La SNCF et le transport vers la mort de 76.000 déportés juifs, par Olivier Comte

L’affaire est soumise à l’US DISTRICT COURT OF THE NORTHERN DISTRICT OF ILLINOIS. Je n’ai trouvé aucune inscription au calendrier et, comme je l’ai compris, la communication informatique des pièces est payante et je ne vais pas dépenser mon bon argent pour nourrir les délires juridictionnels américains.
Je n’ai pu trouver qu’un article du CHICAGO TRIBUNE du 17 avril 2015 qui permet de préciser la dépêche très confuse, suivant la nouvelle tradition de l’AFP.
Suivant l’inquiétante pratique judiciaire des Etats Unis, qui rendrait très dangereux tout Traité Transatlantique, un tribunal américain est compétent pour juger des actions commises à l’étranger, par une société étrangère si cette société a une activité commerciale aux Etats Unis (avec la sinistre extension des activités réglées en dollars US). En l’espèce, RAIL EUROPE vend des billets de circulation sur le réseau de la SNCF. Hocus Pocus ! L’affaire est dans le sac ! Nous devons donc affronter l’anarchie politique américaine doublée de la dictature juridictionnelle.
wagons-deportes
Sur le fonds, il est reproché à la SNCF d’avoir fait payer aux nazis des billets de 3° classe pour le transport dans des wagons, aménagés pour prévenir toute évasion (wagons de marchandises ou à bestiaux) pour le transport vers la mort de 76000 déportés juifs (ici les 400 de la classe action des descendants des juifs assassinés). Soit la non exécution de contrats de transport qui n’existaient qu’entre la SNCF et l’Etat Français (déportations de zone libre) ou le III° Reich (déportations de zone occupée). Egalement, pour cette action civile, des biens des déportés saisis par les nazis.
Outre la responsabilité civile qui peut se tirer justement de la responsabilité pénale, la SNCF est accusée curieusement de crimes de guerre et de complicité de crimes contre l’ humanité.
Une chose est certaine: la responsabilité des personnes, des entreprises, publiques et privées, pour l’Holocauste n’est toujours pas complètement établie en France et elle doit être établie, avec toute la publicité nécessaire. Mais c’est une affaire française. La souveraineté nationale ne peut être bafouée par l’esprit, qu’on appelait impérialiste et que je préfère désigner comme esprit anarchiste américain. Le gouvernement français s’est déjà déshonoré en acceptant pour des raisons purement commerciales une indemnisation qui était une reconnaissance de responsabilité.
Tout ne dépend pas des archives, mais les archives pour les relations entre la SNCF et l’ Etat français et le service nazi pour le transport étaient déclarée disparues. La SNCF a numérisé ses archives et les a transmises au mémorial de la Shoah, et en Israël. Si ces archives sont complètes, on sera enfin en mesure de compléter le rapport, énorme (1600 pages) mais incomplet dit rapport Bachelier qui établissait déjà la responsabilité de la SNCF. Responsabilité confirmée par toutes les pièces du jugement du 6 juin 2006 du Tribunal Administratif de Toulouse, pièces qui prouvaient la responsabilité de la SNCF par ses conventions régissant les transports et faisaient justice de l’invocation grotesque de l’article 13 de la convention d’armistice…(il faut regretter la décision de la cour administrative d’appel de Bordeaux du 21 décembre 2012. (excellent site internet d’ ALAIN LIEPITZ, fils du demandeur décédé Georges Lipietz)
Il ne s’agit pas seulement du crime contre l’ humanité, mais de la nécessité de réfléchir sur le rôle et l’arrogance de l’Etat, l’arrogance des hauts fonctionnaires qui accomplissent avec zèle une mission qu’ils prétendent sacrée.
La sacralisation de l’Etat n’est pas un vice spécifiquement marxiste ou communiste mais un vice idéologique général qui s’est illustré d’une façon tristement éclatante par la trahison et le crime sous le régime de Vichy. Les nouvelles pratiques des élites, auto-désignées, ne produisent qu’une réaction poujadiste contre le système politique et favorisent les promesses illusoires des extrêmes. Nous connaissons notre devoir moral et notre intérêt national et nous n’avons pas besoin des leçons de l’étranger.

« Il existe des degrés dans le crime

et des degrés dans la responsabilité.

Pour Vichy, ce fut le transfert, ou transfèrement dans le langage SNCF, de 10000 juifs de la ZONE LIBRE vers la zone occupée, leur internement puis la livraison aux allemands et la mort. Aucune autorité allemande ne pouvait l’exiger, aucun soldat allemand ne l’ accompagnait.
De la décision à toutes les étapes de l’exécution, tout dépendait des fonctionnaires de Vichy.
deportation enfants
La SNCF put démontrer son zèle au service du gouvernement. Les factures pour les transports furent régulièrement expédiées aux différents préfets intéressés, comme les dernières factures après la Libération. Le monstre administratif ne connaît que la continuité de l’Etat et le bon fonctionnement du service. La SNCF ne peut ici présenter aucune défense de « réquisition » allemande.
Il faut rappeler que la SNCF, suivant les actes dits lois de Vichy avait aryanisé le personnel et l’avait purifié des mauvais éléments par de nombreuses révocations. Tout acte de résistance ou mauvaise volonté devait être signalé à l’autorité préfectorale qui décidait d’internements administratifs à effet immédiat, en attendant mieux.
Après guerre, les hauts fonctionnaires de la SNCF, peu touchés par une épuration modeste grâce aux sacrifices des cheminots de base, purent, principalement, tout masquer de leurs responsabilités, les nier parfois ou tenir des raisonnements extravagants.
Ainsi l’exigence du paiement des transports, manifestation immorale de soumission à des mesures évidemment criminelles (nombreux rapports de la gendarmerie) aurait été un acte de résistance à la machine administrative allemande, le plombage des wagons, sous l’autorité d’un commissaire divisionnaire de police aurait évité une présence allemande. Autre acte de résistance : l’eau qui manquait souvent dans les wagons, contrairement aux instructions écrites allemandes.
On a dit que l’action de la SNCF avait été masquée par la juste célébration de la Résistance des cheminots. Ce ne fut pas le fait des cheminots qui voyaient la même direction, avec quelques résistants comme Louis Armand, pratiquer de nouvelles révocations sous l’autorité du bon Jules Moch, ni des organisations de résistance qui défendirent toujours le service public, non la continuité du service. »
Olivier Comte

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