Un article paru dans le 22e numéro d’Al-Naba, l’organe officiel de l’Etat islamique (EI), intitulé « Beit Al-Maqdis – d’abord et avant tout une question de loi de la charia », définit la position de l’organisation sur la Palestine et la guerre contre Israël, aussi bien d’un angle idéologique que pratique. Selon l’article, la lutte contre Israël n’a pas la priorité sur le djihad contre les infidèles ailleurs dans le monde ; le combat intérieur contre les infidèles – dirigeants et gouvernements musulmans – passe avant. Le fait de mettre en avant la guerre contre Israël représenterait une déviation des principes islamiques, le djihad ayant pour objectif d’instaurer la religion et d’appliquer la loi de la charia.
Le monde entier, à l’exception des zones contrôlées par l’EI, étant gouverné par des infidèles, l’article s’interroge sur la priorité d’une guerre contre les juifs sur une lutte contre les autres infidèles. Il indique également que limiter l’objectif du djihad à la guerre contre les juifs est une altération interdite des lois d’Allah. De l’avis de l’EI, si l’on veut hiérarchiser le djihad, la priorité est de libérer les lieux saints islamiques de la Mecque et de Médine des griffes de la famille royale saoudienne.
En tous lieux, le combat contre les infidèles est le devoir des habitants musulmans de la région la plus proche. Ainsi, à ce stade, la majorité des efforts devraient être consacrés à renverser les régimes des pays avoisinant la Palestine. La lutte contre Israël doit être laissée aux Palestiniens. Malgré tout, l’EI appelle les musulmans du monde entier à le soutenir, y compris en attaquant les juifs et leurs alliés partout où ils le peuvent.
L’article s’attaque aux régimes nationalistes arabes, aux mouvements de gauche et aux mouvements chiites, notamment le Hezbollah – qui sanctifient la cause palestinienne et en font le principal problème des musulmans. Il condamne notamment les mouvements islamistes – une allusion aux Frères musulmans et au Hamas – qui utilisent la cause palestinienne comme un pôle de rassemblement des masses. Le fait d’apporter une « fondation défectueuse » à leur idéologie est présenté comme une faute.
Par ailleurs, l’article réfute les accusations des mouvements et groupes islamistes rivaux selon lesquelles l’EI s’abstient de combattre Israël et néglige la Palestine, et informe les partisans de l’EI des positions de l’organisation sur cette question. Notons que l’article cite une déclaration du chef de l’EI, Abu Bakr Al-Baghdadi, dans un discours enregistré en décembre 2015, rappelant que l’EI n’a pas oublié la Palestine.
Politiquement les dirigeants du nouveau « califat de sang » en construction sont loin d’être stupides. Ils sont méthodiques et l’on sent que tout ceci est murement pensé et réfléchi depuis longtemps et même beaucoup plus longtemps qu’on ne l’imagine.
De plus ils voient bien que si Israël est grand comme un mouchoir de poche, il est surarmé avec des militaires déterminés et compétents prêts à se battre et à frapper fort pour la survie de leur pays, comme le passé l’a montré. Et tout risquer dans l’immédiat pour ce minuscule territoire au regard des immensités qui s’offrent à eux en Orient et en Afrique serait effectivement une erreur dans leur plan.
De plus l’EI avec ses attentats meurtriers indique bien aux européens que leur politique pro-palestinienne toute azimut allant jusqu’à autoriser chez elle la propagande calomnieuse de ces derniers et offrir les juifs en pâture à ses multitudes musulmanes, ne les protège en rien de l’islamisme extérieur et intérieur : l’expansion du califat est prioritaire et la re-islamisation des musulmans en Europe se poursuit.
Et pour l’instant ce n’est pas vraiment Israël qui s’oppose au califat mais les USA, l’UE et surtout la France au Levant ET en Afrique.