Une liste abondante de personnalités, nationales et régionales, affichent leur soutien à la tête de liste des Républicains en PACA. Le fruit d’un réseau savamment entretenu pour un résultat incertain.
Quel est le point commun entre l’avocat chasseur de nazis Serge Klarsfeld, le recteur de la mosquée de Paris Dalil Boubakeur, l’ancien ministre de l’Education nationale Claude Allègre, Bernadette Chirac, les anciens footballeurs Basile Boli et David Ginola, la top model Estelle Lefébure, l’ancien patron du renseignement intérieur Bernard Squarcini, l’ancien patron d’EDF Henri Proglio ou encore la chanteuse de variété Priscilla Betti? Tous font partie de l’interminable comité de soutiens de Christian Estrosi aux régionales en PACA. Une liste digne d’une élection présidentielle, présentée en grande pompe le 23 octobre dernier. Nice-Matin comptabilisait alors pas moins de 129 noms, dont de nombreuses figures régionales.
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« Mais chaque jour, nous recevons de nouveaux soutiens », se félicite un proche du maire de Nice. Lundi, il a par exemple enregistré l’appui de Jean-Claude Delage, secrétaire général du puissant syndical de police Alliance. Un ralliement de plus, pas encore rendu public, qui tombe à point nommé en pleine période de grogne policière. La veille, c’est le présentateur Jean-Pierre Foucault qui avait rejoint la cohorte des soutiens. Un éclectisme mis bien en évidence sur le site de campagne de la tête de liste de Les Républicains (LR) en PACA.
« Nous sommes incapables de dire si cela aura un effet sur l’électorat », reconnaît un conseiller. « Mais c’est mieux de faire la transparence sur l’entourage et ceux qui aident notre candidat à élaborer un programme. J’aimerais bien savoir par exemple qui conseille Marion Maréchal-Le Pen, qui lui souffle ses idées… Philippe Vardon du Bloc identitaire ? », fait-il mine de s’interroger. La stratégie people n’est en tous les cas pas nouvelle chez Christian Estrosi.
En 2014, aux municipales de Nice, l’édile avait déjà monté un « comité de soutien » qui, se souvient avec délice son entourage, « avait déjà étonné les observateurs ». Notamment en raison de la présence du réalisateur Abdellatif Kechiche, Palme d’or 2013, plus connu pour sa défense du mariage pour tous que des élus de droite. Christian Estrosi est le seul candidat « capable de faire battre le Front National à Nice », expliquait-il alors.
UN REMPART CONTRE LE FRONT NATIONAL
Une motivation que l’on retrouve chez d’autres soutiens de Christian Estrosi comme Mourad Boudjellal, actionnaire principal du Rugby Club Toulonnais, ou Serge Klasrfeld. « C’est la raison essentielle de mon engagement », confirme à L’Express l’avocat. « Les gens de gauche n’ont aucune chance de gagner face au FN », détaille celui qui se dit « disposé » à soutenir de la même façon Xavier Bertrand, le candidat LR en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. « Si Martine Aubry s’était présentée, elle aurait davantage de chances de l’emporter que son poulain [Pierre de Saintignon, NDLR] et je l’aurais soutenue », confie Serge Klarsfeld qui entend ainsi préciser que son appui à Christian Estrosi est bien motivé par une stratégie anti-FN qu’une vision programmatique. Ce qui n’exclut pas des liens personnels. « Christian Estrosi est très attaché à la mémoire de la Shoah et a financé le voyage de 15 000 jeunes à Auschwitz », se félicite Serge Klarsfeld dont le père a été raflé par la Gestapo en 1943… à Nice justement.
Ancien ministre et président d’une métropole au coeur d’une région riche en entreprises de pointe, en centres sportifs et en villas de villégiature pour célébrités, Christian Estrosi a une bonne raison de connaître à peu près tout le monde. Enrico Macias? « Il a fait son premier concert à Nice et il compte dans le monde des rapatriés. » Le skieur Luc Alphand? « Il est originaire de Serre Chevalier [Hautes-Alpes, NDLR]. » Claude Allègre? « Croisé lorsque Christian Estrosi était à l’Industrie. » Henri Proglio? « Il a une maison à Antibes. » Dalil Boubakeur? « Il a une maison personnelle à Nice. Un homme précieux qui permet au candidat de désamorcer les polémiques », notamment celle sur la « cinquième colonne islamique ». Gérard Depardieu ? « Il a participé au lancement du Festival du film russe de Nice. »
UN COMITÉ D’EXPERTS EN SOUTIEN
« Nous avons commencé par approcher des figures locales, comme l’ancienne bâtonnière de Nice Marie-Christine Mouchan, confie l’entourage de Christian Estrosi. Le réseau était principalement constitué de chefs d’entreprises, de professionnels de la santé, de représentants du monde de la culture… Puis petit à petit, le cercle s’est élargi et des personnalités sont venus d’elles-mêmes apporter leur soutien. » Il en serait ainsi de Jean-Pierre Foucault, croisé par hasard par le candidat il y a une semaine dans une navette Air France Paris-Marseille.
Autre aide précieuse: le comité d’experts formé en juin pour plancher sur le programme et constitué notamment de la navigatrice Maud Fontenoy pour le développement durable, Jean-Jacques Aillagon pour la culture ou encore le directeur des Cahiers de l’Orient Antoine Sfeir pour les relations méditerranéennes. « Ils nous ont aidés à obtenir des soutiens », glisse l’entourage de Christian Estrosi qui assure que personne n’est dédié spécifiquement à cette tâche au sein de l’équipe de campagne.
» IL EST NORMAL QUE LE CANDIDAT M’INSTRUMENTALISE «
Des collaborations mises en avant quitte à les exagérer. Antoine Sfeir précise ainsi à L’Express que lui-même est davantage un « proche » du député marseillais Renaud Muselier, qu’il n’a déjeuné qu’une seule fois avec Christian Estrosi et qu’il n’a participé à aucune autre réunion avec lui. Pour autant, il estime « normal que le candidat instrumentalise » son « aide ». « C’est mon devoir que d’aider les hommes et femmes politiques, de les éclairer, tant qu’ils ne sont pas aux extrêmes. »
http://www.lexpress.fr/actualite/politique/elections/regionales-2015-le-casting-dore-sur-tranche-des-soutiens-de-christian-estrosi_1732112.html
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