Selon le président de l’Observatoire international du terrorisme, l’attaque menée dans les Yvelines, qui a conduit à la mort de deux policiers, montre qu’un « terrorisme du quotidien » s’est installé.
Que signifie l’attentat perpétré lundi soir ?
Cela vient d’une théorie développée par les stratèges de Daesh. Elle est diffusée sur Internet et donne de nombreuses indications à ceux qui souhaitent agir pour le jihad. On y trouve des conseils : s’imprégner de la stratégie de Daesh, ne pas attendre d’être contacté pour attaquer, agir dans la clandestinité, utiliser des personnes de confiance pour se faire aider… Mais aussi la marche à suivre pour surveiller une cible, les armes à utiliser. Il y a même des conseils juridique en cas d’arrestation. C’est digne d’une organisation de renseignement, un véritable kit de préparation pour apprenti jihadiste.
L’attaque des Yvelines prouve-t-elle que les cibles ont changé ?
Auparavant, nous étions dans des cibles « classiques » : la chrétienté, la communauté juive. Mais depuis plusieurs mois se sont ajoutés les militaires, à cause de l’intervention au Moyen-Orient. Mais aussi les policiers, les magistrats, les politiques. Celui qui veut passer à l’acte n’a plus qu’à faire son marché. Dans le cas d’Orlando, il s’agissait d’une attaque contre la communauté gay.
Le danger est donc plus grand pour les autorités, face à ces loups solitaires…
Aujourd’hui, les attaques sont de plus en plus difficiles à prévoir, car les services de renseignement sont focalisés les attentats de masse, les attaques kamikazes sur l’euro, le Tour de France, le 14 juillet. Mais à côté de ces maillons forts, il y a aussi les maillons faibles, les isolés. Si l’opération réussit, Dash le revendique. Le groupe subit des revers en Irak et en Syrie face à la coalition internationale, donc il en profite pour asseoir sa propagande. Aujourd’hui, la menace est donc protéiforme. Elle va du couteau à la bombe sophistiquée.
Pensez-vous que ce type d’attaque va se multiplier ?
Malheureusement, oui. Nous devons apprendre à vivre avec ce terrorisme du quotidien. D’autant plus qu’avec la pression mise sur les allez-retours vers les zones de combats, le terrorisme intérieur va être de plus en plus actif. Ceux qui sont en Occident n’ont plus besoin de recevoir d’ordres ou d’aller se former. L’autre menace est le fait que Daesh va, petit à petit, s’éteindre à petit feu en Irak et en Syrie. Les jihadistes partis sur place vont revenir, créant un éparpillement très inquiétant à travers le monde.
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