Le meilleur taux que vous puissiez obtenir dans les boutiques de change : 4,19 shekels pour un euro . Il y a deux ans, l’euro valait 4,80. 15 % de dévaluation!
Les appartements à 3 millions de shekels ( 65 à 70 m2 : living room et 2 chambres ) coûtent plus de 700.00 euros, honoraires et taxes non compris.Vous avez bien compris : à Tel Aviv, le mètre carré est carrément au dessus de dix mille euros! Et je ne vous parle pas de vue sur mer .
Pourtant le marché est actif : les vitrines des agences sont pleines d’offres et de propositions, programmes en construction ou rénovations plus les reventes traditionnelles, les négociateurs à la patience inusable, font visiter des dizaines d’appartements, les contre offres ne sont que de principe et la conclusion des contrats ne traine pas.
Une Bulle immobilière?
Alors la première question après ce constat : est-ce que cela va durer, s’amplifier ou alors y aura-t-il une correction ? Un marché en expansion ou ne s’agit-il que d’une bulle immobilière ? Les banques ne jouent aucun rôle , restant bien à l’abri .Il s’agit d’opérations parfaitement financées par les acquéreurs qui transportent leurs économies ou reconvertissent en immobilier israélien le prix de vente de leur résidence secondaire en Europe et parfois celui de leur ancienne résidence principale.Les jeunes ménages israéliens et les primo accédants sont exclus du marché par le niveau des prix. Mais il est prévisible que d’autres quartiers actuellement défavorisés deviennent un second marché qui pourrait leur être accessible.
Si vous regardez la ville depuis un étage élevé, vous pouvez voir partout des grues si hautes que vous comprendrez le sens du mot américain sky-scrapper ( gratte-ciel). Un petit pays avec rareté des sols, une demande intérieure insatisfaite et une diaspora inquiète et résolue, le marché immobilier n’est plus un ours assoupi ( » bear ») mais un taureau qui charge ( » bull »).
Et quand le bâtiment va …
Tours d’habitation et White City
L’Armée s’est résignée à évacuer ses bases en centre ville ou en périphérie pour laisser champ libre aux promoteurs. Les vieux immeubles mal construits des années 50 et 60 sont rasés ou alors rénovés complètement. Dans ma rue, en 4 ans, un immense terrain a été creusé sur plus de 6 niveaux pour abriter des parkings et une tour élégante, verre et acier brossé s’élève sur 23 étages.
Ce chantier dont vous imaginez les nuisances était à peine terminé qu’un petit immeuble de 4 étages tout à côté a été jeté bas et reconstruit en résidence élégante, grandes baies vitrées et balcons en bois façon moucharabieh.Et ce n’est pas fini : les deux derniers anciens immeubles de la rue sont la proie des démolisseurs qui emportent de pleins camions de sable. Celui qui ne risque rien est un immeuble Bauhaus, mouvement architectural des années 25 que les émigrés autrichiens imposèrent à Tel Aviv et qui ont fait de la ville la White City protégée par l’ UNESCO. Les immeubles Bauhaus, on ne peut y accrocher ni antennes, ni compresseurs et il faut les garder dans leur jus originel. Des inspecteurs de la Ville surveillent et interdisent que l’on y change quoi que ce soit.
Curieux comme cette ville qui n’était au départ qu’une succession de dunes est devenue une métropole où tous les jeunes veulent vivre et qui mérite bien son qualificatif de ville qui ne dort jamais.A 5 heures du matin, il y a des embouteillages le long du bord de mer avec les boîtes qui se vident de leurs clients assommés par l’alcool et les décibels, avec les équipes de jour qui commencent à converger vers leurs postes de travail .
Quelle géniale intuition ont eu les familles qui habitaient Jaffa( Yafo) de commencer à construire une nouvelle ville un peu plus loin, afin de disposer d’un second port .
Leur inspirateur et leur guide Meïr Dizingoff devint le premier maire de la Colline du Printemps : Tel Aviv.
André Mamou
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