Le jeune homme était amateur d’armes, toxicomane et l’auteur d’une agression au couteau quand il est parti derrière les barreaux fin 2013.
Libéré en janvier 2015, âgé alors de 22 ans, il tue le week-end dernier deux personnes en ouvrant le feu contre un centre culturel qui accueillait un
débat sur l’islamisme et la liberté d’expression, puis contre une synagogue.
« Il était fou. Quand il est sorti de prison il était complètement dingue », témoigne un chauffeur de taxi du quartier de logements sociaux où il a passé
son enfance.
au-dessus de la tête », a confié l’un d’eux au journal Berlingske.
Fini de discuter de filles ou de voitures: il pensait à Gaza et voulait rejoindre le paradis. Alors qu’il purgeait sa peine dans le même établissement que Sam Mansour, un islamiste radical condamné plusieurs fois pour incitation au terrorisme, l’administration pénitentiaire avait signalé le risque qu’il se radicalise.
Selon lui, certains parlaient ouvertement de faire subir le même sort au Jyllands-Posten, le quotidien danois qui a provoqué de grandes manifestations
dans le monde musulman en publiant en 2005 des caricatures de Mahomet. « Ce sont des accès de rage, des cris de colère », rapporte M. Østerbye.
Lavage de cerveau
Secrétaire d’un autre syndicat pénitentiaire, John Hatting plaide pour préserver les jeunes d’origine étrangère « vulnérables » des islamistes notoires.
« Il faut les sortir de là où ils peuvent en influencer d’autres (…) de manière à ce qu’ils ne soient entourés que de Danois » (sous-entendu sans
origine étrangère), dit-il à l’AFP.
La prison est un lieu où beaucoup se cherchent et veulent donner un sens à leur existence, ce qui en fait une proie pour les extrémistes, estime le
syndicaliste.
L’idée fait son chemin jusqu’au plus haut sommet de l’État. « Nous voulons contrer la radicalisation en prison. Cela peut se faire par exemple par en
compartimentant plus ou en plaçant plus souvent à l’isolement », a déclaré jeudi la chef du gouvernement danois Helle Thorning-Schmidt.
Un ancien détenu a raconté à la télévision publique DR comment d’autres avaient voulu l’endoctriner pour haïr les Danois et les juifs. « C’est du
lavage de cerveau. Ils essaient de s’approcher et de devenir amis », a-t-il témoigné anonymement.
La France connaît bien la problématique. Deux des auteurs des attentats parisiens, Amédy Coulibaly et Chérif Kouachi, se seraient mués en islamistes
radicaux en prison, où ils se sont rencontrés. De même que deux autres Français, Mohamed Merah, qui a tué en 2012 trois militaires ainsi qu’un
enseignant et trois enfants juifs devant une école du sud de la France, et Mehdi Nemmouche, qui a abattu quatre personnes au musée juif de Bruxelles en 2014.
El-Hussein correspond à un profil de plus en plus fréquent dans les prisons danoises, d’après M. Østerbye: le jeune homme lié à une bande dans un quartier à forte population immigrée, alternant délits et séjours en prison.
« Plusieurs personnes issues des milieux criminels, y compris des gangs, adhèrent aux milieux islamistes », estimait l’an dernier le Centre danois
d’analyse du terrorisme.
Pour Louise Aagaard Larsen, spécialiste de la criminalité qui contribue à la formation du personnel pénitentiaire, l’enfermement peut avoir « fait
basculer » El-Hussein, mais le seul fait d’être détenu ne suffit pas à pousser les délinquants à se tourner vers des idéologies extrémistes.
Elle évoque aussi le cas de jeunes Danois radicalisés revenus de Syrie qui ont rejoint des bandes de délinquants plutôt que poursuivre le jihad en Europe.
« La question en ce qui concerne ces jeunes, c’est de savoir si c’est l’islam, le trafic d’herbe ou le sentiment d’appartenance qui les motive »,
souligne-t-elle.
AFP
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