Cette semaine à la cinémathèque de Tel-Aviv, Max Abrahams, professeur de sciences politiques aux USA, spécialiste en matière de terrorisme, a donné une conférence sur la question devant un auditoire très intéressé par ce sujet d’actualité.
Abrahams a commencé à étudier le sujet dans les années 90 après avoir lu des articles de l’expert en la matière Robert Pape. A cette époque, Israël était en pleine seconde Intifada et construisait le mur de séparation en Cisjordanie pour empêcher les attaques suicidaires des palestiniens.
Max Abrahams voulait comprendre la stratégie des terroristes afin de pouvoir prédire scientifiquement le terrorisme. En effet, il existe deux types de terrorismes, celui contre les militaires et/ou institutions gouvernementales et celui contre les civils. Néanmoins, derrière le terrorisme se trouve des revendications, des dirigeants et il convient de s’intéresser à leur but.
Sachant que les attaques contre les civils sont très mal perçues et que les gouvernements et l’opinion publique ne cèdent pas, au lieu d’initier des négociations, des mesures politiques, judiciaires, policières, militaires sont prises voire renforcées, comme en France après les attentats de janvier.
LE TERRORISME PAYANT
Il s’avère donc que le terrorisme est « payant » quand il touche les militaires, car les gouvernements réagissent immédiatement, s’impliquant, ne pouvant pas se permettre de faire bas profil.
D’après Abraham, si le leader du groupe terroriste est faible, les jeunes auront tendance à vouloir s’imposer par la violence en attaquant des civils. Si les leaders sont âgés, donc expérimentés, ils ont de l’argent et savent qu’il est préférable de toucher des cibles militaires plutôt que civiles.
De plus, les jeunes des mouvements sont plus émotifs, ils ont souvent perdu un proche au combat alors que les personnes âgées des mouvements ont généralement grandi à l’étranger et ne sont pas partisanes d’une violence contre les civils.
Les groupes terroristes ont compris que c’était mauvais pour l’image internationale de tuer des civils, car de nos jours tout est sur internet, dans les médias et circulent très vite. Les terroristes doivent avoir une bonne image pour légitimer leur cause.
LA LUTTE CONTRE LE CALIFAT
Il s’est avéré également que la couverture médiatique fait généralement que les gouvernements s’impliquent, et inversement. C’est ce que l’on a pu constater avec l’EI en Syrie. La destruction ou la vente d’œuvres d’art, l’assassinat de journalistes occidentaux ont poussé les USA et ses alliés à participer à la lutte contre le Califat. Jusque-là, l’absence de couverture médiatique a fait que l’EI a pu conquérir beaucoup de territoires avec facilité.
Le Pr Abraham a également parlé du problème des attaques non revendiquées contre les militaires ou institutions gouvernementales, qui sont majoritaires. Selon lui, leur but est en fait civil, mais parce que personne ne veut prendre la responsabilité d’un attentat contre des civils, les terroristes s’abritent derrière le terrorisme militaire pour tuer des civils.
Au cours de la soirée, M. Abrahams n’a pas tenu à s’exprimer sur le terrorisme en Israël et à Gaza. Il pense que les experts israéliens savent très bien gérer le problème. Les études qu’il a menées étaient essentiellement relatives à l’Etat islamique et à Al-Qaïda de Ben Laden.
Par Noga Bar Noye
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