Cette soirée, organisée mercredi a été marquée par la projection du film documentaire « Ya Hessra Douk Li Yam » et la présentation de l’ouvrage intitulé: « Réhabilitation des cimetières juifs du Maroc. Les maisons de la vie », en vue de rendre hommage au patrimoine juif marocain et son apport à l’histoire et la civilisation multiséculaire du Royaume.
L’ouvrage « Réhabilitation des cimetières juifs du Maroc. Les maisons de la vie « , retrace, comme son nom l’indique, les résultats du programme de réhabilitation des cimetières juifs au Maroc.
Lancée en 2010 à l’initiative de SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, la réhabilitation des cimetières juifs du Maroc a duré cinq années et permis de revisiter le patrimoine funéraire juif marocain.
« C’est tout le patrimoine funéraire juif marocain qui a été revisité apportant avec lui la preuve manifeste de l’enracinement des communautés juives dans l’histoire et dans la géographie de notre pays », a affirmé M. Serge Berdugo, ambassadeur itinérant de SM le Roi et secrétaire général du conseil des communautés israélites du Maroc, en présentant ce livre.
« Ce sont des pages entières d’archives de terre et de pierre que nous ont restitué au fur et à mesure ces 167 sites réhabilités », a relevé M. Berdugo, précisant que cette initiative a permis de réhabiliter 167 cimetières, construire plus de 40 kilomètres de murs, rénover 169 portes de cimetières, outre 200.000 mètres carrés de pavement et l’édification de dizaines de bâtiments et dépendances.
Il a ajouté qu’il s’agit d’une action « unique à tout égard » et qu’il faut en tirer toutes les leçons « car elle illustre de façon éloquente la profondeur des valeurs qui fondent notre civilisation et nos traditions » précisant que ces réalisations ont été présentées à l’Institut du Monde Arabe (IMA) à Paris, au Sénat américain et au musée MoMa de New York. L’ambassadeur itinérant de SM le Roi a fait observer que les cimetières, qui portent le nom de « Maisons de la vie » dans la tradition juive, « témoignent des liens indéfectibles de ces communautés juives locales et leurs terroirs, leurs douars dans les montagnes et leurs villages d’origine ».
« Préserver la mémoire de ces lieux, c’est restituer la parole à ces communautés, car vivants et morts ont encore tant d’histoire à nous dire », a-t-il dit ajoutant que ces cimetières sont « les témoignages de la diversité culturelle et des composantes multiples du judaïsme marocain et de ses différentes origines (autochtones beldiyin, sefaradim expulsés de la péninsule ibérique ».
Pour le secrétaire général du conseil des communautés israélites du Maroc, la réhabilitation des cimetières juifs constitue « la manifestation éclatante de la volonté du Maroc de Mohammed VI de prendre en compte et de prendre soin de toutes ses racines pour construire son avenir comme l’a consacré le préambule de la Constitution de juillet 2011 ».
Quant au film, « Ya Hessra Douk Li Yam », réalisé par Serge et Mark Berdugo, projeté lors de cette soirée, il s’agit d’une œuvre documentaire qui retrace des facettes de la vie des juifs marocains des années 1950.
Référence pour les historiens et ethnologues, ce film rend hommage à Aaron Zédé Schulman, né en 1890 et arrivé au Maroc en 1913 où il a vécu jusqu’à son décès en 1981.
En véritable explorateur, il va à la rencontre des juifs amazighs puis des séfarades des villes.
« Il aura été un témoin attentif sillonnant le pays, muni de sa caméra, captant ainsi des tranches de vie des juifs marocains, enregistrant leurs chants, danses, fêtes, deuils, coutumes, costumes et métiers », a affirmé M. Berdugo ajoutant que Zede Schulman « mérite notre reconnaissance et notre respect pour avoir sauvé de l’oubli les traces de la communauté juive du Maroc et d‘une époque aujourd’hui révolue ».
Le livre met en exergue l’hommage émouvant rendu à SM le Roi Mohammed VI et à feu SM Mohammed V par 26 grands rabbins de plusieurs pays européens, d’Amérique du Nord et d’Amérique Latine.
Ces rabbins affirment qu’ils « n’oublieront jamais la noblesse des actes » de feu SM Mohammed V « qui, durant la Shoah, alors que le mal sévissait en Europe et que des menaces meurtrières pesaient sur les juifs en Europe, s’est dressé sans aucune hésitation, tel un rempart, pour protéger les juifs du Maroc et ouvert les portes du pays aux juifs d’Europe qui fuyaient l’horreur et l’enfer qui s’abattaient sur le continent ».
Les rabbins assurent également qu’ils « n’oublieront pas non plus le message adressé en 2009 par Sa Majesté Mohammed VI à la conférence Aladin à l‘UNESCO ».
De son côté, le ministre de la Culture, Mohamed Amine Sbihi, a relevé que le patrimoine culturel judéo-marocain transmet aux nouvelles générations l’héritage du vivre ensemble.
A travers ses sites historiques, synagogues, mellahs, expressions culturelles et artistiques, le patrimoine judéo-marocain « témoigne d’une histoire commune et multiséculaire, et transmet aux nouvelles générations un héritage dont la valeur est inestimable et qui a caractérisé le Maroc de nos ancêtres, celui du vivre ensemble », a-t-il dit expliquant que cette coexistence millénaire a été relatée par des écrivains marocains à travers des récits et études, dont ceux d’Edmond Amran El Maleh, Haïm Zafrani, Simon Levy et Mohammed Kenbib.
« Si le Royaume ne compte plus que quelques milliers de Marocains de confession juive, il demeure que la communauté juive marocaine garde un poids important, et que le judaïsme marocain est fort de sa diaspora estimée à environ un million de personnes attachées à leurs pays et confortées dans leur appartenance par l’avancée du Maroc sur la voie de la démocratie, de la modernité, du respect des droits de l’homme ainsi que de la reconnaissance officielle d’une culture nationale aux multiples composantes et affluents », a ajouté le ministre.
Abondant dans le même sens, le ministre des Habous et des affaires islamiques, M. Ahmed Toufiq, est revenu sur sa participation, sur hautes instructions de SM le Roi Mohammed VI, à la présentation du programme de réhabilitation des cimetières juifs au Maroc à Paris, Washington et à New York, estimant que cette initiative constitue un exemple de la perspective positive du devoir envers l’histoire.
« Le patrimoine culturel juif du Maroc compte quelque 2500 titres écrits et produits avant le 20-ème siècle par les juifs marocains, caractérisés par une originalité dans différents domaines », a-t-il noté, soulignant que les patrimoines juif et musulman du Maroc convergent sur bien de plans.
Cette soirée constitue une opportunité de « célébrer notre pluralisme et diversité, l’exceptionnelle richesse de notre identité qui sait additionner toutes nos histoires, spiritualités, civilisations et sensibilités », a affirmé, pour sa part, M. André Azoulay, Conseiller de SM le Roi, dans une déclaration à la presse en marge de cet événement, dans lequel il voit le reflet d’un Maroc « de la modernité et de l’altérité ».
Cette soirée a été marquée par la présence également du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres, Lahcen Daoudi, et d’une vingtaine d’ambassadeurs dont ceux des Etats-Unis, de la Fédération de Russie, de France et d’Allemagne, ainsi que d’Ira Forman, envoyé spécial de président américain contre l’antisémitisme.
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