SAINTE MARYAM ET
SAINTE MATIE-ALPHONSINE,
PREMIERES SAINTES ARABES D’ISRAËL
Ce dimanche de Yom Yeroushalyim 28 Lyyar 5775-17 mai 2015, l’Eglise catholique célèbre la canonisation de 4 religieuses dont les deux premières religieuses arabes « palestiniennes » : Sœur Mariam Baouardy, carmélite, et Sœur Marie Alphonsine Danil Ghattas [http://www.news.va/fr/news/canonisation-de-deux-religieuses-palestiniennes]
Cette célébration intervient au moment où l’Etat du Vatican, entité « terrestre » et historique de l’Eglise s’apprête à signer un Traité de reconnaissance de l’Etat de Palestine avec Mahmoud Abbas.
Certes, ces deux canonisations des première « saintes » palestiniennes [http://fr.wikipedia.org/wiki/Mariam_Baouardy ] est un signe politique. Mais c’est aussi un signe spirituel fort, non seulement pour les arabes seuls, mais pour Israël.
D’un point de vue politique, une canonisation n’est évidemment pas neutre : elle s’intègre dans un contexte géopolitique et historique qui est lié au fait que l’Eglise, qui est l’assemblée de ceux qui croient que l’Eternel s’est incarné au milieu des hommes se faisant l’un d’eux pour qu’ils soient restaurés en Lui, ne canonise pas des anges ou des réalités purement spirituelles et au-dessus des réalités terrestres, mais des êtres mortels et faillibles, de chair et de sang qui sont par nécessité compromis dans l’histoire :
A cet égard, la canonisation de St François d’Assise, « vigie » mystique et inspirateur du pape François, apôtre de la Pauvreté matérielle et de la lutte contre l’orgueil, et religieux italien stigmatisé des plaies de jésus, est intervenue à un moment où Frédéric II, empereur romain et de Jérusalem menaçait les Etats pontificaux. Il est aussi bien de préciser cela au moment de la célébration de l’Anniversaire de la recouvrance de Jerusalem comme « Rocher » et Montagne d’Israël.
L’élection de deux religieuses [http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie Alphonsine_Danil_Ghattas ] « palestiniennes » est donc aussi un acte politique au sens où il est un message adressé à l’Eglise et au monde, mais aussi aux « arabes » chrétiens de Palestine, c’est-à-dire, du point de vue du Magistère (de l’enseignement) de l’Eglise catholique, à tous les chrétiens de terre sainte vivant parmi des musulmans.
A l’exception notable de Saint Jean-Paul II qui ne cesse de faire parler de lui à cause du fait qu’il a été le premier pape de l’ère numérique et digitale et qu’il était slave au moment de la chute de la Russie soviétisée, une canonisation n’est pas un acte présidé par l’urgence ni par les circonstances ou même par une minorité (ou une majorité) lobbyisante. C’est un acte prié, réfléchi et pesé et qui demande un nombre important d’attestations, non seulement des vertus des personnes, mais des fruits de leur oeuvre et de leur engagement.
On ne leur demande pas d’être des « saints » par rapport aux pouvoir ou aux idées, des « petits saints » mais exemplaires dans le service des pauvres dans la vie mystique et dans « l’imitation de Jésus » qui n’exclut pas l’épaisseur des fautes et des errements humains mais qui suscite un redressement de l’Humain tout entier. Il est frappant de constater que la première chose dont se rendent compte les personnes qui vivent une telle proximité avec Dieu, c’est leurs faiblesses et leurs manques. Mais elles ne s’en apitoient pas. Elles les offrent pour qu’ils soient transformés en une force qui ne soit pas celle de leurs incapacités. L’humain vrai c’est le Dieu vrai qui se donnent mutuellement d’eux-mêmes.
Ce n’est donc pas une perfection intellectuelle ou une conformité avec la bonne pensée dominante, ou un choix philosophique qui est récompensée (il y a des prix Nobel pour cela), mais au-delà, une exemplarité qui amène à comprendre en quoi une action personnelle engage dans la société la présence de Dieu lui-même qui, pour un chrétien, s’implique personnellement et corporellement dans les progrès de sa Création et ne se contente pas de la regarder de loin ou d’en infléchir le cours par de seules actions d’éclat « démiurgiques ».
On ne canonise pas quelqu’un parce qu’il a été de droite ou de gauche, ou de telle ou telle perfection civique ou politique, mais parce que l’Eglise juge qu’il ou elle est un signe digne, patent et humain de la présence divine lisible et identifiable par tous les peuples, au-delà du seul peuple des chrétiens. La Communion de l’Eglise est au-delà des disputes et des frontières et des légitimités. Elle n’impose rien qu’un rappel de fraternité au nom d’un seul Père éternel, saint, vrai et souverain qui ne résoud pas le Mal par le don de la Force mais par la force du Don.
C’est un peu difficile à comprendre dans la mesure où la « sainteté » n’appartient qu’à l’Eternel, mais enfin pour un chrétien, c’est une appartenance transmissible et non aliénable. Comme la vie elle-même et dont personne ne peut se prévaloir pour soi, mais qui vaut pour tous comme un cap à tenir et un motif de foi. Qu’une ville soit sainte ou qu’un être humain soit saint ne signifie pas qu’il est sans souillures ni maux, mais qu’en lui ou elle brille un éclat particulier qui rend Dieu visible par tous et c’est aussi toujours un défi à relever et une « vocation » qui se transmet par « filiation » et donc par « fraternité ». La sainteté n’est pas un titre de gloire, c’est un appel pour les autres à se conformer au « Bon » proclamé dès la genèse.
La présence religieuse, dans le monde, constitue un « appel » à plus grand et plus profond que soi. En Israël, la présence de l’Eglise, des églises, est aussi, pour les juifs, la confirmation qu’ils ne se sont pas trompés ni de Dieu ni de destin : ils ont devant les yeux le fruit de leur espérance et des frères nouveaux, ceux qui leur ont été promis. La présence des juifs en Israël, dans l’Eglise, est l’assurance que la parole qui lui est adressée ne change pas de main et que Eternel rime avec Fidèle, quelles que soient les infidélités des chrétiens, et quelles que soient les fautes des uns et des autres. L’Alliance entre Israël et l’Eglise est éternelle parce qu’elle procède d’un même Tabernacle et d’un même don initial. « Il n’est pas bon que l’Adam soit seul ».
Il y a pour le Pape François qui va incessamment signer un Traité de reconnaissance d’un Etat de Palestine un rôle important à donner aux églises qu’il considère comme « de Terre sainte » et située au cœur topographique et spirituel et culturel, selon lui, de la vie « évangélique » (de l’Evangile des 4 évangéliSTES, et non de l’Eglise protestante évangélique, s’entend).
Il avalise le fait que la plupart des pays d’Europe soutiennent cet Etat (dont les structures, ni les frontières ni l’organisation ne sont connues ni tracés) et l’amalgame fait entre la proclamation de ces saintes consacrées et l’admission de la Palestine comme membre de plein droit à l’ONU est évidement une véritable aubaine pour la presse occidentale, notamment chrétienne, qui soutient toujours l’image d’une « Palestine » coupée en deux comme l’Allemagne d’hier, et d’une population arabe pauvre et privée de ses ressources élémentaires versus une population juive armée de la bombe atomique, d’un ministère du logement tout-puissant et d’une multiculturalité qui cache un sionisme agressif et conquérant au détriment de la multitude bigarrée des chrétiens et musulmans arabes contenus derrière des barbelés et stoppés aux check points.
Il est évident que le fait que le pape se voit informé de l’impossibilité pour beaucoup de chrétiens arabes de se rendre librement à Jerusalem pour les fêtes chrétiennes a pesé dans sa décision. Et d’autres faits, qui pour le Vatican, pèsent plus lourd en Israël qu’ailleurs précisément parce qu’Israël maintient miraculeusement une paix qui fait qu’aucune de ses villes n’est en ruine et que les chrétiens ne peuvent pas se lamenter sur eux mêmes puisqu’ils n’y sont pas persécutés, ni reclus dans des zones ou des villes de tradition, comme souvent au Liban. Cela est un point important. L’Eglise, en israël peut ici ou là connapitre des tracasseries, des tensions, ou m^me de l’ostracisme. Mais elle n’est pas persécutée.
Le Vatican n’appréhende pas bien, mais cela date déjà des croisades, ni ce qu’est Jérusalem, ni ce qu’est Israël, non par un simple effet d’aveuglement spirituel ou historique, mais par le fait qu’il y a un désert entre Rome et Jérusalem, et un désert doté de nombreux mirages.. Mais il faut tout de même rappeler que l’Eglise a « produit » plus d’islamologues de renom, de saints traducteurs et interprètes des écritures des trois religions , commentateurs et orants que les académies païennes et les institutions laïques n’en ont formé. L’Eglise a une connaissance de l’Homme qui provient de la connaissance qu’Israël lui a transmise et qu’il continue de lui transmettre par ses commentaires, ses paroles, et son Acte ultime qui s’appelle l’Etat d’Israël. Lequel n’est pas une Institution rigide mais un mouvement perpétuel destiné à élever la terre entière vers l’Eternel. Un Etat destiné à élever le monde sans usage de la force, mais par l’usage de la prière, voilà qui aujourd’hui est original! Et qui dépasse, « transcende » largement le strict cadre des confessions et des traditions.
Entre ces mirages et ces déformations de sens, il est très important que les juifs de la diaspora -ceux de Rome, de Buenso Aires ou d’ailleurs- rappellent aux cardinaux, dont le pape est le premier d’entre eux, que la judéité d’Israël n’est pas séparable, ni des origines de l’Eglise, ni encore moins du judaïsme présent dans les nations : juger d’une main, unilatéralement, le sionisme comme une usurpation/anticipation de la promesse divine ou un abus nationaliste, ou taire le malheur des juifs en Israel sous prétexte de leur « nantissement national », et compatir, de l’autre main, au malheur des juifs de la diaspora lors d’un attentat en criant « nous sommes tous juifs » sans en connaître ni le prix ni le sens, est une faute.
D’ailleurs il y a bien un juif qui a payé le prix de l’être, et un juif bien connu des chrétiens et qui a fini sous les clous des païens romains et les quolibets du Sanhédrin. Aujourd’hui, juifs et chrétiens se trouvent ensemble et les uns à la suite des autres, pris dans cette interminable « montée » vers le calvaire, à leur tour suivis par des musulmans qui n’ont ni chefs universellement reconnu, ni représentants dont l’érudition sert à la paix, ni inspirateur de l’espérance à leur côtés. La Soumission due à Dieu par ses créatures ne peut pas, ici encore, se départir de la Miséricorde qu’il exerce, non seulement sur les « croyants », mais sur tous les autres, à force et à prodigalité égales.
A cet égard, ceci vaut argument universel contre l’antisémitisme et l’exclusion des juifs, comme d’ailleurs de tous les fils d’Abraham du dialogue conciliatoire.
La propagande « palestinienne » qui se nourrit de la légende juive et israélienne et du martyrologe chrétien qui lui est apparenté, pour forger les bases de son sentiment national et le rendre acceptable par les « infidèles » riches et protecteurs, dans ce sens, trouvera réponse rapide et ferme. La Palestine, l’Eglise le verra, est le cadet des soucis du monde musulman en général et des Etats arabes en particulier. Israël, c’es tavéré, est la seule nation à faire cas des bédouins et des tribus qui vivent en ses frontières, au milieu des luttes et des rigidités politiques et de l’intolérance qui fluctue avec la menace du terrorisme, des luttes politiciennes ou des infléchissements de la politique d’implantation.
Mais Israël reste le seul pays du Moyen-Orient où l’hébreu et l’arabe sont côte à côte sur les panneaux de signalisation et les documents officiels. Il faut rappeler cela sans cesse et inciter davantage de juifs d’Israël à apprendre la langue arabe, et davantage d’arabes d’Israël à apprendre l’hébreu.
Les futures saintes Mariam Baouardy, décrite comme « patronne des victimes d’assassinat religieux » et Marie Alphonsine Danil Ghattas, fondatrice de la première congrégation arabe d’enseignement et d’éducation, sont à tout le moins, offertes à la dévotion universelle, et elles n’entrent pas personnellement dans la dispute territoriale et géopolitique actuelle. Elles sont saintes pour tous. Elles doivent rester des visages de paix pour tous : arabes chrétiens et musulmans, juifs de toute provenance, orthodoxes ou libéraux, pratiquants ou non.
Sans doute d’un côté « les palestiniens » ne manqueront pas d’en faire les « icônes » de leur « fierté nationale » et les martyrs de leur cause (toute « nation » doit avoir ses martyrs et ses saints, religieux ou non, et les chrétiens arabes en Israël comme dans les Territoires ou au Liban ne manquent ni de saints ni de martyrs). Et du côte israélien juif, cela ne pèsera pas d’un pois considérable factuellement, mais enfin, on peut souhaiter que puisqu’elles ont connu Jérusalem et l’ont aimée, elles seront au coeur des festivités célébrées ce dimanche dans toute la ville.
Elles auront un poids politique certain pour un Mahmoud Abbas, sunnite, qui veut donner à l’Eglise des gages de bonne « foi » et que l’Eglise met au défi de tenir ses engagements et de ne pas modifier son affichage public vis ) vis des chrétiens.
Les « saintes » arabes d’Israël (donc saintes israéliennes et donc aussi universelles), auront leur place au Kotel, et en auront une, sûrement, dans l’intercession pour une paix que la majorité des juifs et des arabes, qu’on n’interroge pas ou qui ne s’expriment pas, souhaitent pour eux et leurs enfants.
Arabes et juifs n’ont jamais été intrinsèquement ennemis, il faut le rappeler. Au jour de la Pentecôte, que l’Eglise catholique fêtera dimanche et lundi prochains, au Cénacle de Jérusalem (également lieu du dernier Séder de Jésus avec ses disciples qui inaugure le repas eucharistique chrétien) , des arabes côtoyaient des juifs, parmi une foule d’autres personnes de toutes les rives de la Méditerranée et jusque de la Mer Noire et de l’Orient dans l’attente de l’Esprit, le Souffle de Dieu qui devait descendre pour les rendre intelligibles les uns aux autres, et les envoyer au plus lointain de la Terre.
Et l’Eglise est ce lointain rassemblé, je dirais, en une multitude de lieux, comme en une multitude de « saints » et qui prend sa source et s’abreuve sans cesse dans le Rocher de Jérusalem où Israël, qui est la prière « charnelle » et vivante de l’Eternel en notre faveur, ne cesse de monter miraculeusement et inexorablement aujourd’hui. Le Proche, le prochain, l’éloigné, le lointain… (Psaume/Mizmor 103 : 11-13)
Cette haine qui n’a pas de seules explications historiques est une instrumentalisation « virale » qui repartira aussi vite qu’elle a été inoculée. Le différend entre une arabité où s’exprime une concurrence entre un christianisme originel enté sur le judaïsme des origines et un islam encore jeune et capté par de nombreuses pensées livrées aux Etats et aux puissances, n’a jamais été, dans l’histoire une dispute sur la Terre sainte ou Jérusalem, même si cette dispute existe et a toujours ressurgi à la faveur des conflits entre empires occidentaux, arabes et ottomans.
Dans la bataille qui s’annonce pour que la sainteté de Jérusalem, ville trois fois de la paix (très=trois), soit affirmée, la patience, la persuasion et la ténacité sereine seront plus que jamais nécessaires.
Que Yeroushalayim la sainte et la resplendissante soit toujours bénie, grâce à la persévérance des enfants de Sion et des prières de tous ceux qui vivent et respirent en ses murs et de ses murs ; qu’elle soit plus que jamais la ville que Mariam Baouardy, carmélite, devenue Soeur Marie de Jésus Crucifié et morte à Bethléem ; et Marie Alphonsine Danil Ghattas, de la Congrégation des Sœurs du Rosaire, morte à Yeroushalyim en 1927, ont aimé, et sur laquelle Yeshouah, leur saint éternel et véritable, leur Dieu et ami commun a prié, pleuré, souffert , comme elles, et face à qui il est ressuscité.
Jérusalem : la sainte ville juive où resplendit la sainteté de tout le peuple, notre force de paix et notre espérance à tous..
L’Eglise qui fête ses filles consacrées dans la sainteté de l’Eternel et entrées solennellement dans l’Eternité de la Joie fera ce dimanche silence apparent sur Yom Yeroushalyim. Mais nous nous souviendrons, ce jour-là que le Dimanche n’est pas le dernier jour de la Création, celui du repos de la mort et de l’oubli, mais un Commencement qui ne finit pas, la Révélation de tout achèvement et l’achèvement de la Révélation. Paix sur Israël!…
JOYEUX ANNIVERSAIRE YEROUSHALAYIM, « ville où tout fait Un » et où réside à demeure, dans cette Unité, une unique Parole…!
Par Jean Taranto
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