Les Palestiniens ont annoncé mercredi leur intention de rejoindre la Cour pénale internationale où ils pourraient poursuivre les dirigeants israéliens pour « crimes de guerre », durcissant encore la confrontation avec l’Etat hébreu après l’échec de leur initiative diplomatique à l’ONU.
Ils entendaient faire adopter par le Conseil de sécurité une résolution qui aurait donné un an pour aboutir à un règlement du conflit avec Israël, puis deux ans au maximum à ce pays pour se retirer des territoires qu’il occupe depuis 1967. Le texte a été rejeté dans la nuit.
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas entend à présent mettre à exécution une menace ancienne: l’adhésion à la CPI, la cour siégeant à La Haye créée pour poursuivre les crimes les plus graves -génocides, crimes contre l’humanité, crimes de guerre.
L’appartenance à la CPI permettrait aux Palestiniens d’engager des poursuites pour « crimes de guerre » contre des dirigeants israéliens, par exemple pour la guerre de juillet-août à Gaza, une démarche à laquelle s’opposent fermement Israël et son allié américain.
Selon des responsables, M. Abbas doit signer le Statut de Rome qui régit la CPI, à l’occasion d’une réunion de la direction palestinienne prévue en fin de journée en Cisjordanie. Un discours de M. Abbas est également attendu.
Après une telle adhésion et son échec à l’ONU, l’autorité palestinienne n’aura quasiment plus qu’une carte à abattre: la rupture de la coopération sécuritaire avec Israël qui pourrait signifier la dissolution de cette institution.
LA FRANCE AVAIT VOTÉ POUR
En convoquant un vote à l’ONU à 48 heures seulement d’un renouvellement -a priori favorable à leur cause- du Conseil du sécurité, les Palestiniens ont essuyé un double échec après quatre mois d’efforts qui laissent observateurs et diplomates perplexes par la stratégie palestinienne.
Les Palestiniens n’ayant obtenu que huit voix sur 15 (sur les neuf votes nécessaires), les Etats-Unis n’ont même pas eu à utiliser leur veto.
Ce veto, un symbole sur lequel M. Abbas entendait capitaliser, notamment après l’échec d’un énième round de négociations sous l’égide des Etats-Unis, leur a échappé à une voix près: celle du Nigeria qui s’est abstenu alors qu’il s’était engagé, assurent les Palestiniens, à voter le texte.
« Nous sommes déçus par l’abstention du Nigeria. D’autres pays, comme la France et le Luxembourg, ont tenu leurs promesses », a affirmé un porte-parole de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Ashraf Khatib.
La Russie et la Chine ont voté en faveur du texte, Moscou dénonçant une « erreur stratégique » du Conseil de sécurité.
L’Australie et les Etats-Unis ont voté contre. Cinq pays, dont le Royaume-Uni, se sont abstenus.
Washington, pour qui le conflit ne peut être résolu que par des négociations directes, a dénoncé une résolution qui encourageait « les divisions » et posait « des délais arbitraires ».
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est félicité de la position nigériane, affirmant que son « ami » le président Goodluck Jonathan lui avait promis de ne pas soutenir la résolution.
LE HAMAS S’EN PREND À ABBAS
Avant le vote, les Palestiniens avaient apporté des modifications à leur texte pour contenter l’opposition intérieure à M. Abbas, mais ces amendements n’ont pas apaisé les récriminations.
« Décision unilatérale » d’un président ayant « pris en otage le processus de décision palestinien », a fulminé le Hamas, tandis que le Jihad islamique rappelait avoir « été contre depuis le début ».
Le texte faisait trop de concessions et n’ouvrait la voie qu’à de nouvelles négociations qui ont déjà fait la preuve de leur échec, selon la gauche.
Le chef de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, qui avait appuyé ce texte, a « déploré la position de certains pays africains qui se sont abstenus », promettant de poursuivre les efforts arabes pour soutenir « la juste cause palestinienne ».
Pour la dirigeante de l’OLP Hanane Achraoui, après un vote « outrageusement honteux », il faut désormais « protéger la Palestine et lui donner les moyens de forcer Israël à rendre des comptes ». Poursuivre les Israéliens devant la justice internationale « est la prochaine étape, inévitable ».
Mais même l’arme de la CPI pourrait être aléatoire. C’est au procureur auprès de la cour de décider ou non d’entamer un examen préliminaire, étape préalable à l’ouverture d’une enquête. Et les Israéliens ne se sont pas privés de souligner que l’arme pourrait se retourner contre des Palestiniens eux-mêmes, dont certains pourraient aussi avoir à répondre de leurs agissements.
AFP
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