C’est avec un régime syrien qui glorifie la Corée du Nord qu’il va falloir composer.
Pendant que la population syrienne est prise en tenaille entre la répression féroce du régime et les massacres perpétrés par Daesh, des responsables syriens et l’ambassadeur nord-coréen à Damas ont inauguré un jardin à la gloire de Kim Il-Sung le 31 août dernier.
Le jardin de 9 000 m2 est situé à Kafar Soussé, un quartier chic au sud-ouest de la capitale syrienne.
Qui profitera de ce parc ? Certainement pas les milliers de réfugiés qui fuient les persécutions, ni les moins nantis contraints de chercher à survivre faute de pouvoir réunir les milliers de dollars pour les passeurs criminels.
Fayçal Moqdad, vice-ministre syrien des Affaires étrangères, présent lors de la cérémonie, a déclaré que c’était un hommage à « un leader historique célèbre pour sa lutte pour la libération (de son pays) et qu’il mérite qu’on lui rende hommage en Syrie ».
Il a ajouté que « toute personne qui critique Kim Il-Sung est ridicule et stupide ».
Kim Il-Sung, est le fondateur de la Corée du Nord en 1948.
A sa mort à 82 ans en 1994, son fils Kim Jong-Il lui succède.
Depuis la mort de ce dernier en 2011, c’est son fils cadet Kim Jong-Un, le petit-fils de Kim Il-Sung, qui perpétue l’existence d’une des dictatures les plus effroyables au monde qui a fait des milliers de morts et en a enfermés autant d’autres dans des camps.
Une plaque commémorative à la gloire du « président éternel » a été érigée sur une place près du jardin.
Le régime syrien a salué la position nord-coréenne qui soutient la lutte « de la Syrie contre le terrorisme », terme utilisé par le régime syrien pour désigner les rebelles qui tentent de le renverser depuis plus de quatre ans.
L’ambassadeur de Pyongyang à Damas a affirmé lors de la cérémonie que la guerre en Syrie est le produit « des complots des Etats-Unis », bête noire du régime nord-coréen.
La Corée du Nord et la Syrie entretiennent des rapports étroits depuis longtemps.
La Corée du Nord aurait aidé la Syrie à construire une centrale nucléaire, détruite par un bombardement israélien en 2007, et des journaux asiatiques rapportaient en août 2013 que Pyongyang aurait essayé d’exporter des masques à gaz, des armes et des munitions vers la Syrie.
Le revirement de la stratégie française.
Après avoir soutenu une politique du « ni – ni », ni Bachar el-Assad, ni l’Etat islamique, François Hollande a fait volte face le 7 septembre dernier en annonçant des vols de renseignement stratégique qui pourraient aboutir à de prochaines frappes aériennes sur le groupe djihadiste en Syrie.
Deux avions chasseurs-bombardiers Rafale, sur les neuf basés dans les Emirats Arabes Unis, ont effectué un premier vol de reconnaissance dès le lendemain.
Bachar el-Assad a toujours proclamé, avec le cynisme qu’on lui connaît, qu’il était prêt à laisser son pays être survolé et ses bases aériennes utilisées par la coalition pour combattre les « rebelles »
Reste à savoir lesquels.
François Hollande a expliqué le revirement de la stratégie française par la nécessité d’intervenir là où sont organisées les attaques terroristes, ce que les militaires appellent « les centres de gravité ».
Pour ce faire, il pourra aussi compter sur les Mirage 2000 déployés en Jordanie dans le cadre de l’opération Chammal.
Les Mirage 2000D, avions d’attaque conventionnelle, ont été rejoints par 3 Mirage 2000N, avions biplace avec un pilote et un officier système d’armes, qui peuvent assurer des missions de pénétration et d’attaque nucléaire.
Il ne s’agit évidemment pas d’utiliser le missile de croisière nucléaire ASMP-A, mais de constituer des patrouilles mixtes et complémentaires, comme elles opèrent en Irak depuis la base jordanienne.
Une intervention au sol irréaliste
mais nécessaire.
C’est le paradoxe auquel sont confrontés les occidentaux.
Certes les frappes aériennes en Syrie comme en Irak, guidées par les drones et les avions de renseignement, ont déjà eu des résultats notables dans le combat contre l’islam radical.
Mais elles restent inopérantes face aux attaques de terroristes mobiles qui s’infiltrent dans les faubourgs des villes, égorgent les opposants, pillent tout ce qu’ils peuvent et repartent comme ils étaient venus.
Les experts militaires s’accordent à dire que les frappes aériennes n’ont d’efficacité qu’avec un soutien de troupes sur le terrain pour sécuriser les populations et reprendre entre autres les puits de pétrole à Daesh, une des ses mannes financières évaluée à plus d’un milliard de dollars.
Mais les expériences précédentes font craindre le guêpier et l’enlisement.
Et il ne faut guère compter sur les forces syriennes ou irakiennes pour faire le travail.
Marc Trévidic, l’ancien juge antiterroriste, victime de la loi stupide l’empêchant de poursuivre sa fonction au-delà de dix ans, ce qu’il déplore pour la perte de son expérience, s’est exprimé sur BFMTV le 8 septembre dernier.
Il déclare que la France veut afficher une étape supplémentaire en intervenant aux cotés des américains, en récoltant comme eux des photos, des renseignements sur les concentrations de djihadistes, les petits mouvements de troupes et les allées venues qui puissent laisser penser qu’il y a un chef, et frapper comme le font les américains.
Il dit qu’il n’y a pas de centres névralgiques, mais que des noms circulent dont on sait qu’ils envoient des terroristes « scuds humains » un peu partout.
Il affirme qu’il est crucial que les opérateurs téléphoniques créent des produits qui puissent être décryptés pour repérer les communications téléphoniques.
Mais ce qui est sur, confie-t-il désabusé, c’est que Daesh n’attend que l’envoi de troupes au sol en Syrie pour créer davantage de vocations et recruter encore plus de djihadistes.
L’optimisme n’est pas de rigueur dans cette guerre qui n’est pas près de prendre fin.
Pascale Davidovicz
Sources: www.7sur7.be – www.larep.fr – www.defense.gouv.fr – www.lemonde.fr – rpdefence.over-blog.com – www.air-cosmos.com
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