« Cours sans te retourner » : un énième long-métrage sur un sujet devenu un genre cinématographique à part entière ?… Absolument pas. J’en suis personnellement sorti bouleversé, les yeux embués…
Nous sommes donc en 1942. Srulik, un jeune garçon juif polonais réussit à s’enfuir du ghetto de Varsovie. Il se cache dans la forêt, puis trouve refuge chez Magda, une jeune femme catholique. Magda étant surveillée par les Allemands, il doit la quitter et va de ferme en ferme, au hasard du bon vouloir des paysans polonais, chercher du travail pour se nourrir, se protéger, en un mot : survivre. L’expérience du vécu et de la substitution : l’enfant c’est nous, c’est notre fils, c’est notre frère, notre neveu ; c’est surtout l’innocence incarnée face à la barbarie. Pour survivre justement, le jeune héros doit oublier son nom et cacher qu’il est juif.
DANS L’HIVER
D’UNE POLOGNE SANS ÂME
Depuis « Le pianiste » de Polanski, je ne pense pas avoir autant été secoué par un destin individuel aussi poignant. Évidemment décuplé par le fait que le héros est ici un enfant d’un dizaine d’années – et que ce qu’on voit à l’écran a vraiment été vécu.
Quelle destinée, quel courage, quelle leçon de vie, de refus de la fatalité, de l’éternel combat contre la barbarie et l’innommable !…Souvent révolté devant l’incroyable série de mésaventures subies par le jeune fugitif dans l’hiver glacial d’une Pologne sans âme, on en vient à se demander comment tenir jusqu’au dénouement ?
Au-delà de cette leçon d’humanité, au-delà d’un essai sur les héros et les salauds, la guerre et la persécution des Juifs vécue et incarnée par un très jeune personnage si charismatique et tellement attachant, ce film est aussi une illustration éloquente des lois du destin : si vous devez vivre, survivre, rien ni personne ne l’empêchera… Que dire enfin de cette superbe distribution (Ah ce gamin qu’on meurt d’envie de consoler dans ses bras) ou de cette fermière polonaise au regard et à l’attitude d’un Ange bienfaiteur (magnifique Elisabeth Duda).
Non, « Cours sans te retourner » n’est pas un film supplémentaire sur la Shoah. Adapté du Best-Seller d’Uri Orlev qui retrace le parcours miraculeux de Yoram Friedman, c’est un manifeste sur le courage, la bravoure et la destinée. Quand une force supérieure décide de vous soustraire à la fatalité et vous sauver de la mort assurée… : rien ni personne ne l’y fera renoncer… Aucun obstacle, aucune trahison, aucun ne concours de circonstance : cette force supérieure, cette bonne étoile, selon ses convictions, vous l’appelez Dieu, destinée, Mektob, Providence ou tout simplement Chance avec un C Majuscule…
N’hésitez-pas à découvrir ce film poignant et plein d’espoir : vous en ressortirez différent !
Laurent Gahnassia
http://www.allocine.fr/videos/fichefilm-204377/toutes/
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