assurerait sa propre victoire ou, au contraire, contribuerait à celle du chef de l’État, trop impopulaire pour refuser du sang neuf. Avec Manuel Valls, en revanche, c’est l’affrontement éternel entre César et Brutus. Car M. Valls a incarné pendant plusieurs années la quasi totalité du réformisme socialiste et voilà que ce petit ministre, venu de nulle part, mais bourré de talent et d’ambition, vient lui voler cette qualification. C’est le Premier ministre qui essuie tous les quolibets, toutes les critiques, toutes les algarades, c’est le ministre de l’Économie que ses partisans ont porté aux nues mardi soir.
Le commentaire du maire de Lyon.
Sur ce point, Gérard Collomb, maire de Lyon, ancien soutien de Valls qui a rallié Emmanuel Macron, a été très clair dans une entretien avec “le Figaro” de ce matin : “Le Premier ministre, que j’apprécie beaucoup, est désormais trop lié au président pour être en mesure de se lancer”. Cela signifie que M. Valls est laminé par l’impopularité de son patron, que M. Hollande n’a rien à attendre de M. Macron, que le courant vallsiste perd ses troupes au profit de M. Macron et que, au moins dans l’esprit de ceux qui applaudissent l’action du ministre, il ne peut qu’être candidat à la présidence de la République.
Ce qui est sûr, et compte tenu du succès de la soirée du lancement du mouvement En marche !, c’est que le ministre de l’Économie a introduit dans un paysage électoral extraordinairement compliqué une nouvelle donnée dont il faut tenir compte impérativement. L’analyse de M. Collomb est d’une grande limpidité. Il existe aussi un courant réformateur au sein de la gauche, elle n’est pas composée que de frondeurs. M. Macron est celui qui la représente et, semble-t-il, mieux que M. Valls. Il constitue une force politique destinée à contrer la pléthore des ultras socialistes, de Martine Aubry à Arnaud Montebourg, prêts à entrer dans la bataille. M. Macron, lui, doit réunir autour de sa personne tous les autres socialistes et même des gens du centre. Selon un sondage Odoxa publié hier par “le Parisien”, 36 % des Français souhaitent que M. Macron se présente à la présidence, contre 14 % pour M. Hollande et 26 % pour M. Valls. Tous ceux qui font de la politique feraient bien de ne pas négliger la campagne d’Emmanuel Macron.
RICHARD LISCIA
Source : http://blog.richardliscia.lequotidiendumedecin.fr/
Hollande prévient Macron: quand on «ne respecte pas les règles», on «ne reste pas» au gouvernement
François Hollande a estimé qu’il y a « des règles essentielles » dans un gouvernement lors de son allocution télévisée du 14 juillet. « Il y a deux règles, a jugé le chef de l’Etat. La première c’est la solidarité, l’esprit d’équipe. La deuxième c’est la nécessité de servir jusqu’au bout, il n’y a pas de démarche personnelle dans un gouvernement ». « Respecter ces règles, c’est rester au gouvernement. Ne pas les respecter, c’est ne pas y rester », a ajouté François Hollande dans une forme d’avertissement à l’égard de son ministre.
« Emmanuel Macron, il m’accompagne depuis 2012 comme conseiller puis comme ministre de l’Economie. Il a mené des réformes, il en mène encore. Il a des idées, il veut rencontrer les citoyens, et là-dessus c’est utile. Il faut toujours aller à la rencontre des autres, proposer des idées nouvelles », a répondu François Hollande, avant de le rappeler à l’ordre.
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