« L’origine de la violence » : Elie Chouraqui signe son retour

Elie Chouraqui sera présent demain, mercredi 16 mars, aux Rencontres cinématographiques du Sud pour présenter au Pandora, à Avignon, son dernier film en avant-première “L’origine de la violence”. Le cinéaste retrouve pour l’occasion son acteur fétiche Richard Berry autour d’une histoire de famille douloureuse et ses secrets. Élie Chouraqui est un homme entier qui se dit “apaisé” avec l’âge mais qui garde un regard acéré sur le monde qui l’entoure.chouraqui_origine_violence

“L’origine de la violence” est un film sur la famille et ses secrets : ce sujet vous inspire toujours ?« Plus que jamais. On vient tous de quelque part : aucun cinéaste ne peut prétendre ne pas avoir d’influence, il est le résultat de ses prédécesseurs et essaie de se construire en se démarquant. On ne peut pas se contenter de créer sans avoir de la reconnaissance, c’est un peu l’histoire de la famille aussi qu’elle soit celle du cinéma ou celle plus intime, qui nous entoure ».

Les attentats de Paris donnent-ils une résonance particulière à votre film ?« Oui et non. La violence est de toutes les époques. Ce qui s’est passé à Paris est terrible et même si le sujet de mon film n’est pas celui-là, la violence n’en reste pas moins d’actualité, ce qui pour le coup donne un sens différent au film. Cette actualité amplifie le propos. Le passé et les origines sont importants. Celui qui est à plaindre est celui qui les rejette. Pour se comprendre, il faut comprendre d’où l’on vient ».

La montée de l’antisémitisme vous inquiète-elle ?« Toutes les extrêmes m’angoissent et celle de l’antisémitisme me rend surtout méfiant. C’est un problème mondial qui se joue actuellement, ça ressemble terriblement à du fascisme et il faut s’emparer du problème avant qu’il ne soit trop tard. Mais je préfère garder espoir pour que les générations qui viennent trouvent la solution à ce danger qui nous concerne tous ».

Votre rapport au milieu du cinéma a parfois été tendu. Où en êtes-vous aujourd’hui ?« Tout ça est apaisé, en partie parce que moi aussi je me suis apaisé avec l’âge. »

Des initiatives comme celle des Rencontres entre artistes et exploitants ont-elles du sens pour vous ?« C’est très important, c’est la seule manifestation du genre que je connaisse qui nous permette de rencontrer des exploitants. Quand j’écris un scénario dès la première phrase je me pose la question de savoir si un exploitant de salle va vouloir se battre pour avoir mon film dans son cinéma. Ils font un travail formidable et je sais que ça n’est pas facile. Que ça se passe à Avignon est une double raison de s’en réjouir ».

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1 Comment

  1. Ce film d’Elie Chouraqui, « L’origine de la violence » prend une consonance particulière au regard de la courte période où j’ai côtoyé son auteur.
    C’était septembre ou octobre 1967, au lendemain de la guerre des 6 jours.
    Moi, juif tunisien, extradé par le contexte politique et un lycée francais à Tunis qui tardait à reprendre les cours, mes parents avaient trouvé, la mort dans l’âme, une plaçe en 2ème technique, en pension, au lycée J.B.SAY. Le choc était, à 16 ans, terrible. Un lycée de la pure époque napoléonienne, avec sa cour grise bétonnée, entourée de bâtiments et agrémentée de 4 oû 5 imposants marronniers. Une vrai caserne! J’y entrais le dimanche soir, pour en sortir le samedi, après les cours. Apres un lycée posé comme un diadème sur une colline, avec les amis et les « boom » du samedi après-midi….
    Donc, un soir, dans cette cour napoléonienne, je me retrouve où pour une raison futile et oubliée, comme un coq devant un autre pensionnaire, près à en découdre.
    A ce moment, je vois surgir entre nous, très calme, avec un petit sourire dédramatisant, un grand garcon mince, un peu plus âgé que moi, avec une grande tignasse de cheveux blonds frisés.
    Il me regarde droit dans les yeux, et me dit: Chana Tova ». C’est Roch Achanah !
    Je me retrouve déconcerté au plus haut point. D’abord, j’avais pas clamé que j’étais juif. C’était quelque chose qu’on gardait pour soi. Pas un secret, mais pas ecrit sur le front. Ensuite, pour être honnête, je ne savais même pas que c’était Roch Achanah! J’ai eu un grand moment de flou, où mes bras me sont tombés. C’était les fêtes juives qui commençaient, et j’étais dans un monde complètement chamboulé.
    Je ne sais de quelle violence parle Elie dans son film, mais la mienne était tombée comme un soufflé.
    Je voudrai rappeler que les juifs des pays arabes pouvaient ressentir de la violence, même si on ne parle que de celle des palestiniens, très médiatisée et à fleur de peau. La colère des juifs, déracinés des pays arabes, n’a jamais été soulignée. Ils ont juste mis une croix sur leur vie passé, le temps d’une traversée en bâteau, et ont construit une existence nouvelle. Peut-être que notre histoire s’est confondue avec le retour des rapatriés d’Algérie……
    Un petit clin d’œil à Élie s’il me lit, et qu’il se souvient de ce petit événement de cour de pension.

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