Après les Parlements britannique et espagnol, l’Assemblée débat à son tour vendredi de la reconnaissance de l’État palestinien par le biais d’une résolution non contraignante qui devrait être ensuite adoptée mardi sans le soutien de la droite.
Le texte soumis aux députés par le groupe socialiste « invite le gouvernement à reconnaître l’État de Palestine en vue d’obtenir un règlement définitif du conflit » et juge que « la solution des deux États, promue avec constance par la France et l’Union européenne, suppose la reconnaissance de l’État de Palestine aux côtés de celui d’Israël ».
Le débat, qui débute à 09H30, sera limité à 1H15 et suivi de la réponse du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. Le vote solennel aura lieu le 2 décembre, et le Sénat examinera un texte identique le 11.
Cette démarche, non contraignante pour le gouvernement, s’inscrit dans un mouvement européen pour que la reconnaissance de la Palestine, jusque là envisagée comme l’aboutissement de négociations, soit utilisée comme un moyen de pression sur Israël pour relancer un processus au point mort depuis l’échec de la médiation américaine au printemps dernier.
Ce vote risque « d’exacerber la situation » en France, a ainsi jugé l’ambassadeur d’Israël Yossi Gal, en faisant allusion aux incidents survenus lors de manifestations pro-palestiniennes cet été lors de l’intervention israélienne à Gaza.
A Paris, des rassemblements « pro-israéliens » sont prévus à la mi-journée près de l’Assemblée, et des « pro-palestiniens » en fin d’après-midi.
– UMP ET UDI SONT OPPOSÉS
Au PS, une dizaine de députés (sur 289) n’ont pas signé la résolution. Parmi eux, l’Alsacien Armand Jung, président du groupe d’amitié France-Israël, et le maire de Sarcelles (Val d’Oise), François Pupponi, commune qui abrite une forte population de confessions juive et musulmane.Les députés du PS attachés à la clientèle électorale des musulmans de leur circonscription voteront le texte à l’instar de Hamon ou de Guigou, élus du 9-3 ( Seine Saint-Denis) .
L’UMP, favorable à la solution des deux Etats au bout d’un processus de paix, est à une très grande majorité hostile à cette démarche, même si elle a prévu de répartir son temps de parole entre deux contre (Claude Goasguen et Pierre Lellouche) et un pour (Axel Poniatowski).
Le chef de file du groupe UMP Christian Jacob argumente qu’on est « clairement dans le domaine réservé de l’exécutif ». Candidat à la présidence du parti l’UMP, Nicolas Sarkozy a appelé à voter contre « une reconnaissance unilatérale quelques jours après un attentat meurtrier (l’attaque contre une synagogue perpétrée à Jérusalem) et alors qu’il n’y a aucun processus de paix ».
Même argumentation à l’UDI. « Nous ne pensons pas que ce soit le bon moyen de passer par le Parlement », selon le président du groupe Philippe Vigier.
A gauche, le texte sera soutenu « avec enthousiasme » par les écologistes et le Front de gauche qui avaient déposé leurs propres résolutions tandis que les radicaux de gauche sont partagés.
Pour les communistes, « c’est un combat historique », a rappelé le député François Asensi, qui a appelé le gouvernement à une reconnaissance « au lendemain du vote ».
Mais le gouvernement, qui a donné son aval à la démarche des parlementaires, « n’est pas lié », a rappelé la semaine dernière Laurent Fabius pour qui la reconnaissance doit être « utile » à un règlement du conflit, et pas simplement symbolique ».
Paris veut agir dans un cadre international concerté. Et notamment à l’ONU, où les Palestiniens ont annoncé leur intention de déposer une résolution réclamant la fin de l’occupation israélienne en 2016.
Avec AFP
ESTROSI ET LELLOUCHE
DEMANDENT EN VAIN LE RETRAIT
Le député UMP Christian Estrosi a demandé en vain vendredi lors du débat sur la reconnaissance de l’État palestinien le retrait de la résolution socialiste, estimant que le législatif empiétait sur l’exécutif.
« La politique étrangère ne relève pas du pouvoir législatif et envoie un message négatif à notre allié Israël. Je vous demande le retrait de cette résolution », a réclamé dans un rappel au règlement, au début des débats, le député-maire de Nice, chaud partisan d’Israël.
La Constitution « ne donne ni à l’Assemblée nationale, ni au Sénat, le droit de réécrire la diplomatie de la France », a renchéri ensuite Pierre Lellouche, premier orateur du groupe UMP.
Le président PS Claude Bartolone a refusé d’accéder à cette demande de l’UMP, rappelant qu’elle avait déjà été discutée.
» Pas de résolution pour un État-fiction ! «
Quelque 150 manifestants pro-israéliens se sont rassemblés vendredi près de l’Assemblée nationale, où les députés ont débattu dans la matinée sur une résolution non contraignante des députés socialistes,
invitant le gouvernement à reconnaître un État palestinien.
« Non à une résolution qui encourage les terroristes », « pas de résolution pour un État fiction », pouvait-on notamment lire sur les nombreuses pancartes distribuées aux manifestants, réunis en début d’après-midi à l’appel d’une dizaine d’associations.
Drapeaux israéliens noués autour du cou, la plupart d’entre eux arboraient sur leurs vêtements des autocollants de la Ligue de défense juive (LDJ), groupe d’autodéfense inspiré de mouvements étrangers interdits.
Cette résolution « est un signal de départ pour la communauté juive », a dit Richard Abitbol, président de la Confédération des Juifs de France et amis d’Israël (CFJAI), qui regroupe la majorité des organisations présentes au rassemblement. « Nous sommes sur une pente extrêmement dangereuse, parce qu’il ne fait plus bon de vivre en tant que juif en France », a-t-il ajouté.
Le député UMP de Paris Claude Goasgen, qui avait exprimé plus tôt dans l’hémicycle son opposition à la résolution, a fait part de sa « honte » vis-à-vis de ce « texte unilatéral » du Parti socialiste qui « fait une course de vitesse dans la démagogie pour récupérer l’électorat musulman ».
Un appel à une nouvelle manifestation mardi, jour du vote de la résolution à l’Assemblée, a été lancé avant la dispersion.
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