Des chiffres et des lettres par Marc Fiorentino

Cette nuit, la Bourse a connu une révolution de palais. Alphabet, la maison-mère de Google, est devenue la première capitalisation boursière du monde à la suite de l’annonce de profits spectaculaires. Apple a été détrôné. Rappelons que Google a été créé seulement en septembre 1998. En moins de 20 ans, deux jeunes de 25 ans ont pris la tête du capitalisme mondial. Inouï.

 

LES GROS CHIFFRES DE L’ALPHABET

17.8% de hausse du chiffre d’affaires à 21.33 milliards de dollars en un seul trimestre. Des profits de 4.9 milliards de dollars. Et pour la première fois, les chiffres des « other bets », les autres paris hors internet de Google. Comme prévu, les revenus générés sont minuscules, 150 millions de dollars, et les pertes élevées, 3.52 milliards de dollars sur l’année, mais Google a les moyens de financer ses rêves ou ses délires d’avenir. Chapeau.

TRUMP BATTU

C’est la grande surprise de ces premières primaires. Cruz a gagné l’Iowa avec 28% des voix contre 24.3% pour Trump et 23.1% pour Rubio. Une quasi-certitude maintenant: le futur candidat républicain sera d’origine cubaine. Clin d’œil de l’histoire à l’heure où les États-Unis rétablissent leurs relations avec l’île de Fidel Castro. Du côté Démocrate, Clinton devance de peu Sanders mais elle devrait l’écraser lors du Super Tuesday du 1er Mars.

LE MONDE EST FOU

Nouveaux records hier à la baisse des taux d’intérêt. Et une question : jusqu’où les taux d’intérêt peuvent-ils baisser ? On a cru pendant des décennies que zéro était le plancher. Puis on a découvert les taux d’intérêt négatifs. Récemment. Et maintenant il semble qu’il n’y ait pas de limite dans ce territoire nouveau des taux d’intérêt négatifs. Hier c’est encore l’Allemagne qui a battu des nouveaux records. L’État allemand peut emprunter à 5 ans en recevant, non pas en payant, en recevant 0.32%. Même si on le sait, je ne m’habitue pas au fait que des investisseurs paient 0.32% par an pour que l’État allemand daigne leur prendre leur argent.

L’ABERRATION TOTALE

Retenez bien ce chiffre : aujourd’hui un quart des emprunts d’état traités dans le monde ont des taux négatifs. Un quart. C’est phénoménal. Et le plus phénoménal c’est que malgré ces taux, la demande est toujours aussi forte. Mais pourquoi ? Pour deux raisons. Il y a trop d’argent dans le circuit, beaucoup trop d’argent. Les banques centrales continuent à arroser le monde dans le but de relancer l’économie. Mais les investisseurs qui bénéficient de cette manne ne jouent pas le jeu. Ils ne l’investissent pas dans l’économie réelle. Ils le stockent à taux négatifs. Parce qu’ils n’ont pas confiance dans l’économie mondiale et trouvent même qu’à moins 0.30%, il n’y a pas de placement plus sûr et plus rémunérateur. Il ne faut surtout pas s’habituer aux taux négatifs et penser que c’est une situation normale. C’est une aberration économique et financière totale. C’est le symptôme de la croissance mondiale molle et de la déflation et le signe que le traitement de la maladie n’est pas le bon.

POUTINE ET LES BIJOUX DE FAMILLE

Face à la perte de revenus de l’État due à la baisse du pétrole, Poutine a décidé de privatiser 7 symboles de l’économie russe comme Aeroflot ou Rosneft. Pas d’autre choix pour tenter d’équilibrer son budget. Peut-être va-t-il aussi enfin se décider à changer de modèle économique et à ne plus se reposer uniquement sur les revenus pétroliers ?

LE MADOFF CHINOIS

7.6 milliards de dollars. Qui dit mieux ? C’est la somme qu’aurait détournée dans un gigantesque Ponzi scheme, la plus grosse plateforme de crowlending chinoise, Ezubao. Elle promettait une rémunération de 15% aux prêteurs. 1 million de Chinois se seraient faits ainsi pigeonner. Des pigeons laqués (nul, je sais, mais je n’ai pas pu m’empêcher).

UN AUTRE TABOU FRANÇAIS

Le gouvernement n’a pas touché aux 35 heures. Et maintenant il évoque le sujet des indemnités de chômage et leur dégressivité. Nous avons le système d’indemnisation de chômage le plus généreux du monde. Ne vous excitez pas. Le gouvernement en parlera, Macron fera une ou deux sorties sur le sujet, Valls le recadrera, chacun jouera son rôle dans cette petite comédie, mais rien ne sera fait.

J’AI TESTÉ POUR VOUS

Le comparateur gouvernemental de tarifs bancaires. On a l’impression d’un voyage dans l’Internet des années 90 tant le design et la facilité d’utilisation sont ringards. On ne peut pas comparer plus de 6 critères et on voit des acteurs totalement inconnus alors que certaines banques, notamment en ligne comme Hello Bank, n’apparaissent pas. L’intention est bonne. Le résultat médiocre. La marque de fabrique de ce gouvernement.

LE GUIDE MICHELIN

avec deux nouveaux restaurants qui obtiennent trois étoiles. Michelin a pris des gros risques en couronnant des petits restaurateurs bossant dans des petits hôtels inconnus: Ducasse au Plaza Athénée et Le Quer à l’Hôtel George V.

UNE PAGE QUI SE TOURNE

Encore une. Après Rocky Balboa qui se bat contre un cancer, voilà Cindy Crawford qui décide de prendre sa retraite à 50 ans. Notre génération traverse une phase difficile.

LE SCOOP DU JOUR

Notre chef de guerre veut encore en découdre. Après le Mali et la Syrie, le voilà qui préparerait selon le Figaro un plan pour une intervention en Libye. Hollande marche sur les traces de Sarkozy. C’est vrai que l’intervention de Sarkozy en Libye avait été une brillante idée.

UNE DOUCHE AU PÉTROLE

Le tarif quotidien sur le marché du pétrole, c’est une variation de 5 ou 6%. De hausse quand on espère une réunion de l’OPEP pour contrôler la production, de baisse comme hier quand ces rumeurs sont démenties par les Saoudiens. Le brut américain est retombé à 30 dollars ce matin.

Extrait du Morning Zapping de Marc Fiorentino MonFinancier.com