Les lycéens choisissent « Charlotte »,
de David Foenkinos,
pour leur prix Goncourt
« Charlotte », de David Foenkinos – un roman bouleversant qui retrace la vie d’une jeune artiste juive surdouée assassinée à Auschwitz – a remporté mardi à Rennes le 27e prix Goncourt des lycéens, qui ont salué « l’émotion très puissante » de ce récit « reçu comme un vrai cadeau ».
Déjà récompensé par le prix Renaudot, « Charlotte », sorti fin août chez Gallimard, a emporté l’adhésion des lycéens dès le premier tour.
« Encore beaucoup de gens, grâce à vous, vont découvrir » la vie et l’oeuvre de Charlotte Salomon « et ça me touche beaucoup », a expliqué l’écrivain, applaudi par les lycéens.
Son treizième roman évoque le destin tragique de Charlotte Salomon, une peintre allemande surdouée, marquée par une tragédie familiale, et qui fuit les persécutions nazies avant de se réfugier en France. Là, elle se lance dans une oeuvre autobiographique d’une étonnante modernité. Dénoncée, elle est déportée à Auschwitz, enceinte, où elle sera assassinée, à 26 ans.
UN RÉCIT RÉDIGÉ EN VERS LIBRES
« Le roman ne met pas fin à mon obsession. C’est ma plus belle histoire d’amour d’écrivain. Je ne peux pas enchaîner tout de suite un autre livre », confiait récemment David Foenkinos, affirmant également que « Charlotte occupe mon esprit depuis huit ans, pendant lesquels j’ai enquêté, à Berlin, dans le Midi de la France où elle s’était réfugiée… »
Né à Paris le 28 octobre 1974, David Foenkinos est également l’auteur de best-sellers teintés de légèreté ou d’humour absurde, parmi lesquels « La Délicatesse » (2009), porté à l’écran.
Les lycéens, qui ont eu un « coup de coeur » pour « Charlotte » ont notamment été conquis par la forme du récit, rédigé en vers libres.
« Cela donne une écriture lumineuse, qui rend la lecture fluide », explique Juliette Calori, élève en 1ère à Vanves, qui a dévoré les 220 pages « en deux heures ». « Revenir à la ligne souvent, ça permet de respirer », affirme Raphaël Alapini, en 1ère L à Rosny-sous-Bois, qui a apprécié le roman car « il introduit la beauté – et une beauté saisissante – dans un récit qui était plus porté sur l’horreur ».
« Cela nous a énormément touchés, car cette forme d’écriture permet la légèreté et le recul » dans un sujet terrible, analyse Naomi Sirerols, en 1ère L au lycée Lacroix à Narbonne.
AFP
Lisez la première page du roman :
Charlotte a appris à lire son prénom sur une tombe.
Elle n’est donc pas la première Charlotte.
Il y eut d’abord sa tante,la sœur de sa mère .
Les deux sœurs sont très unies,jusqu’à un soir de novembre 1913.
Francisa et Charlotte chantent ensemble,dansent,rient aussi.
Ce n’est jamais extravagant.
Il y a une pudeur dans leur exercice du bonheur.
C’est peut être lié à la personnalité de leur père .
Un intellectuel rigide, amateur d’art et d’antiquités.
A ses yeux, rien n’a davantage d’intérêt qu’une poussière romaine.
Leur mère est plus douce.
Mais d’une douceur qui confine à la tristesse.
Sa vie a été une succession de drames.
Il sera bien utile de les énoncer plus tard.
Pour le moment, restons avec Charlotte.
La première Charlotte.
Elle est belle, avec de longs cheveux noirs comme des promesses.
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Il reste 205 pages pour le terminer : des phrases comme des vers libres, un sujet, un verbe, une virgule, un point .
Il faut aimer.
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