La bataille de Kobané
La bataille de Kobané émeut le monde depuis un mois. Pourtant, cette attaque dʼune ville syrienne kurde nʼest quʼune des nombreuses cibles de lʼarmée islamique en Syrie et en Irak. Même si elle perdait le siège de Kobané, dans le même temps elle est sur le point de conquire deux villes irakiennes importantes quasiment sans coup férir. Et en Syrie, la progression est fulgurante. Diffusées sur l’une des chaînes Youtube de l’Etat islamique, des images montrent l’aérodrome Al- Djarrah, dans la province d’Alep (Syrie). Les djihadistes sʼy sont emparé de trois avions de chasse. Ils bénéficieraient de l’aide de pilotes irakiens pour apprendre à les manier. De manière générale lʼarmée islamique progresse à une grande vitesse. Son sort parait scellé, les ralliements des factions musulmanes se fait sans aucune résistance. Lʼétroite bande de terre encore contrôlée par le président syrien entre Damas et Alep nʼa aucune valeur stratégique et son destin semble inexorable si lʼarmée islamique poursuit sur sa lancée et fédère toute lʼopposition militaire de Syrie.
La situation en Irak:
Le chef de lʼarmée islamique sʼappelle Abou Bakr al-Baghdadi (nom dʼemprunt). Il est né dans la province de Diyala, dans l’est de l’Irak, en 1973. Après la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, il aurait fait ses premières armes en attaquant les convois de l’armée américaine, au sein de groupuscules armés composés d’anciens militaires du régime. Il noue des contacts dans la zone frontalière qui lui serviront plus tard, lorsqu’il portera son combat en territoire syrien. A partir de la ville d’Al- Qaim, il organise le passage des djihadistes syriens que lui envoie Bachar al-Assad par cars entiers depuis Damas pour lutter contre l’occupation américaine.
Petit à petit, il prend du galon dans la hiérarchie de la résistance irakienne. 2004 est l’époque où les djihadistes répandent leur propagande par la terreur : les vidéos des otages occidentaux décapités, où à Fallouja les corps des mercenaires américains brûlés vifs. Début 2007, alors que les Américains convainquent des tribus sunnites de se soulever contre les djihadistes d’Al-Qaida, Al-Baghdadi est arrêté et jeté dans la prison du camp américain de Bucca, près d’Umm Kasr en Irak. Lorsqu’il en sort en avril 2010, il devient le chef de l’organisation rebaptisée « Etat islamique en Irak ».
Il multiplie alors les attentats sanglants comme celui de la cathédrale de Bagdad (46 morts). En décembre 2011, le départ des troupes américaines puis la politique sectaire du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki qui opprime les sunnites font le lit de l’organisation d’Al-Baghdadi. Le despotisme confessionnel du Premier ministre chiite explique pourquoi les soldats de l’Etat islamique, ont pu être accueillis en libérateurs lors de la récente prise de Mossoul. Peu à peu, l’armée d’Al-Baghdadi s’empare des zones pétrolières et se concilie les bonnes grâces des tribus en leur cédant l’exploitation des puits.
En mars 2013, Al-Baghdadi annonce la création de l’Etat islamique en Irak et au Levant. C’est la fin de l’alliance de circonstance avec Al-Qaida. Le jeune fondamentaliste veut voler de ses propres ailes sans une tutelle encombrante. Al-Baghdadi se veut aussi bâtisseur moderne. Un peu plus d’un an après le faire-part de naissance de son califat, Al-Baghdadi est parvenu à acquérir un large territoire. Il a réalisé le rêve de ses aînés en djihad : porter la guerre sainte » à deux pas de l’Arabie Saoudite et de la terre de la mosquée d’Al-Aqsa (Jérusalem) » Le chef djihadiste irakien a déjà conquis la moitié de l’Irak et menace Bagdad. Son objectif ? Vaincre les chiites, créer un Etat islamique et remodeler les frontières du Moyen-Orient (fusion Irak-Syrie). Etablir un califat islamique, non pas dans les zones tribales reculées d’Afghanistan mais au coeur des villes et des puits de pétrole du Moyen-Orient…
(http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20140620.OBS1229/secret-rusesanguinaire-le-djihadiste-qui-fait-trembler-le-monde.html)
Bien sur, la progression de cette armée islamique rebelle ne se fait pas sans installer une véritable terreur civile qui met un terme aux luttes de clans dévastatrices entre Chiites et Sunnites. Le site “Algérie 1” rapporte un témoignage dʼun ancien milicien de lʼarmée islamique en Irak:
« Je pensais au début que Daesh cherchait vraiment à réaliser les demandes de la population. Mais, moi et mes collègues, avons découvert que Daesh veut prendre le contrôle de lʼIrak et réaliser des agendas extérieurs loin de nos revendications nationales. Ils ont commencé à agir contrairement aux enseignements islamiques ou moeurs tribales. Daesh a exécuté des rebelles de tribus qui ont voulu faire défection pour protester contre le meurtre des Irakiens sans raison valable » (http://www.algerie1.com/international-2/daesh-nous-a-trompes-il-veut-controlerlirak/)
Lʼarmée islamique sʼest emparée de Tikrit en juin 2014 et est aujourdʼhui aux portes de Bagdad. Elle contrôle la moitié du sol du sol irakien et un tiers de la Syrie, mais surtout elle possède un front de 1.000 km avec la Jordanie et lʼArabie Saoudite: “Si Bagdad reste hors de portée pour Daech, il y fait peser une pression de plus en plus forte, notamment par la multiplication des attentats : 23 morts encore vendredi 17 octobre dans l’explosion de trois voitures piégées. Seule nouvelle encourageante dans ce tableau bien sombre : depuis samedi, l’Irak dispose enfin d’un gouvernement au complet. Après des semaines de tractations, le Parlement a finalement approuvé les nominations des ministres, notamment ceux, primordiaux, en charge de l’Intérieur et de la Défense. « Il s’agissait de postes cruciaux à attribuer dans le cadre des efforts contre l’EI, s’est félicité le secrétaire d’État John Kerry. Nous sommes très satisfaits ».(http://www.lejdd.fr/International/La-coalition-sur-tous-les-fronts-contre-l-Etatislamique-695214)
situation de lʼEtat islamique le 29/09/2014 :
(http://danielclairvaux.blogs.nouvelobs.com/archive/2014/09/26/le-terrorisme-islamiquecheval de-troie-de-l-integration-542959.html)
Le Califat islamique dʼIrak
La situation semble donc assez claire: un groupe armé commandé par un chef puissant et ultra- religieux est en train dʼinstaller un empire islamique en Irak et en Syrie. Il mène une guerre de terrain rapide et efficace, semant la terreur parmi les populations qui vivent la guerre civile depuis 10 ans. IL instaure une paix “armée” selon les préceptes de la Sharia. Il bénéficie de circonstances favorables : un soutien de certains émirats arabes du golfe est évoqué; mais la Turquie pratique aussi une neutralité complaisante depuis 2003, lʼarmement de lʼarmée islamique transiterait par la Turquie.
“La Turquie, faux ami de l’Otan? Malgré la pression internationale, Ankara, pourtant membre de la coalition, poursuit sa surprenante stratégie, qui consiste à ne rien faire tout en empêchant les volontaires kurdes d’aller rejoindre leurs frères d’armes à Kobanê. Ankara, qui renvoie Daech et les Kurdes dos à dos, a aussi refusé de mettre ses bases aériennes à la disposition de ses alliés. « Une attitude pas tenable, estime Dorothée Schmid, spécialiste de la région à l’Ifri (Institut français des relations internationales). La Turquie a toujours eu une position à géométrie variable avec l’Otan mais son armée refuse toute modification de frontières qu’entraînerait une victoire kurde en Syrie », comme si elle voulait avoirtous les avantages d’être membre de l’Alliance sans en subir les inconvénients. “ (http://www.lejdd.fr/International/La-coalition-sur-tous-les-fronts-contre-l-Etatislamique-695214)
Le Président Obama a promis de ne pas intervenir en Irak et donne lʼimpression de se résigner à laisser lʼEmir al-Baghdadi prendre le contrôle du terrain en Irak et en Syrie: “Le : »Nous n’avons pas de stratégie pour le moment » d’Obama a été une gaffe sans lendemain. Cette petite phrase, lâchée au détour dʼune conférence de presse, a eu lʼeffet dʼune bombe. Pas tellement sur le fond, le microcosme sachant parfaitement quʼaucun Etat occidental nʼa encore trouvé la martingale pour défaire lʼEtat Islamique. Mais dans la politique présidentielle américaine, il existe une règle quʼil ne faut JAMAIS violer : ne pas avouer sa propre faiblesse ou celle du pays. En une phrase, Obama a réussi la prouesse de souder les Républicains sur la politique étrangère, critiquant sa mollesse et son indécision, alors quʼils sont en réalité largement divisés entre isolationnistes et interventionnistes. “ (http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20140909.OBS8602/obama-et-l-etatislamique- 7-idees-recues-sur-la-strategie-americaine.html)
Ainsi, lʼEtat islamique bénéficie dʼune conjoncture particulièrement favorable: lʼépuisement des populations musulmanes du Proche Orient, le basculement de la Turquie vers un islamisme militant et la résignation américaine 10 ans après le fiasco de la guerre médiatique en Irak. Toutes les puissances politiques du Proche et du Moyen Orient aspirent à la stabilité dans la région. La prise du pouvoir par lʼarmée islamique semble inéluctable. Mais sera-t-elle sans conséquence pour le reste du monde ? Il est très possible que le Djihad de lʼEtat islamique en Irak et au Levant ne sʼarrêtera pas aux frontières historiques de ces Etats.
Un Islam politique
En octobre 2014, le journal “Le monde” relaie une vidéo du prédicateur musulman Metmati Mâaman. Cʼest un prédicateur dʼorigine algérienne, installé à Paris qui a crée sa propre maison dʼédition de livres militants religieux musulmans ; implantée à Argenteuil l’entreprise MAAMAR METMATI est active depuis 25 ans. Ce prédicateur livre une vidéo de 1h42 sur la création du Califat dʼIrak, et en fait lʼapologie en donnant ainsi lʼopinion moyenne des Musulmans qui est riche dʼenseignements. Metmati étant réputé un i n t é g r i s t e modéré. (http://www.youtube.com/watch?v=JrJ_a8m-hQk).
Pour cet idéologue arabe – et parisien- la création dʼun Califat en Irak est une bonne chose; elle est nécessaire à lʼémergence dʼun Islam politique , quʼil nomme “Islamisme”. Il affirme que nul ne peut vivre en dehors des préceptes du Coran. Il défend la création de cet empire religieux musulman en Irak au nom du Coran Lui même. Cʼest donc le Coran qui justifie lʼinstallation dʼune junte militaire en Irak et en Syrie ; il cite les versets du Coran suivants:
“Celui qui vit en dehors de la oumma , tue-le”
“Sʼil faut prêter allégeance à deux Califes, tue le deuxième Calife” .
(*oumma = communauté religieuse).
Il nʼy a donc quʼun Califat qui puisse engendrer un vrai Islam politique, et un seul. Il faut un Califat pour “commencer à construire” , nous dit Metmati Mâamar. La reconstruction dʼune société sur les ruines de lʼIrak, 10 ans après lʼinvasion occidentale, semble bien nécessaire en effet. Mais doit-elle passer par lʼallégeance au Calife de Bagdad , comme lʼaffirme le prédicateur parisien? Cette allégeance est “le fondement de la croyance des Musulmans”; lʼabsence dʼun tel Califat empêcherait définitivement lʼémergence dʼun Islam politique. Les Musulmans nʼont en réalité “pas le choix”, ils doivent se soumettre à ce nouveau chef religieux et guerrier, dit-il.
Cette vidéo est intéressante puisquʼelle révèle lʼétat dʼune partie de lʼopinion musulmane en cette année 2014. Elle explique le succès foudroyant de cet Etat Islamique dʼIrak et du Levant. Cependant elle passe sous silence une question de principe : un nouvel ordre social, politique et idéologique est en train dʼémerger au Proche Orient. Il installe un régime autoritaire qui est bien une théocratie totalitaire . Sʼappuyant sur une lecture du Coran, elle remet en cause la base de lʼorganisation de tous les Etats du monde acceptée depuis la conférence de San Francisco en 1945. Les Musulmans “nʼauraient pas le choix ”, ils devraient appliquer in extenso la Sharia et le Coran nous dit le prédicateur Metmati Mâamar. Cette affirmation peut-elle légitimer de véritables massacres de masse, tels que celui rapporté par le journal “Le Monde” le 22/10/2014 ?
“ L’offensive des djihadistes de l’Etat islamique contre la minorité yézidie en Irak pourrait constituer une « tentative de génocide », a estimé mardi 21 octobre le secrétaire général adjoint aux droits de l’homme des Nations Unies. Selon divers témoignages recueillis, des milliers de membres de cette communauté kurdophone adepte d’une croyance issue en partie du zoroastrisme considérée par l’Etat Islamique comme « adoratrice du diable » auraient été exécutés, enterrés vivants ou réduits en esclavage lors des assauts du groupe sunnite près du mont Sinjar, dans le nord de l’Irak, ces quatre derniers mois. La Convention pour la prévention et la répression du génocide adoptée par l’Assemblée générale de l’Organisation des nations unies (ONU) en 1948 définit le génocide comme « des actes commis dans l’intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Dans le cas de la communauté yézidie, la dimension religieuse serait avérée : il existe des preuves selon lesquelles les membres de l’Etat Islamique ont affiché leur volonté de les exterminer s’ils refusaient de se convertir, affirme M. Simonovic…. Les djihadistes ont revendiqué dans un récent numéro de leur magazine Dabiq la vente de femmes et d’enfants yézidis comme esclaves et affirmé que cette minorité avait été choisie en raison de ses coutumes singulières.” (http://www.lemonde.fr/international/article/2014/10/22/irak-l-onu-accuse-l-etatislamique de-tentative-de-genocide-contre-les-yezidis_4510136_3210.html)
Pour preuve, lʼEtat Islamique a autorisé la diffusion dʼune photo visible sur les réseaux arabes montrant une dizaine de femmes portant la burqa blanche, entassées dans une cage étroite en fer , et exposées au marché de Tikrit pour être vendues comme esclaves sexuelles. Il sʼagirait de femmes infidèles à lʼIslam, capturées par lʼarmée islamique. (http://numidia-liberum.blogspot.fr/2014/09/islamisme-et-esclavage-sexuel-lecomble.html)
Cette pratique est en violation du droit international et de la déclaration universelle des droits de lʼHomme de 1948. Nous assistons donc à lʼémergence dʼun empire religieux puissamment anti-occidental , et qui augure de ce fait un nouvel ordre mondial où il prétendrait vivre en autarcie en se soustrayant aux obligations du droit international.
Des alliés régionaux
Tour à tour, LʼEgypte, lʼIrak et lʼIran ont tenté de prendre le leadership du monde musulman, mais tous ces Etats ont échoué et ont connu la guerre civile. La Turquie est restée plus discrète , sans doute parce quʼ Elle a espéré jusque dans les années 2.000 pouvoir entrer dans lʼUnion Européenne. Lʼarrivée au pouvoir dʼun leader islamiste en Turquie en 2003 , Recep Erdogan, a marqué une rupture dʼavec cette politique dʼattente. La collaboration entre les fractions armées islamistes du Proche Orient a été mise en oeuvre par le Erdogan. Lʼ”Etat Islamique” bénéficie donc dʼune complicité, sinon dʼune aimable neutralité, de la part de la Turquie depuis 2003.
On évoque également une complicité de la part de certains émirats du golfe et peut-être même de la part de lʼArabie Saoudite qui est pourtant lʼallié principal des USA . Cette sympathie envers le djihad irakien est impressionnante. Lʼarmée islamique après sʼêtre installée en Irak et en Syrie, espère donc avancer jusquʼen Egypte et plus loin encore, là où de nombreux groupes islamistes radicaux entretiennent la guerre civile contre les régimes démocratiques issus du “printemps arabe”. Cependant lʼarmée islamique devra contourner la Jordanie et Israël considérés comme imprenables et passer au sud par lʼArabie Saoudite pour atteindre le canal de Suez.
“En Libye aussi… Dʼaprès des informations confirmées en provenance de Libye, les milices islamistes ont recours au viol systématique des femmes et des jeunes filles, forçant des centaines de familles à fuir le pays. Ces miliciens armés profitent de lʼanarchie totale régnant en Libye pour organiser de véritables descentes punitives visant les maisons de gens sʼétant exprimés pour le retrait des armes en Libye et le retour de la paix civile. Dans la majorité des cas signalés, les miliciens islamistes ont procédé au viol des femmes et mêmes de petites filles devant les membres de leurs familles. Cette situation serait surtout le fait de milices islamistes alliés de Misrata, une ville portuaire de facto émirat autonome, laquelle ville est devenue la plus détestée de toute la Libye. Des centaines de familles libyennes ont fui leurs villes et pris le chemin de lʼexode. La plupart sont parties en Tunisie (2 millions de réfugiés) ou tentent de sʼétablir en Algérie; au Pakistan, en Malaisie et même en Indonésie. Toutes racontent ces méfaits des milices islamistes en Libye.
Et, naturellement, en Arabie Saoudite, gardienne des « lieux saints » par une politique malsaine… Le mois dernier, un groupe d’extrémistes islamistes radicaux basés au Moyen-Orient a décapité au moins 23 personnes et appliqué une interdiction contre le christianisme par l’arrestation d’un groupe de personnes pour la pratique de leur foi dans une maison privée. Non, il ne s’agit pas dʼISIS, mais du royaume d’Arabie saoudite. Malgré tout cela Human Rights Watch note que L’Arabie saoudite est un allié clé des Etats-Unis et les pays européens. Les États-Unis n’ont pas critiqué publiquement les violations saoudiennes des droits de l’homme, sauf dans les rapports annuels. Certains membres du Congrès américain ont exprimé leur scepticisme sur les priorités de la politique saoudienne. Les États-Unis ont conclu un contrat de $ 60 milliards de vente d’armes à l’Arabie saoudite, leur plus grand contrat comme jamais à ce jour «
( http://numidia-liberum.blogspot.fr/2014/09/islamisme-et-esclavage-sexuel-lecomble.html )
Le grand empire
Dans lʼhypothèse où lʼarmée islamique parviendrait au golf dʼAqaba , profitant du ralliement des groupes armés et de lʼallégeance spontanée des peuples, le sort de lʼEgypte serait rapidement scellé. Ce pays est en effet en proie à une guerre civile très active depuis 2011 marquée par lʼaccession au Pouvoir du religieux Mohamed Morsi allié aux “Frères musulmans”. Aujourdʼhui le parti des Frères musulmans est en fuite mais il représente encore plus de 20% de la population. Lʼarmée islamique bénéficierait donc de nombreux soutiens. Dans cette hypothèse lʼEtat Islamique sʼétendra rapidement jusquʼau Maroc et la Mauritanie, en quelques années seulement ; ceci bouleversera lʼéquilibre du monde. Il est possible que lʼEtat Islamique (Daesh) , profitant des guerres civiles installées depuis les “printemps arabes” de 2008-2010, bénéficie dʼun large soutien des populations qui aspirent à la paix civile. Dans cette hypothèse, lʼempire sʼétendrait finalement jusquʼau Maroc, et au-travers de la méditerranée jusquʼen Iran.
On constate que lʼexpansion revendiquée par lʼEtat islamique dʼIrak et du Levant reproduirait lʼempire musulman du 9 ème siècle, à lʼapogée de la dynastie des Omeyyades. Cette expansionnisme nʼest donc pas nouveau. Deux autres phases expansionnistes musulmanes ont eu lieu par la suite : lʼempire mongole (1206-1294) , et lʼempire ottoman (1699-1914). LʼEurope a donc connu par le passé des phases dʼexpansion brutale de lʼempire musulman. Elle devrait en conséquence se résoudre , une fois encore, à bien sécuriser ses frontières sud et sans doute à créer une sorte de rideau de fer entre les deux rives de la méditerranée. Cette situation nouvelle aurait deux conséquences importantes:
1°) une remilitarisation de lʼEurope sera nécessaire, comme au temps de la guerre froide avec lʼURSS. Elle assurera lʼ intégrité territoriale de lʼUnion européenne.
2°) une séparation plus marquée des cultures de part et dʼautre de la méditerranée: la minorité musulmane dʼEurope se verra dans la nécessité de sʼidentifier davantage dans le modèle social et moral européen ou à défaut de retourner au pays. Cette européanisation de la minorité musulmane créera de fait un Islam nouveau, moins radical et plus conforme avec le contrat social européen où il serait pratiqué. On en voit dès à présent les tous premiers effets avec notamment la création de quelques mosquées pour homosexuels en Europe.
Les conquêtes Arabes et la diffusion de l’Islam
lʼempire musulman au 9ème siècle: (http://le-lutin-savant.com/g-moyen-age-geograhie.html)
recomposition sociale
En outre, le rideau de fer méditerranéen stoppera brutalement lʼimmigration musulmane en Europe. LʼEtat islamique se comportera comme un Etat totalitaire et nʼautorisera plus les flux migratoires vers lʼEurope. Il se développera alors en Europe une culture musulmane originale qui se distinguera de lʼIslam radical des pays du sud. Ce nouvel Islam humaniste sera sans doute assez proche de lʼIslam tolérant du Royaume mosarabe dʼAndalousie. Lʼarrêt des flux migrants permettra en effet à lʼEurope de reprendre ses programmes dʼintégration et dʼassimilation culturelle des populations musulmanes récemment arrivées, et de maintenir une vie sociale laïque et égalitaire qui est constitutive du modèle social européen.
La carte du monde déployée par le mouvement daesh prévoit un empire qui réinstalle et agrandit lʼempire musulman du califat de la Mecque et de Médine de 632 à 661 puis celui des Omeyyades de Damas de 661à 750. Il nʼy a rien ici de nouveau mais une volonté de restauration de lʼancien empire , un retour aux origines du monde musulman. Il faut remarquer également la rapidité de lʼextension de cet empire originel: un siècle seulement entre la mort du prophète Mohamed et la bataille de Poitiers en 732. Le Djihad a su développer une façon très particulière faire la guerre qui a surpris par trois fois les puissances européennes ou asiatiques. Cʼest peut-être ce qui se prépare en ce moment. Il est probable que lʼEtat Islamique sʼinstallera avec la même vitesse sur la rive sud de la méditerranée. Le contexte politique sʼy prête tout-à-fait. Cette invasion par une armée “non-régulière” et fortement motivée créé dès à présent une situation non conventionnelle ; mais elle rappelle les modes de progression des armées arabes des 7 ème et 8 ème siècles, mais aussi celles de la seconde invasion musulmane par Gengis Khan ou celle de lʼempire ottoman.
LʼEurope doit donc se préparer à résister à un tel affrontement , et de ce point de vue la situation actuelle de lʼEtat dʼIsraël préfigurerait ce que serait lʼEurope dans 10 ans si le succès de lʼ Etat Islamique se poursuit.
D.Persoons
addendum:
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