Régionales : l’effondrement du Front de gauche

« Un échec », « des campagnes illisibles »… Au lendemain de résultats électoraux désastreux, les leaders du Front de gauche n’ont pas de mots assez durs pour critiquer la stratégie de ce cartel de partis né en 2008 pour concurrencer le parti socialiste.

Lors du premier tour des régionales, le 6 décembre, l’alliance des partis de « l’autre gauche » (parti de gauche, parti communiste, Ensemble !…) n’a recueilli qu’environ 4% des suffrages (2,51% pour les listes Front de gauche et 1,55% pour les listes du Parti communiste). Lors du second, le Front de gauche n’a réussi qu’à faire élire 40 conseillers régionaux dans toute la France, contre 110 auparavant, selon Le Figaro.
Face à cette débâcle, le constat dressé par le porte-parole du PCF Olivier Dartigolles est sans appel : « Le Front de gauche, qui a été créé justement en 2008 pour éviter ce qui est en train de s’installer dans la politique française, est un échec », note-t-il dans une interview à Marianne.
L’ancien candidat à l’élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon, qui avait recueilli 11,10% des suffrages en 2012, dénonce dans les Inrockuptibles  » une campagne qui n’était même pas au niveau d’une campagne cantonale « . Selon le leader du Parti de gauche, le Front de gauche ne peut pas survivre dans sa forme actuelle :  » Quand les électeurs vont dans le bureau de vote, il y a deux bulletins sur lesquels il y a le logo FDG : que voulez-vous qu’ils y comprennent ? « 

Mélenchon charge les écologistes

et les communistes

Jean-Luc Mélenchon n’hésite pas à critiquer sévèrement ses alliés communistes mais aussi Europe Ecologie-Les Verts. L’eurodéputé évoque dans Les Inrockuptibles  » une bataille de chiens entre communistes et verts pour avoir les têtes de liste de l’opposition de gauche « . Il dénonce également un Front de gauche  » vidé de son contenu (…) pour une série d’élections locales dans lesquelles les appareillons misent 100 % de leur existence, car les cadres de ces organisations sont pour la plupart des élus régionaux « .
Concernant les écologistes, Jean-Luc Mélenchon avait critiqué en mai dernier l’attitude de la secrétaire nationale d’EELV Emmanuelle Cosse, qui avait décidé de mener une liste autonome en Ile-de-France.
Jean-Luc Mélenchon rêvait en effet de réitérer en Ile-de-France – et partout ailleurs – l’exploit des municipales de 2014 à Grenoble, où la liste de l’écologiste Eric Piolle, soutenue notamment par le Parti de gauche, l’avait emporté contre la liste socialiste soutenue par le PCF.
Mais là encore, cette stratégie est un échec. En Auvergne-Rhône-Alpes, la liste de Jean-Charles Kohlhaas (EELV-PG-Ensemble-Nouvelle Donne) ne recueille par exemple que 6,9% des suffrages. Les relations entre Jean-Luc Mélenchon et la direction d’Europe Ecologie-Les Verts s’étaient de toute façon sensiblement tendues après la parution, en mai, de son livre Le Hareng de Bismarck, qu’avait violemment critiqué Cécile Duflot.

À 16 mois de la présidentielle

Les appels à la rénovation se succèdent donc à gauche. Clémentine Autain espère un très large rassemblement qui  » dépasse les querelles des personnes, les intérêts de boutique « . Jean-Luc Mélenchon prône, pour sa part, la création d’un  » véritable Front populaire « . Il prévient également, dans les Inrockuptibles :  » Il est normal qu’il y ait débat, mais tout le monde doit balayer devant sa porte. »
Structure, programme, stratégie électorale, moyens de lutte contre le FN… Tout est à reconstruire pour les partis membres du Front de gauche. Pour eux, le temps presse. Il ne reste plus que 16 mois avant le premier tour de l’élection présidentielle de 2017. Et il faudra encore désigner un candidat commun pour cette échéance. Et recueillir les indispensables 500 signatures…
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