«L’intégration des orthodoxes et des Arabes sur le marché du travail est en tête de l’agenda politique du ministère de l’Economie», a déclaré son ministre Arié Dery, qui promet de s’en donner les moyens. Dans le cadre d’un reportage en quatre volets, IsraPresse est allé vérifier si en Israël en 2015, cet engagement trouve son écho sur le terrain. Première partie.
Bien mais peut mieux faire
Alors que de nombreux pays de l’OCDE déplorent des taux de chômage élevés, Israël a traversé la dernière crise financière avec un effet nul sur son taux de chômage, a révélé les dernier rapport de l’OCDE de juillet 2015. Selon le bureau des statistiques, une baisse de 0,4% a même été enregistrée au deuxième trimestre 2015.
Par ailleurs, le pourcentage d’actifs s’élève à 64,1% en ce deuxième trimestre contre 63,9% lors des trois premiers mois de l’année.
Pour autant, malgré la forte croissance, le taux de productivité israélien est actuellement de 25% inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE. Le dernier rapport souligne que, sans la participation accrue des Arabes et des orthodoxes (Haredim) sur le marché du travail, Israël ne sera pas en mesure de combler ce retard. La Banque centrale, aussi, a pointé que cela devrait à terme peser sur la croissance du pays.
Les entraves à l’intégration des minorités arabes
Le taux de participation de la population israélienne sur le marché du travail est de 66%, mais de 52% seulement pour les Arabes. Eman Tarabey-Alkassem, coordinateur pour l’emploi, confie à IsraPresse, que « les principaux obstacles à leur entrée sur le marché du travail, outre les contraintes liées à la culture tribale qui impacte encore surtout les femmes cantonnées au foyer, proviennent en partie du nombre limité d’offres d’emplois dans leur secteur d’habitation ».
Le gouvernement investit 140 millions dans la seule région sud, pour encourager le secteur industriel à s’y implanter. La zone industrielle Idan Hanegev, par exemple, à Lehavim-Rahat, devrait générer la création de 3000 emplois pour les Bédouins. « Or ces zones industrielles, localisées en dehors des villages, sont difficilement accessibles, vu la pénurie de transports en commun », souligne Eman Tarabey-Alkassem.
D’autre part, un manque de qualification professionnelle et un bon niveau d’éducation, adaptés aux exigences du marché du travail, conjugués à un manque de réseaux pour mettre en relation l’offre et la demande, entravent leur insertion. « Sans oublier que 50% des Arabes israéliens vivent en dessous du seuil de pauvreté », rappelle le coordinateur pour l’emploi.
Les grands moyens
Le gouvernement, en synergie avec tous les ministères, travaille à contrer ces obstacles en investissant entre 0,2-0,3% dans une politique inventive, avec des programmes budgétisés à 3,7 milliards de shekels jusqu’en 2017, au bénéfice de l’ensemble des populations arabes, bédouines, druzes et circassiennes.
Objectifs : renforcer la législation contre les discriminations à l’emploi ainsi que sa mise en œuvre, stimuler l’emploi et l’entrepreneuriat, favoriser l’éducation et les formations et développer les infrastructures adaptées ; crèches, garderies, transports. Un budget de 48 millions sur 3 ans devrait renforcer le développement des transports en communs.
Faire évoluer les mentalités
Si Israël a déjà réussi à augmenter la participation des jeunes arabes dans la population active, à partir de l’âge de 45 ans, on enregistre une forte hausse du taux de chômage. Cela s’explique en partie par le fait que les employés arabes travaillent traditionnellement à des travaux manuels, dans le bâtiment par exemple, où l’âge est un facteur déterminant.
Le rapport de l’OECD pointe que seulement 4% des populations arabes se destinent au secteur tertiaire au cours de leurs études, et peu bénéficient d’une formation spécialisée, en adéquation avec les besoins du marché de l’emploi.
Les sciences, l’ingénierie spécialisée (dans les filières du gaz, par exemple), et l’informatique, pâtissent d’une pénurie de personnel qualifié. 7.000 nouveaux postes par an sont créés dans ces domaines pour seulement 6.600 diplômés. Un budget de 33 millions de shekels sur 3 ans pour financer les études d’ingénieurs des Bédouins devrait contribuer à pallier à cette pénurie.
Mais « les diplômés arabes parviennent difficilement à trouver un emploi dans ce secteur », déplore Inès Saïd, un entrepreneur très investi dans l’ONG Tsofen, qui travaille à leur placement. « Dans le domaine de la high tech par exemple, comme ils n’ont pas fait l’armée, ils n’ont pas pu tisser un réseau social porteur, sur lequel s’appuyer pour entrer dans la vie active. La confiance réciproque sera plus difficile à établir et les employeurs feront plus facilement appel à des ingénieurs étrangers », explique Saïd. Le gouvernement espère que le budget de 24 millions de shekels sur trois ans, pour favoriser leur insertion, contribuera à briser ce plafond de verre.
« Nous devons encourager les jeunes arabes et les orthodoxes à choisir les filières scientifiques et à se spécialiser dans les nouvelles technologies, des secteurs d’activité porteurs », insiste Arié Déry, « ils sont les leviers de la croissance et la clé du renforcement de l’économie ».
Kathie Kriegel
http://www.israpresse.net/lintegration-des-minorites-arabes-sur-le-marche-de-lemploi/
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