La 23e réunion du comité international de liaison catholique-juif s’est tenue à Varsovie, en Pologne, du 4 au 7 avril 2016. Cette entité, qui se réunit une fois tous les deux ans, a été créée en 1971 pour formaliser la relation officielle entre le Saint-Siège et la communauté juive dans le monde.
Cette session a été co-présidée par le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l’Unité des chrétiens et de la Commission du Saint-Siège pour les relations avec le judaïsme, et par Martin Budd, président du Comité international juif pour les consultations interreligieuses.
Rappelant que cette instance de dialogue est le fruit direct du Concile Vatican II et de la Constitution Nostra Aetate, dont le 50e anniversaire a donné lieu à plusieurs commémorations en 2015, les deux parties ont rappelé que la Pologne constituait un «lieu approprié pour cette rencontre», étant à la fois une terre de «développements importants et productifs à la fois pour la culture juive et catholique» mais aussi «au XXe siècle, la scène de certains des évènements les plus horribles de l’histoire mondiale», une allusion explicite à la Shoah. Il a été rappelé que trois catholiques polonais figurent parmi les « Justes parmi les nations » honorés à Yad Vashem. Les participants à cette réunion ont visité le camp d’extermination de Treblinka, affirmant leur engagement pour «ne jamais permettre que cette tragédie soit oubliée, et ne jamais permettre au monde une telle négation de l’humanité et de la dignité de tout être humain, que ce soit en raison de sa race de sa religion ou d’une appartenance ethnique».
La session avait pour thème « »L’autre » dans la tradition juive et catholique : les réfugiés dans le monde d’aujourd’hui». Les intervenants ont évoqué cette représentation de l’altérité dans leurs traditions religieuses respectives, en évoquant «la tension dialectique entre le particulier et l’universel». Ils ont souligné l’importance de l’acceptation de l’autre comme «une composante essentielle de la compréhension de chaque tradition». Le devoir d’aimer l’étranger est présent dans l’Écriture Sainte, mais la crise migratoire actuelle engendre au sein des communautés des inquiétudes sécuritaires, et une peur du changement.
En lien avec ces tensions croissantes, les différents intervenants ont aussi manifesté leur solidarité face, d’une part, à la résurgence de paroles et d’actions antisémites en Europe et ailleurs, qui nécessitent «des programmes éducatifs pour les combattre» et face à la persécution des chrétiens qui s’est amplifiée notamment au Moyen-Orient et en Afrique. Ils ont rappelé la «responsabilité morale» des responsables juifs et catholiques d’être «une voix pour les sans-voix».
Après avoir visité une agence catholique de service social et le musée de l’histoire des juifs de Pologne, ils ont aussi souligné le rôle important des juifs et des catholiques dans la Pologne contemporaine, saluant aussi «l’expérience polonaise de transition du communisme, avec ses répressions, vers la liberté d’étude et d’expression de la foi religieuse dans une nouvelle société».
Ils ont réaffirmé leur «engagement pour un dialogue ouvert et constructif», de façon à faire de ce dialogue «un modèle pour la compréhension interreligieuse et interculturelle dans le monde, plus particulièrement avec les leaders religieux de la communauté musulmane».
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