L’Histoire contemporaine de notre Monde connut beaucoup de sièges, Stalingrad, le ghetto de Varsovie et Sarajevo, aucun d’eux ne se ressemble ni ne relève des mêmes circonstances, et comparaison n’est pas raison.
Pourtant, de flagrantes similitudes sautent aux yeux, et un dénominateur commun les unit, c’est la détermination des combattants.
Rémy Ourdan, correspondant de guerre au journal Le Monde, rentré d’Erbil, la capitale de la Région autonome du Kurdistan irakien, et Patrice Franceschi, écrivain et officier de réserve, rentré du Kurdistan syrien en ont témoigné sur Canal +.
La région de Djézireh en Syrie est le gros bastion kurde à l’est de Kobané, où se situent le gouvernement et l’essentiel des forces armées kurdes.
Ceux-ci ne parviennent pourtant pas à aider la zone de Kobané car Daesh, l’auto proclamé Etat islamique, attaque de tous côtés.
Si Kobané, le symbole de la résistance kurde tombe, c’est aussi la fin de Djézireh et de tout le bastion kurde dont Daesh veut l’élimination.
A Kobané, il ne reste que des combattants hommes et femmes, car la population a fui et trouvé refuge dans des zones épargnées par les combats.
Kobané n’est pas littéralement assiégée puisqu’il lui reste un maigre accès à la frontière turque qui se fortifie, mais elle a besoin de renfort.
Mais quand le ministre des Affaires étrangères du gouvernement du Kurdistan irakien réclame à la coalition internationale des armes et non des troupes au sol, parce que ses troupes sont à la pointe du combat, et obtient satisfaction en août dernier quand Obama et Hollande lui viennent en aide et lui fournissent armes et munitions, le Kurdistan syrien, principal objectif de Daesh, ne reçoit rien.
Cent cinquante peshmergas kurdes irakiens
arrivés en renfort.
Cent cinquante kurdes d’Irak sont passés en Syrie, et sont venus en soutien à Kobané avec de l’artillerie et des armes antichar.
C’est la première fois qu’officiellement des kurdes d’Irak opèrent une intervention extérieure.
Les cent cinquante peshmergas irakiens sont une aide symbolique au regard des mille cinq cents hommes femmes et enfants tués depuis plus de quarante cinq jours de siège.
Erdogan retarde l’arrivée des renforts.
Le Président turc Recep Tayyip Erdogan, le faux allié de l’Europe et de l’Occident, fait tout depuis son controversé fabuleux palais de 615 millions de dollars, pour retarder l’aide à Kobané.
Reçu par François Hollande, il prétend que Kobané n’est qu’une partie infime du drame qui se joue dans toute la Syrie.
En réalité, ce qu’il ne veut pas, c’est qu’on parle des kurdes, ni de Kobané.
Car Erdogan est proche des islamistes et ne veut pas d’un Kurdistan autonome.
Il a fait édifier une barrière infranchissable le long de la frontière avec le Kurdistan.
Quatre rangées de rouleaux de fils de fer barbelés, une palissade de cinq mètres de haut et des blindés postés à la frontière.
Au passage, je constate qu’aucune organisation ni association bien-pensantes ne s’y sont opposées ! Elles ne voient que le mur de protection qu’Israël a érigé pour se protéger des attaques terroristes.
Ce blindage de la frontière turque enferme les kurdes et les condamne comme les chrétiens et les yézidis à l’élimination.
Sous la pression de la communauté internationale, Ankara, qui refuse d’intervenir à Kobané, a fini par autoriser les peshmergas irakiens à transiter par son territoire.
Mais, ce que veut Daesh, avec la complicité d’Erdogan, c’est que le gouvernement autonome kurde de Djézireh, qui porte les valeurs de la démocratie et de l’égalité homme femme, disparaisse de la surface de la région.
Des bataillons féminins
qui ne peuvent se permettre d’être prisonnières.
Les kurdes du gouvernement autonome de Djézireh ne font pas seulement preuve d’une résistance et d’un mental incroyables, ils ont aussi institué l’égalité homme femme à tous les niveaux.
Les femmes qui se battent contre les islamistes sont déterminées à se battre pour ces valeurs.
Dans leurs regards on voit leur détermination et leur courage.
Si elles sont capturées, elles savent qu’elles seront violées, torturées et égorgées.
Alors, elles gardent une ultime grenade pour faire payer aux islamistes le prix de leurs vies.
Des académies militaires
qui forment des combattants.
A Djézireh on forme un maximum de combattants.
C’est par milliers que les jeunes se présentent pour partir au front.
Ils savent que Daesh a la capacité d’attaquer sur une multitude de fronts syriens et irakiens, qu’ils encerclent Bagdad et menacent l’ouest irakien de la province d’Alambar.
Le contexte régional est explosif car pendant ce temps, le groupe islamiste Al-Nosra, affilié à Al-Qaïda, mène une offensive contre la rébellion syrienne modérée dont personne ne parle plus et qui ne bénéficie d’aucune aide.
Un de ses principaux commandants, le leader modéré Jamal Maarouf a perdu son fief.
Jamal Maarouf représentait l’insurrection syrienne modérée et avait réussi en janvier dernier à repousser les djihadistes de Daesh hors de la province d’Idlib, dans le nord de la Syrie.
L’aide en armement des Etats-Unis et de l’Arabie Saoudite n’aura pas suffi.
Le chef du FRS, Front des Révolutionnaires Syriens, que Barack Obama voulait comme le leader des insurgés syriens, se serait réfugié en Turquie.
Pire encore, un grand nombre de ses combattants aurait rejoint Al-Nosra, donc Al-Qaïda.
Les forces modérées syriennes sont prises entre le marteau et l’enclume.
D’un côté les djihadistes et de l’autre l’armée de Bachar Al-Assad.
Pascale Davidovicz
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