Guy Béart comme un nuage…par Jean Taranto

Guy Béart  n’a pas trouvé son inspiration dans les cabarets parisiens mais auprès de sa première famille qui était son père et sa mère. Qui étaient le Talmud et la Torah. Le premier l’a soutenu invisiblement dans son amour pour le verbe, son acidité trempée de miel et son humour, mot qui commence en soupirant et finit en aimant. La seconde l’a porté manifestement.

Guy Béart lors de l'enregistrement de l'émission "Les années bonheur" à Paris le 5 mars 2014 © BestImage
Guy Béart lors de l’enregistrement de l’émission « Les années bonheur » à Paris le 5 mars 2014
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Il y a une partie du show bizz, la plus réputée pour son militantisme bruyant, humaniste et sa tolérance zéro pour l’intolérance qui lui en veut pour son innocence, son air de touche à rien, et son refus de la compromission politique… Comme Yves Duteil ou Hugues Aufray, ces autres juifs sans le crier sauf avec un violon sur le toit, qui ont trouvé Dieu en soulevant le coeur de l’homme, et qui se sont rencontrés, et le public avec, en laissant battre librement leur propre coeur. La sincérité est orpheline sans la vérité qui la rend vraisemblable.
Guy Béart né Hasson est mort dans la rue en allant chez le coiffeur à 85 ans peu de jours après Rosh Hashana. Quelle chance! Il était un chanteur banal, une voix banale, un homme banal, un juif banal. Mais un interprète de génie. Celui de l’éternelle enfance. Il était, même en chantant, silencieux : c’est dire s’il avait trouvé le bonheur! Car le bonheur, c’est le silence et la banalité. C’est d’avoir son nom inscrit dans les Cieux, loin des yeux communs.
Guy Béart, comme ses compères « B » Brel et  Brassens, était seul en scène, avec sa guitare qu’il piquait d’accords apparement enfantins enrubannés de paroles proches de la comptine  en désaccord avec la rage ambiante et le strass aveuglant.
Sous l’apparente facilité, ses musiques étaient ciselées comme une orfèvrerie. C’est cela le génie : donner aux enfants matière à grandir et donner aux grands le désir d’y revenir. Il y avait en lui comme un père, comme une mère, comme un frère pour les gens ordinaires.

C’est sans doute pour cela aussi que les français qui se sont reconnus dans son sourire de gamin, ses yeux océaniques surmontés de noirs orages l’ont aimé, et c’est pour cette même simplicité que ceux qui l’ont méprisé et tenu pour pas grand chose se réclameront tous de son héritage.
Mais l’héritage de Béart n’est pas dans les « charts » ni dans les professions de foi remixées par des arrangeurs numérisés, ni dans les « concerts hommage » qui ne manqueront pas de vouloir noyer sa mémoire sous les sarcasmes, mais dans les coeurs. Comme eux, il est insaisissable.
Tout comme la simplicité qui ne vient qu’avec la sagesse, quand toutes les épreuves, épuisées et à court d’inspiration, n’ont pu en venir à bout. Tout comme la vie qui finit au début de l’automne, quand vient l’heure où la verdeur du printemps tient enfin sa promesse de ne jamais plus vous laisser vieillir. Comme un nuage bleu qui monte dans un ciel de lait.

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