Assaut contre une cellule devant passer à l’acte « sous quelques heures » en Belgique, coup de filet dans la mouvance islamiste à Berlin, interpellations en région parisienne en lien avec les attentats contre Charlie Hebdo: des opérations contre des jihadistes présumés se multiplient depuis jeudi soir en Europe.
En France, l’enquête sur les attentats qui ont fait 17 morts la semaine dernière a rebondi avec l’interpellation d’une dizaine de personnes dans la nuit de jeudi à vendredi en région parisienne. Ces personnes vont être interrogées sur le « possible soutien logistique » qu’elles sont susceptibles d’avoir apporté aux tueurs, notamment des armes et des véhicules.
La Belgique était sur le pied de guerre au lendemain d’un violent assaut de la police contre une cellule jihadiste présumée à Verviers (est). Deux suspects sont morts après avoir riposté à l’arme de guerre, et un troisième a été interpellé. Revenus récemment de Syrie, ils s’apprêtaient à commettre un attentat contre les services de police « sous quelques heures », selon plusieurs médias.
« Les opérations sur le terrain sont terminées », a indiqué vendredi matin le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders. Il a évoqué « un très grand nombre de perquisitions dans le pays ».
Le niveau de menace terroriste, qualifié de « grave », a été relevé dans la nuit d’un cran, à 3 sur une échelle de 4, pour l’ensemble du royaume. A Bruxelles, les postes de police ont été fermés et les commissariats filtraient les entrées. Dans plusieurs zones, les policiers étaient priés de ne pas se rendre sur la voie publique en uniforme sans arme et gilet pare-balles.
« Une telle opération de nettoyage (…) pourrait amener d’autres à passer à l’acte », a justifié le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon.
« La police déjoue un deuxième Paris », titrait le quotidien De Gazet Van Antwerpen, alors que le journal économique De Tijd affirmait que « les services de sécurité ont reçu de nouvelles menaces ». « La Belgique craint encore un attentat », titrait-il.
Selon le quotidien Le Soir, les policiers ont retrouvé dans la cache des jihadistes présumés des kalachnikovs, des produits pouvant servir à fabriquer des explosifs et des uniformes de police. Le journal populaire flamand Het Laatste Nieuws affirmait même que la cellule de Verviers voulait enlever un haut responsable de la police ou de la magistrature, pour ensuite le décapiter devant une caméra et diffuser la vidéo sur internet.
Vendredi matin, rien n’avait filtré sur l’identité ou le parcours des suspects. Le bilan des perquisitions menées dans la soirée et dans la nuit, notamment dans les quartiers populaires de la capitale belge, n’était pas connu. Le parquet fédéral devait donner une conférence de presse à 11H00 (10H00 GMT).
Les suspects revenaient de Syrie, et étaient sur écoute dans le cadre d’une enquête ouverte avant les massacres commis à Paris au nom de l’islam radical par les frères Chérif et Saïd al-Kouachi et Amédy Coulibaly.
« Il n’y a pas de lien entre les attentats à Paris et ceux programmés en Belgique » ni « entre les filières », a insisté M. Reynders, même si des échanges d’informations ont eu lieu entre polices belge et française. « Il va falloir faire comprendre à beaucoup de partenaires encore que l’échange d’informations doit s’améliorer », a affirmé le ministre, dont le pays plaide, notamment avec la France, pour un sursaut de mobilisation antiterroriste au niveau européen.
« Le but c’est de prévenir, d’éviter que des attentats ne soient commis ».
A Berlin, une dizaine de perquisitions au sein de la « mouvance islamiste » ont été effectuées vendredi matin.
Deux Turcs ont été arrêtés, dont l’un soupçonné de diriger un « groupe d’extrémistes » qui envisageait « un acte violent grave en Syrie » et l’autre s’occupait des finances de ce groupe. La police a toutefois précisé qu’il n’y avait « pas d’indice montrant que le groupe préparait des attentats en Allemagne ».
Alix Rijckaert pour AFP
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