L’Israélien épargne de plus en plus : en 2015, le taux d’épargne atteignait 12,1% de son revenu disponible net, un record depuis plus de vingt ans.
Le comportement financier du consommateur israélien est en train de changer. Il y a quelques années, il consacrait presque tout son revenu à des achats de biens et services ; il n’hésitait pas aussi à s’endetter fortement si son revenu ne lui suffisait pas à assouvir sa soif de consommation.
Or depuis environ deux décennies, il semble que la tendance à la consommation à outrance s’estompe : l’Israélien pense davantage à son avenir. Résultat : il met de plus en plus d’argent de côté pour ses vieux jours, ou pour s’assurer contre les coups durs que la vie peut lui réserver.
PELOTON DE TÊTE DE L’OCDE
En 2015, le taux d’épargne de l’Israélien a battu un nouveau record : celui-ci a épargné 12,1% de son revenu disponible, soit le taux le plus élevé des vingt dernières années. C’est ce qui ressort des derniers chiffres que vient de publier le ministère des Finances à Jérusalem.
Comparé aux pays développés de l’OCDE, Israël figure dans le peloton de tête pour l’épargne des ménages ; en 2015, son taux d’épargne était classé au septième rang des 34 pays membres de l’OCDE. Israël était devancé par les seuls pays scandinaves, la Hollande et la Corée du Sud.
INÉGALITÉS DEVANT L’ÉPARGNE
Certes, le taux d’épargne n’est pas le même pour toutes les couches de la population. L’âge du chef de famille est un facteur déterminant du niveau de l’épargne. Contrairement à une idée couramment admise, les jeunes Israéliens aussi épargnent une proportion importante de leurs revenus. Si le taux d’épargne des jeunes âgés de 25 à 29 ans était de 11,6%, il montait à 15,8% dans la tranche d’âge des 30-39 ans et atteignait les 20,5% à 45-49 ans.
Le taux d’épargne moyen du pays (12,1%) cache aussi des disparités selon les niveaux de revenu : comme ailleurs, plus l’Israélien est riche et plus il épargne. Parmi les 10% d’israéliens les plus pauvres, le taux d’épargne est même négatif : – 25%. Ce qui signifie que les dépenses des foyers les plus pauvres sont supérieures à leurs revenus, les obligeant à consommer à crédit. En revanche, parmi les Israéliens les plus riches, le taux d’épargne atteint 30% de leurs revenus disponibles.
POURQUOI L’ÉPARGNE AUGMENTE ?
Les économistes du ministère israélien des Finances s’intéressent aux motivations qui poussent les ménages à épargner de plus en plus. Ils en ont dénombré au moins cinq.
Première raison : l’espérance de vie s’allonge. Malgré le recul de l’âge de la retraite, l’Israélien a conscience qu’il vivra de plus en plus longtemps, d’où sa tendance à épargner pour s’assurer une retraite dorée.
Deuxième raison : la génération du baby-boom approche de la retraite. L’effectif des Israéliens nés dans les années 1946 à 1964 est particulièrement fort dans la population totale ; ils approchent de la retraite, ce qui les pousse à accroître leur épargne.
Troisième raison : les inégalités augmentent. De façon générale, la propension à épargner augmente avec le revenu. La société israélienne compte de nombreux pauvres et beaucoup d’inégalités sociales ; mais au cours de la dernière décennie, beaucoup de riches qui se sont encore enrichis, ce qui a relevé leur taux d’épargne.
Quatrième raison : le passage à la retraite par capitalisation s’accélère. La retraite israélienne a changé de mode de financement. Au cours des deux dernières décennies, le système israélien est passé d’une retraite par répartition à une retraite par capitalisation, d’où la nécessité d’accumuler un capital pour ses vieux jours.
Cinquième raison : la retraite complémentaire est devenue obligatoire. C’est en 2008 que la retraite complémentaire obligatoire a été instituée pour les salariés israéliens. D’où la prise de conscience de la nécessité d’épargner pour bénéficier d’une retraite plus substantielle.
Jacques Bendelac (Jérusalem)
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