Le Yémen, le nouveau terrain d’affrontement où se joue l’expansion de l’islam salafiste sunnite.
Les guerres par procuration, après la Syrie, le Yémen.
En juin 2013, je publiais un papier intitulé « Les meilleurs ennemis d’Israël », au titre évidemment provocateur, et qui reprenait l’analyse d’Alexandre Adler tenue un an plus tôt au micro du CCLJ le Centre Communautaire Laïque Juif.
Il déclarait que les iraniens chiites auraient voulu la bombe atomique, moins contre Israël, que contre la suprématie sunnite sur le monde arabe et dont les capitaux, Arabie Saoudite et Qatar en tête, finançaient le terrorisme.
La Chine venait de vendre en secret son 3ème réacteur nucléaire au Pakistan, seul pays musulman doté de la bombe atomique et dont les chiites représentent 20 % de la population.
Une quatrième centrale est en construction.
Il disait que l’ennemi principal était le rassemblement des extrémistes sunnites, synthèse du nassérisme et des frères musulmans, et qu’à partir de l’Egypte, se préparait l’encerclement et l’attaque contre Israël.
Faut-t-il rappeler effectivement que, sur le milliard deux cents millions de musulmans, 90 % sont sunnites et que les chiites ne représentent que 9 %.
Les chiites sont principalement en Iran, et dans une forte proportion à Bahreïn, en Irak, au Yémen et au Liban.
Alexandre Adler affirmait donc, à contre courant, que les chiites, comme toutes les minorités religieuses du Moyen Orient, dont les Iraniens, pouvaient davantage être considérés comme des alliés face au risque d’un massacre comme en Libye des alaouites et des chrétiens par une majorité sunnite structurée par les frères musulmans et payée par le Qatar et l’Arabie Saoudite.
Ni les uns, ni les autres !
Si je partage l’analyse d’Alexandre Adler, je ne peux y adhérer quand la survie d’Israël est menacée, et que je lis que le commandant en chef iranien de la milice bassidji, Mohammad Reza Naqdi des gardiens de la révolution, déclare « qu’effacer Israël de la carte est non négociable »
Il a également menacé l’Arabie Saoudite qui mène une attaque contre les Houthis chiites et pro-iraniens au Yémen en déclarant que le régime saoudien connaîtra le même sort que Saddam Hussein.
Les tentatives de négociations avec l’Iran sur son programme nucléaire civil et non militaire, sont un reflet en trompe l’œil de la volonté américaine de protéger l’Arabie Saoudite, mais qui n’augurent rien de bon concernant la sécurité d’Israël.
L’Arabie Saoudite craint l’Iran
et la minorité chiite de la région
qui met en péril sa pétromonarchie.
Pour cette raison, elle soutient le Royaume de Bahreïn sunnite, mais dont la population est à 70 % chiite.
Les pays sunnites qui livraient déjà une guerre en Syrie, la livrent maintenant au Yémen.
Ils redoutent l’établissement d’un « croissant chiite », expression du roi de Jordanie Abdallah en 2004, qui irait de l’Iran jusqu’au Liban où opère le Hezbollah, en passant par la Syrie de Bachar Al-Assad, alaouite, une branche laïciste du chiisme mais qui ne représente que 11 % de la population environ dit David Rigoulet-Roze, chercheur à l’Institut Français d’Analyse Stratégique.
Si Bachar Al-Assad tombe, le croissant chiite aussi, déclare le géopolitologue qui précise :
« Ajoutez à cela la question nucléaire iranienne. Si le pays obtient l’arme atomique, il serait le seul pays musulman de la région à la posséder, ce qui effraie beaucoup les monarchies du Golfe, qui craignent un déséquilibre, et une course à l’armement nucléaire.»
Pour Karim Emile Bitar, directeur de recherche à l’IRIS Institut de Relations Internationales et Stratégiques
« Le religieux n’est qu’un habillage pour les questions géostratégiques. La vraie ligne de faille se trouve dans l’attitude face aux Etats-Unis, auxquels l’Iran s’oppose et qui sont les alliés de l’Arabie Saoudite »
A la quête d’un leadership régional s’ajoute l’enjeu économique, notamment pétrolifère, que l’Arabie Saoudite active régulièrement.
C’est le fondamentalisme sunnite
qui déstabilise le Proche Orient
et alimente le terrorisme au niveau mondial.
Les chiites, minoritaires et oppressés, ont trouvé leur revanche avec l’instauration de la République islamique en Iran en 1979, mais dès lors, bien que largement majoritaires dans le monde arabo-musulman, les sunnites se sentent menacés.
La guerre entre les frères ennemis trouvera son paroxysme lors des révoltes contre les régimes arabes en 2011, et c’est en Syrie que naîtra l’organisation sunnite Daesh qui veut créer un califat.
Depuis, nous avons connu les attaques meurtrières perpétrées et revendiquées par des terroristes se revendiquant de l’islam radical sunnite.
L’embrasement et le chaos.
L’Iran et l’Arabie Saoudite se livrent désormais un affrontement au Yémen.
Le mardi 31 mars dernier, un haut responsable de Téhéran lançait un avertissement à Ryad concernant les conséquences de « l’attaque saoudienne » au Yémen.
Je m’étonne qu’il n’y ait pas plus d’informations sur ce qui se passe actuellement au Yémen.
Je vous livre celles que j’ai pu récolter.
Depuis huit jours l’Arabie Saoudite à la tête d’une coalition, dont nous ignorons les composantes, affronte les rebelles chiites Houthis.
De violents combats ont eu lieu dans le sud du pays, et Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique (Aqpa) a attaqué la prison centrale de Moukalla, dans le sud-est du pays et libéré 300 détenus, dont l’un de ses dirigeants, Khaled Batarfi.
Les recruteurs de djihadistes ont de beaux jours devant eux.
Ni les uns, ni les autres !
Pascale Davidovicz
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